13 janvier 2012
Décerner une saveur
Décerner et déceler; décerner et discerner; paronymes.
- Il y a même des gens qui ont cru y décerner certaines saveurs libérales, vous savez, le p'tit arrière-goût de feuille d'érable?
(Richard Martineau, dans Le Journal de Montréal du 12 janvier 2012.)
Décerner quelque chose, c'est l'attribuer, l'accorder à quelqu'un :
Décerner un prix, un diplôme à quelqu'un. (Petit Robert.)
Monsieur Martineau a sans doute voulu dire déceler, qui peut signifier « découvrir, mettre en évidence (ce qui était celé, caché) » (Petit Robert) :
Déceler un secret, une intrigue, les intentions de quelqu'un. (Petit Robert.)
On a décelé des traces d'arsenic dans les cheveux de la victime. (Lexis.)
Dans le texte daté du jeudi 3 juillet, j'ai décelé une importante lacune. (Butor, dans le Lexis.)
Henri Becquerel [...] va prouver [...] que l'absence de lumière solaire ne supprime pas l'émission par les sels d'uranium d'un rayonnement mystérieux qu'il a décelé depuis peu... (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « depuis ».)
À moins qu'il n'ait confondu avec discerner (« percevoir distinctement ») :
[...] quand je sens un pot-pourri bien fait, je sens l'odeur du pot-pourri, et ne discerne pas celle de chaque fleur; quand j'entends un son, souvent je ne discerne pas chacun des sons harmoniques qui le composent... (Destutt de Tracy, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il pouvait écrire :
Il y a même des gens qui ont cru y déceler certaines saveurs libérales [...]
Il y a même des gens qui ont cru y discerner certaines saveurs libérales [...]
Line Gingras
Québec
« Chronique resto » : http://lejournaldemontreal.canoe.ca/chroniques/richardmar...
01:19 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias