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10 septembre 2010

Saint-Raymond est en deuil

Augustine Plamondon; organiste; Saint-Raymond de Portneuf.

Saint-Raymond est en deuil : madame Augustine Plamondon, je viens de l'apprendre, est morte le mardi matin 7 septembre, à l'âge de cent deux ans et huit mois. Je ne pourrai jamais vous dire tout ce qu'elle a été pour moi. J'écrivais à son sujet, il y a cinq ans :

[...] cette femme d’exception, qui m’a enseigné la musique – et inculqué l’amour du beau, la dignité de l’être humain – comme à plusieurs générations d’enfants de mon village, c’est madame Augustine Plamondon. Vous l’avez peut-être déjà vue, même vous qui me lisez des vieux pays; car elle a donné des leçons de piano au parolier Luc Plamondon, lorsqu’il était petit, et il est resté attaché à mademoiselle Augustine. Peu de gens auront marqué aussi profondément qu’elle, et sur une aussi longue période (elle a tenu l’orgue Casavant de Saint-Raymond pendant plus de soixante-dix ans), la vie de leur communauté.

Line Gingras
Québec

http://laplumeheureuse.canalblog.com/archives/2005/09/14/806385.html

14:50 Publié dans Chant choral, C'était hier | Lien permanent | Tags : musique, québec

24 juillet 2009

Anniversaires

Charles de Gaulle; Jacques Cartier; croix de Gaspé; 24 juillet; chemin du Roy; Vive le Québec libre!

Quelques anniversaires aujourd'hui.

Le 24 juillet 1534, il y a quatre cent soixante-quinze ans, Jacques Cartier plantait à Gaspé une croix haute de trente pieds, portant l'inscription Vive le Roy de France.

Le 24 juillet 1967, Charles de Gaulle, désireux semble-t-il d'effacer une dette de la France à l'égard du Québec, lançait son fameux Vive le Québec libre! du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, devant la foule massée sur la place... Jacques-Cartier.

Le choix de la date me paraît significatif : de Gaulle, ancien professeur d'histoire à l'école militaire de Saint-Cyr, s'intéressait beaucoup au rôle qu'avait joué la France en Amérique. La veille, soit le 23 juillet 1967, il était arrivé à Québec sur le croiseur français Colbert, à bord duquel il avait remonté le Saint-Laurent – comme Jacques Cartier avant lui... Le 24, il avait gagné Montréal en suivant le chemin du Roy.

Ça n'a aucun rapport avec ces faits historiques, mais toujours est-il que, le 24 juillet 1967, j'ai eu douze ans.

Line Gingras
Québec

23:55 Publié dans C'était hier | Lien permanent | Tags : québec, histoire, de gaulle

22 mars 2008

Eau de Pâques

En raison des difficultés techniques dont je vous dis un mot dans ma note du 29 février, vous trouverez ce billet à l'adresse suivante : http://chouxdesiam.canalblog.com/archives/2008/03/22/8427....

24 septembre 2006

Pérorer quelque chose

Pérorer, verbe transitif ou intransitif; grammaire française; syntaxe du français.

«... s'ils désirent continuer à se prétendre les remparts de la démocratie [...], comme on les entend si souvent le pérorer.» (Jean Robillard, philosophe et professeur de communication à TELUQ-UQAM.)

D'après le Petit Robert, le Lexis et le Multidictionnaire, pérorer est un verbe intransitif (c'est-à-dire n'admettant pas de complément d'objet) qui signifie «discourir, parler d'une manière prétentieuse, avec emphase» (Petit Robert) :

En se voyant écoutée avec extase, elle s'habitua par degrés à s'écouter aussi, prit plaisir à pérorer. (Balzac, dans le Petit Robert.)

Stein paradait, pérorait, distribuait des conseils, donnait des ordres, abusait, amusait infatigablement son monde. (Cendrars, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

À la terrasse du café, Gabriel, vidant sa cinquième grenadine, pérorait devant une assemblée. (Queneau, dans le Lexis.)

Le Trésor le reçoit cependant comme verbe transitif, au sens de «dire (quelque chose) avec emphase» :

M. Rezeau remit une cartouche de 7 dans le canon droit de son vieux Damas et pérora : - Quand un lièvre vous part dans la culotte, il faut attendre pour le tirer et viser aux oreilles. (Bazin.)

