01 juillet 2016
Ce dernier entend serrer la vis
Ce dernier; maître ou docteur pour un député; maître ou docteur pour un ministre; avocat ou médecin député; avocat ou médecin ministre.
- Pour contrer ce qu’il qualifie d’« obstruction » à l’aide à mourir, le ministre de la Santé, le Dr Gaétan Barrette, a pris les grands moyens au CHUM pour mettre au pas les médecins et réclame que les demandes des patients ne transitent plus par ces professionnels, mais plutôt par le reste du personnel soignant. Ce dernier entend aussi serrer la vis au Centre universitaire de santé McGill [...]
(Isabelle Paré, dans Le Devoir du 29 juin 2016.)
1. La journaliste semble prêter au reste du personnel soignant des intentions quelque peu étonnantes. Le contexte nous éclaire, heureusement :
Pour contrer ce qu’il qualifie d’« obstruction » à l’aide à mourir, le ministre de la Santé, le Dr Gaétan Barrette, a pris les grands moyens au CHUM pour mettre au pas les médecins et réclame que les demandes des patients ne transitent plus par ces professionnels, mais plutôt par le reste du personnel soignant. Il entend aussi serrer la vis au Centre universitaire de santé McGill [...]
Il faut se garder d'employer ce dernier sans s'être assuré qu'il désigne bien l'élément de même genre et de même nombre le plus rapproché.
2. Je dois faire observer, par ailleurs, que « les députés, qu'ils soient ministres ou non, ne portent pas leurs titres professionnels (Docteur, Maître) dans le cadre de leur activité parlementaire » (Le français au bureau, ouvrage de l'Office québécois de la langue française, sixième édition).
Line Gingras
Québec
« Barrette intervient pour mater les médecins du CHUM » : http://www.ledevoir.com/societe/sante/474435/obstruction-...
Traductrice agréée anglais-français, j'offre des services de révision comparative et de révision linguistique.
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
20:14 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 juin 2016
Sans n'avoir jamais...
- Un pari pour le moins risqué, le dessinateur devant scénariser et illustrer en un mois le parcours d’une réfugiée syrienne en à peine huit pages sans n’avoir jamais mis les pieds sur les lieux de l’histoire.
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 13 février 2016.)
D'après ce que je vois dans le Grand Robert et dans le Trésor de la langue française informatisé, on ne met pas la négation ne devant un infinitif introduit par la préposition sans :
La princesse prétendait se connaître en musique; elle l'aimait fort, sans avoir jamais su faire de différence entre la bonne et la mauvaise. (R. Rolland dans le Grand Robert, à l'article « différence ».)
Beaucoup de ces jeunes soldats arrivaient de Toulon, de Rochefort, ou de Brest, à peine instruits, sans avoir jamais fait le coup de feu; et depuis le matin, ils se battaient avec une bravoure, une solidité de vétérans. (Zola dans le Grand Robert, à l'article « inaccoutumance ».)
J'étais habitué à la voir dans cette maison, comme on voit les vieux fauteuils de tapisserie sur lesquels on s'assied depuis son enfance sans y avoir jamais pris garde. (Maupassant dans le Grand Robert, à l'article « tapisserie ».)
Il dessinait et peignait très agréablement, sans avoir jamais appris. (Montherlant dans le Trésor, à l'article « agréablement ».)
Le cœur de la malheureuse fillette [...] avait donc résorbé silencieusement ses peines, sans avoir jamais pu se barricader ni s'endurcir. (Bloy dans le Trésor, à l'article « endurcir ».)
Vieillir [...] sans avoir jamais savouré le délicieux plaisir des baisers dérobés [...] (Maupassant dans le Trésor, à l'article « galant ».)
Il fallait écrire :
Un pari pour le moins risqué, le dessinateur devant scénariser et illustrer en un mois le parcours d’une réfugiée syrienne en à peine huit pages sans avoir jamais mis les pieds sur les lieux de l’histoire.
Line Gingras
Québec
« "Salima, d’Alep à Joliette", une bédé pour raconter les réfugiés » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/462...
Traductrice agréée anglais-français, j'offre des services de révision comparative et de révision linguistique.
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 juin 2016
Les représentants de la colère?
- [...] l’Union européenne, où gronde la colère des peuples. Celle des Grecs qu’on a saignés à blanc après leur avoir offert sur un plateau d’argent un crédit illimité, celle des Français à qui l’on impose la privatisation des chemins de fer contre la volonté de ses représentants élus [...]
(Christian Rioux, dans Le Devoir du 25 juin 2016.)
Ses représentants? S'agirait-il donc des représentants de la colère, ou encore de la privatisation? Il me semble qu'on veut parler, plutôt, des représentants des Français :
[...] l’Union européenne, où gronde la colère des peuples. Celle des Grecs qu’on a saignés à blanc après leur avoir offert sur un plateau d’argent un crédit illimité, celle des Français à qui l’on impose la privatisation des chemins de fer contre la volonté de leurs représentants élus [...]
Line Gingras
Québec
« Le réveil des vieilles nations » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Traductrice agréée anglais-français, j'offre des services de révision comparative et de révision linguistique.
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias