14 novembre 2006
Pugnace
On me demande ce que je pense de l'adjectif pugnace :
Son caractère pugnace la fait craindre de tous.
Il faut se montrer pugnace pour s'imposer dans ce milieu.
C'est un mot que je ne rencontre pas souvent; apparemment il ne serait pas toujours compris, quoique le lien avec poing, pugilat me semble assez net. (Cela tient peut-être à sa prononciation : j'apprends que le gn se prononce comme dans huguenot, et non pas comme dans poignée.)
Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, pugnace appartient à la langue littéraire; il signifie «qui aime le combat, la polémique» (Petit Robert) :
Des orateurs aussi pugnaces qu'éloquents. (Multidictionnaire.)
Une nature polémique et infatigablement pugnace. (Sainte-Beuve, dans le Lexis.)
La nature prudente de M. de Saci n'était pas sans quelque méfiance de la nature pugnace d'Arnauld, et il l'aurait voulu tempérer. (Sainte-Beuve, dans le Trésor.)
Certains voudront peut-être le remplacer par combatif, d'utilisation plus courante :
Cette timidité pratique leur laisse une humeur si peu combative... (Mounier.)
Notons à ce propos qu'il y a hésitation sur la graphie; le Petit Robert, par exemple, fait observer (à l'article «combatif») que l'on écrirait mieux combattif.Line Gingras
Québec
23:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
Commentaires
Il y a bien un flottement dans la prononciation. La forme soutenue est en effet avec le gn de gnou, gnose, et non avec le gn d'agneau, d'oignon. Mais on entend le plus souvent cette dernière, ce qui entraîne parfois l'abandon du g (punace) un peu comme dans maligne-maline. Le problème a deux sources.
a) Les graphies de mots gréco-latins savants correspondent parfois à la prononciation du latin ou du grec, comme ici. Mais elles sont souvent en conflit avec les conventions du français (que l'on songe au cas de l'archévêque et de l'archonte avec k, ou de l'œuf et de l'œdème avec é).
b) Le français européen avait une consonne ñ, n mouillé, jusqu'à la fin du XIXe s., comme en espagnol, catalan, portugais. Cette consonne n'a plus été maintenue que dans des milieux cultivés et dans quelques régions, à la campagne (le cas du l mouillé est identique). Le résultat, c'est que soit on passe à l'approximante yod (n+j en écriture phonétique), soit à la voyelle i (ni, ani-o, oni-õ chez certains), soit encore on dépalatalise le tout et on ne conserve plus que la consonne nasale n. Bref, c'est un peu la confusion.
Écrit par : Dominique | 15 novembre 2006
Je préfère "pugnace" à "combatif", personnellement. Parce qu'on y sent bien le latin (pugno, pugnare) (chacun ses faiblesses!) et peut-être aussi parce qu'on sent que c'est un mot plein de "poigne"!
Écrit par : Danaée | 15 novembre 2006
Voilà! C'est un mot qui te ressemble, alors, Danaée : http://soleilentete.canalblog.com/
Je crée à l'instant un comité de défense de l'adjectif «pugnace», dont je te nomme la présidente d'honneur.
Écrit par : Choubine | 15 novembre 2006
Combattif avec deux "t". C'est nouveau ça !
Écrit par : Bailili | 15 novembre 2006
Pugnace, pas joli mais percutant, je l’aime bien aussi et j'adhère au comité de défense...
Écrit par : Etolane | 16 novembre 2006
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