Il n'est donc pas interdit de pérorer quelque chose, bien que ce ne soit sans doute pas la meilleure façon de se faire des amis.

* * * * *

Pérori, pérora...

Par la magie des sons et puisqu'aujourd'hui c'est dimanche, vous voici transporté dans le p'tit rang croche, devant la maison verte de mon enfance, à l'époque lointaine où nous avions quelques poules.

Ou peut-être que nous n'en avions plus. Mais il devait exister encore un poulailler, puisque ce matin-là, justement, je m'y étais glissée pour l'explorer.

Il faisait sombre et il y avait du foin. Et dans le foin, bien cachés, devinez quoi? un œuf, deux beaux œufs. Première fois que je ramassais des œufs. J'ai retroussé mon chandail, et fière de mon trésor je suis rentrée les offrir à grand-maman.

Et là, comme j'arrivais dans la cuisine, patatras!

Je n'y suis plus retournée.

Line Gingras
Québec

«Réflexe journalistique» : http://www.ledevoir.com/2006/09/22/118760.html

16 février 2006

L'arrivée

Sur le pont de la Libertà j'avais somnolé un peu. Mais enfin j'étais arrivée, j'étais là avec ma valise, au milieu des autobus, des autocars, des voitures, au milieu de la foule; entre les stands, entre les branches, des pans de lumière s'effilochaient dans l'eau.

Quelques marches. À côté, un marchand de saucisses. J'ai eu faim tout à coup. Au bord de l'eau, debout, j'ai mangé. Tant d'activité, tant de va-et-vient, tant de bateaux! Tant de bruits, et ce silence pourtant, infini! Tous ces palais, ces maisons, ces églises comme des bouées, comme des phares, comme des destinations lointaines, des terres inconnues...

La vie, j'ai laissé ma vie au pied de ces marches.

Line Gingras
Québec

01 septembre 2005

Dans Venise la rouge...

Mardi, trois jours avant mon départ. Il est grand temps d’aller revoir Torcello, mirage du nord de la lagune, première Venise abandonnée depuis des siècles dans ses marécages, où s’est mariée la fin de semaine dernière* une princesse grecque, dans la très vieille cathédrale Santa Maria Assunta. J’imagine sa robe blanche dans les odeurs des champs cuisant au soleil. J’imagine les motoscafi défilant sur le ruban d’eau que longe le sentier revêtu, les têtes des passagers s’inclinant sous le pont du Diable, les paysans courbés au loin sur leurs asperges. J’imagine le pavement de mosaïques ondulant sous les souliers cirés, et la patiente Madone dans son nimbe doré. J’imagine les garçons s’affairant à la locanda Cipriani, et encore, entre la masse du campanile et le trône d’Attila, les photographes et le service de sécurité piétinant dans l’herbe, et puis la voix de la grosse cloche…

Me voici donc dans la motonave de la nouvelle ligne 14, qui m’amènera vers l’île magique à partir de l’arrêt San Zaccaria, plus ou moins en face du palais des Doges. C’est dire que j’ai une vaste compagnie : Vénitiens du Lido ou de Punta Sabbioni (où je dois prendre un deuxième bateau), Italiens de la terre ferme, campeurs et autres touristes, dont un groupe de tout jeunes Américains fort excités. Beaucoup de monde, encore plus de bruit. Enfin nous partons; nous quittons Venise comme les marins de jadis, et la vue, cela va de soi… Mais je note bientôt que le ciel de la lagune n’est pas du bleu rosé auquel m’ont habituée mes excursions des séjours précédents. Plutôt gris, le ciel; de plus en plus foncé aussi. Et puis, après le Lido, ne dirait-on pas qu’il tourne au violet? Et ces petits éclairs, viennent-ils vraiment d’un appareil photo? Nous approchons d’une longue jetée où courent des piétons, une bicyclette. Courez, courez, vite si vous le pouvez, parce qu’il se met à pleuvoir et que l’origine des éclairs ne fait plus de doute… ni pour moi ni pour les jeunes Américains, qui se mettent à hurler - s’ils ne riaient pas aussi, je serais moins tranquille. Vite nous devons nous abriter sous la demi-toiture, et nous restons là cinq minutes peut-être, fascinés par cette obscurité traversée maintenant de grands éclairs, et par le vent qui commence à nous glacer. Mais lorsque c’est vraiment l’averse il faut descendre à l’intérieur, et tous se jettent dans l’étroit escalier, au milieu toujours des hurlements qui couvrent le tonnerre.

