14 novembre 2012
Le crime d'un citoyen britannique ou le meurtre d'un citoyen britannique?
- Au cours de la présente année, celui qu’on présentait comme le fils prodige du Parti, la star montante et le futur président de la Chine, il s’agit évidemment de Bo Xilai, a sombré pour une affaire d’argent sale augmentée d’un crime de sang, soit celui d’un citoyen britannique pour lequel l’épouse de Xilai a été condamnée [...]
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 10 novembre 2012.)
S'il est question d'un père accusé du meurtre de ses enfants, on sait très bien qu'il n'est pas accusé d'un meurtre que ses enfants auraient commis. De même, chacun sait que l'assassinat du président Kennedy n'est pas l'œuvre de ce président. Mais il en va différemment d'un crime; le crime de quelqu'un n'est pas perpétré contre lui, mais par lui :
Il apparaît, maintenant, que la terreur qu'on veut nous inspirer aurait pour unique résultat de laisser dans l'impunité les fautes et les crimes de ceux-là mêmes dont la fonction est de défendre la patrie. (Clemenceau dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « impunité ».)
J'avais lu, dans le journal, des histoires peu égayantes; le crime du jour était celui d'un conscrit ayant assassiné une vieille femme, sa bienfaitrice... (Frapié dans le Trésor, à l'article « égayant ».)
L'éditorialiste nous parle du crime de sang d'un citoyen britannique. Or, je m'en suis assurée par une recherche Google (articles parus dans les sites du Monde, du Figaro, du Nouvel Observateur, de La Presse, du Devoir), ce citoyen britannique a été tué par la femme de Bo Xilai; il n'est donc pas l'auteur d'un crime de sang pour lequel une innocente aurait été condamnée, contrairement à ce que laisse entendre la formulation de la phrase, mais la victime.
On aurait pu écrire :
[...] une affaire d’argent sale augmentée d’un meurtre, soit celui d’un citoyen britannique pour lequel l’épouse de Xilai a été condamnée [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Congrès du parti communiste chinois – Clans de la fraude » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
07:56 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias