Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

24 septembre 2005

1984, même jour

Est-ce les pigeons, la brume ou la lumière, je ne vois plus mon chemin… Aussi je reste immobile et j’attends, mais le temps ne passe plus.

Choubine

13:00 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise

07 septembre 2005

J'ai marché dans Venise

J'ai marché dans Venise embuée de lumière
J'ai suivi le chat noir qui veillait en rêvant
Dans les rues montueuses caressées des vents
Où frémissait l'accent des heures singulières

J'ai contemplé l'eau morte où remuaient les pierres
Au gré du silence et des voix se balançant
Graciles danseuses portant le masque blanc
Des nuits indéfinies que recouvre le lierre

Venise aux doigts légers voletant sur les îles
Venise dérobée vous épiant sous les ponts
Dans l'ombre hallucinante des soieries subtiles

Frêle et troublante Venise aux paupières tendres
Aux mondes endormis où l'on voudrait descendre
Tenant serré la main de crânes enfants blonds

Line Gingras
Québec

Les canaux de Venise : http://www.campiello-venise.com/visite_rapide/suites_venitiennes/les_canaux_de_venise_1.htm

17:45 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise, poème, poésie

03 septembre 2005

Est-ce que Mose suffira?

Depuis bien longtemps, on prédit que Venise, un jour, sera engloutie. Une vague gigantesque l'anéantira.

L'enfoncement de la ville, la montée des eaux, les inondations fréquentes le font craindre de plus en plus. Phénomènes naturels, en partie, mais attribuables aussi à l'intervention humaine, responsable de leur accélération : industries très polluantes à proximité, présence de grands navires... - des scientifiques vous expliqueraient tout cela bien mieux que je ne puis le faire.

Si seulement ils s'entendaient, eux, sur les causes du mal et sur les moyens d'y remédier.

La réalisation du projet Mose, dont on parle depuis de nombreuses années et qui prévoit la construction d'une série de digues mobiles, sera-t-elle la solution, ou du moins un début de solution?

En lisant les comptes rendus de la catastrophe qui vient de s'abattre sur La Nouvelle-Orléans, et qui semble-t-il avait été prédite avec une exactitude accablante par des spécialistes, dans le vain espoir que les autorités gouvernementales prendraient à temps les mesures appropriées, je l'espère; je l'espère très fort.

Je refuse qu'une autre Katrina soit la fin de Venise. Je ne veux pas d'une troisième Pompéi.

Line Gingras
Québec

Analyse du projet Mose : http://www.enpc.fr/enseignements/Legait/projet/MEI-2003/Mose/Dossier/contexte.htm

04:40 Publié dans Ah! Venise | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Venise

01 septembre 2005

Dans Venise la rouge...

Mardi, trois jours avant mon départ. Il est grand temps d’aller revoir Torcello, mirage du nord de la lagune, première Venise abandonnée depuis des siècles dans ses marécages, où s’est mariée la fin de semaine dernière* une princesse grecque, dans la très vieille cathédrale Santa Maria Assunta. J’imagine sa robe blanche dans les odeurs des champs cuisant au soleil. J’imagine les motoscafi défilant sur le ruban d’eau que longe le sentier revêtu, les têtes des passagers s’inclinant sous le pont du Diable, les paysans courbés au loin sur leurs asperges. J’imagine le pavement de mosaïques ondulant sous les souliers cirés, et la patiente Madone dans son nimbe doré. J’imagine les garçons s’affairant à la locanda Cipriani, et encore, entre la masse du campanile et le trône d’Attila, les photographes et le service de sécurité piétinant dans l’herbe, et puis la voix de la grosse cloche…

Me voici donc dans la motonave de la nouvelle ligne 14, qui m’amènera vers l’île magique à partir de l’arrêt San Zaccaria, plus ou moins en face du palais des Doges. C’est dire que j’ai une vaste compagnie : Vénitiens du Lido ou de Punta Sabbioni (où je dois prendre un deuxième bateau), Italiens de la terre ferme, campeurs et autres touristes, dont un groupe de tout jeunes Américains fort excités. Beaucoup de monde, encore plus de bruit. Enfin nous partons; nous quittons Venise comme les marins de jadis, et la vue, cela va de soi… Mais je note bientôt que le ciel de la lagune n’est pas du bleu rosé auquel m’ont habituée mes excursions des séjours précédents. Plutôt gris, le ciel; de plus en plus foncé aussi. Et puis, après le Lido, ne dirait-on pas qu’il tourne au violet? Et ces petits éclairs, viennent-ils vraiment d’un appareil photo? Nous approchons d’une longue jetée où courent des piétons, une bicyclette. Courez, courez, vite si vous le pouvez, parce qu’il se met à pleuvoir et que l’origine des éclairs ne fait plus de doute… ni pour moi ni pour les jeunes Américains, qui se mettent à hurler - s’ils ne riaient pas aussi, je serais moins tranquille. Vite nous devons nous abriter sous la demi-toiture, et nous restons là cinq minutes peut-être, fascinés par cette obscurité traversée maintenant de grands éclairs, et par le vent qui commence à nous glacer. Mais lorsque c’est vraiment l’averse il faut descendre à l’intérieur, et tous se jettent dans l’étroit escalier, au milieu toujours des hurlements qui couvrent le tonnerre.

Heureusement, nous arrivons à Punta Sabbioni. Tout le monde se précipite; je cherche la rampe et je vais le plus lentement que je peux, mais ce qu’il fait froid! Quelques arbres, près du bord, sont terriblement secoués. Par miracle l’abri peut tous nous accueillir, et il me semble que les Américains hurlent un peu moins fort. N’empêche, quasi trempée, je laisse Torcello à ses marécages, les adolescents à leur probable laryngite, et je rentre à Venise par le premier bateau. Le beau temps aussi. Mon excursion, je la fais le lendemain, au départ cette fois des Fondamente Nuove, par le bateau de la ligne 12 : paix sur la lagune.

Mais je ne résiste pas au plaisir de raconter mon aventure aux jeunes hommes qui tiennent l’albergo San Samuele, et à la première occasion je mets à l’épreuve la patience de mes hôtes, faisant étalage de mon italien plus que vacillant, insoucieux des conjugaisons, de l’emploi tout particulier du subjonctif et de bien d’autres bagatelles encore. Je les entretiens donc, comme s’ils n’avaient jamais rien vu ni entendu de pareil, du ciel’ oscuro della laguna, du vento terribile, de la pioggia forte, des urli dei giovani Americani et des… lamponi, attraversando il cielo della laguna. Lamponi, j’insiste! Pourquoi donc se regardent-ils d’un air interdit, pourquoi se mettent-ils à rire, timidement mais quand même? De lamponi, je n’en ai point vu, prétendent-ils, pas dans le ciel en tout cas - parce que les lamponi ne sont pas de grossi lampi, comme je le crois naïvement, et qu’ils n’ont pas l’habitude de traverser le ciel. Les lamponi, on les trouve communément, à Venise, au comptoir des gelaterie : je devrais bien le savoir, puisque j’ai savouré, juste hier, un gelato aux framboises.

Dans Venise la rouge, les éclairs seront désormais de la bonne couleur.

Line Gingras
Québec

* Le mariage en question a été célébré à l'été de 1998.

Aperçu de Torcello : http://www.brunette.brucity.be/pagodes1/Venise/torcello.htm