Heureusement, nous arrivons à Punta Sabbioni. Tout le monde se précipite; je cherche la rampe et je vais le plus lentement que je peux, mais ce qu’il fait froid! Quelques arbres, près du bord, sont terriblement secoués. Par miracle l’abri peut tous nous accueillir, et il me semble que les Américains hurlent un peu moins fort. N’empêche, quasi trempée, je laisse Torcello à ses marécages, les adolescents à leur probable laryngite, et je rentre à Venise par le premier bateau. Le beau temps aussi. Mon excursion, je la fais le lendemain, au départ cette fois des Fondamente Nuove, par le bateau de la ligne 12 : paix sur la lagune.

Mais je ne résiste pas au plaisir de raconter mon aventure aux jeunes hommes qui tiennent l’albergo San Samuele, et à la première occasion je mets à l’épreuve la patience de mes hôtes, faisant étalage de mon italien plus que vacillant, insoucieux des conjugaisons, de l’emploi tout particulier du subjonctif et de bien d’autres bagatelles encore. Je les entretiens donc, comme s’ils n’avaient jamais rien vu ni entendu de pareil, du ciel’ oscuro della laguna, du vento terribile, de la pioggia forte, des urli dei giovani Americani et des… lamponi, attraversando il cielo della laguna. Lamponi, j’insiste! Pourquoi donc se regardent-ils d’un air interdit, pourquoi se mettent-ils à rire, timidement mais quand même? De lamponi, je n’en ai point vu, prétendent-ils, pas dans le ciel en tout cas - parce que les lamponi ne sont pas de grossi lampi, comme je le crois naïvement, et qu’ils n’ont pas l’habitude de traverser le ciel. Les lamponi, on les trouve communément, à Venise, au comptoir des gelaterie : je devrais bien le savoir, puisque j’ai savouré, juste hier, un gelato aux framboises.

Dans Venise la rouge, les éclairs seront désormais de la bonne couleur.

Line Gingras
Québec

* Le mariage en question a été célébré à l'été de 1998.

Aperçu de Torcello : http://www.brunette.brucity.be/pagodes1/Venise/torcello.htm

31 août 2005

Le lion rouge, la grand-mère et l'enfant

L’histoire que je vais vous raconter, c’est une histoire très ordinaire. D’abord elle se passe à Venise - un lieu connu, Venise; des centaines de milliers de pieds de touristes y vont chaque année, des centaines de milliers de bouches de touristes en parlent : ça pue, c’est sale, c’est vieux, c’est bondé, y a rien que des vitrines; et on attend des heures pour entrer dans la basilique, et encore autant pour le palais des doges; et on se fait voler, et on paie une fortune pour un cappuccino sur la place Saint-Marc.

Vous ne suivrez jamais ces pieds-là, j’espère…; et certes vous écouterez gentiment, avec un petit sourire discret, la complainte des pauvres visiteurs qui en un jour ont bien vu et tant aimé Venise et ses gondoles - mais vous aurez des doutes.

Vous irez à Venise, à votre tour, seul ou en belle compagnie, en partie pour rendre visite aux deux lions rouges de la piazza (n’allez pas la manquer, il n’y en a qu’une). Deux vieux lions fatigués, sereins et patients comme la pluie. Qui ne sauraient prétendre garder la place, tellement ils ont l’air inoffensifs. La preuve qu’ils le sont vraiment, c’est qu’ils ne font même pas mine de vouloir chasser les pigeons. Non; ils regardent, ils attendent, ils écoutent, ils supportent. Les enfants les aiment, et tous les jours il y en a des dizaines qui leur grimpent sur le dos. Ils se laissent faire. Ils en ont vu d’autres.

C’était un après-midi. J’avais beaucoup marché. J’arrivais je ne sais d’où, étourdie de soleil et de solitude, émergeant du silence. Sur la place, d’abord les violons, une clarinette; un piano. Deux airs, trois airs à la fois. Ensuite les pigeons. Et puis la rumeur d’un millier de voix. Une euphorie de lumière, de musique et de plumes, un envol jusqu’au sommet du campanile, et l’œil qui se pose enfin sur les blancheurs de la basilique. La joie. Comme on est grand et libre et puissant sur la place, quand on s’avance au beau milieu!

Les lions sont au bout, un peu à l’écart. J’aime à caresser au passage leur flanc usé, luisant, doux au toucher, à leur télégraphier un mot d’amitié, d’encouragement : Dieu sait combien de temps ils ont encore à rester là. Je leur souhaite des enfants bien élevés, qui s’asseoient sur eux bien sagement et ne leur donnent pas de coups de pied. Mais qu’est-ce que je sais de leur vie? Est-ce que je sais seulement s’ils s’ennuient ou s’ils s’amusent de nous voir passer? Est-ce que je sais où ils vont la nuit, pour dormir?

Ce jour-là, seul le lion de gauche était occupé. Un garçon aux cheveux blonds, huit ans peut-être. Tranquille en apparence. Un rien de distingué. En fait il n’était plus sur la place, mais très haut, très loin, à galoper dans les nuages, vers les étoiles. Explorateur ou conquérant; un regard de rêveur, de visionnaire. Le lion n’aurait pu souhaiter cavalier plus heureux ni plus digne. Le garçon n’était pas seul. Derrière le lion, debout, se tenait la grand-mère, svelte dans sa robe bleue, une main légère sur l’épaule du petit le protégeant dans ses aventures, le rappelant au monde d’en bas. Elle aussi était ailleurs. Mais dans quelle affligeante contrée de chagrins, deuils et déceptions, je serais bien incapable de le dire…; et d’ailleurs je ne voudrais pas l’y suivre.

Line Gingras
Québec

Pauvre lion... : http://www.jwoodhouse.co.uk/venice/venice131.htm

29 août 2005

Au mont Laura - Le mot de l'énigme

Quelques explications sur le texte du 28 août, plus bas

Le 18 juin dernier, c'étaient les Retrouvailles pour les anciens élèves des écoles de Saint-Raymond qui ont 50 ans aujourd'hui (les élèves, pas les écoles). Quelle ambiance au centre communautaire! Beaucoup ne s'étaient pas revus depuis l'école secondaire - moi, ça remontait à l'école primaire.

Avant le souper on nous a fait monter dans des autobus scolaires, et nous sommes allés prendre un cocktail sur le mont Laura. Quand j'étais petite, il y avait là une chapelle, avec une croix et un grand «M» illuminés la nuit. Depuis, on a aménagé des sentiers, un belvédère. (La chapelle est toujours là; pour le «M» et la croix, je n'ai pas remarqué.)

Il y a sept ans, à l'époque où j'habitais encore à Ottawa, j'étais venue passer une fin de semaine à Saint-Raymond, pendant l'été. Mes parents voulaient me montrer ce qu'on avait réalisé au mont Laura. Une fois là-haut, mon père et moi nous avons marché un peu dans les sentiers. Ma mère - fatigue, mal aux jambes - est restée dans la voiture. J'étais déçue, bien sûr, et vaguement inquiète. Ça m'attristait de la laisser ainsi. Mais elle y tenait, à ce que je voie les sentiers.

Je ne savais pas qu'elle avait un cancer, que dans quelques mois elle serait morte. Elle, peut-être qu'elle s'en doutait.

Et donc, le 18 juin, pendant que nous rigolions tous devant la chapelle, les amis, les camarades d'autrefois, faisant la vie dure au photographe, je voyais aussi, derrière le photographe, un peu à droite, le fantôme de la voiture avec ma mère dedans.

Choubine

Site de la Ville de Saint-Raymond : http://www.ville.st-raymond.qc.ca/accueil.asp?no=21839

23:45 Publié dans C'était hier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : souvenirs

27 août 2005

Au mont Laura

Au mont Laura
C'est la fête
Avec les amis
De quand on était petits

On est heureux
On se retrouve
On domine le village
D'ici

Mais vous ne la voyez pas
C'est normal
Tout le monde regarde le photographe
Tout le monde rit
Moi aussi
Vous ne la voyez pas

Il y a au bord
Depuis tout ce temps
Une voiture
Un fantôme de voiture
Avec ma mère dedans
Et elle attend, ma mère
Elle attend
Seule avec son cancer
Que mon père et moi nous revenions de promenade

Choubine

Quelques images du comté de Portneuf : http://tourisme.portneuf.com/fr/site.asp?page=element&nIDElement=825