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07 octobre 2006

Êtes-vous civique? de bon aloi?

Civique; de bon aloi; une personne civique; une personne de bon aloi; usage.

«Bégin reproche aussi à Ignatieff d'avoir sali les souverainistes québécois à l'étranger en les dépeignant [...] comme des nationalistes belliqueux et réactionnaires, alors que les nationalistes canadiens et britanniques, eux, seraient civiques et de bon aloi.» (Louis Cornellier.)

Civique se dit, d'après le Petit Robert, de ce qui est «relatif au citoyen» ou de ce qui est «propre au bon citoyen». D'après les cinq ouvrages généraux que j'ai consultés, cet adjectif ne peut pas figurer au nombre des qualités d'une personne, bien qu'il entre dans le terme garde civique, désignant la «garde nationale» selon le Lexis («garde composée de citoyens», précise le Trésor de la langue française informatisé). Je l'ai trouvé, par contre, avec des noms comme droits, devoirs, courage, vertus, instruction, sens, esprit, zèle :

Mathieu se sentit accablé par une nuée de responsabilités civiques. (Sartre, dans le Lexis.)

La littérature est devenue sociale, humanitaire, éducatrice, même pis : civique! (Léautaud, dans le Trésor.)

D'après le Multidictionnaire, le mot aloi se rencontre uniquement dans les locutions de bon aloi et de mauvais aloi : plaisanterie, luxe de mauvais aloi; succès, gaieté de bon aloi. Le Petit Robert consigne toutefois une variante avec le superlatif de bon :

Une gloire du meilleur aloi. (Caillois.)

Et le Trésor fait état d'un emploi, peu fréquent semble-t-il, où l'expression - à vrai dire une autre variante - se rapporte à une personne; il n'en cite qu'un exemple : homme de bas aloi, «qui est de basse condition, d'une profession vile, ou qui est méprisable par lui-même» (Académie, 1835). La neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, consultée en ligne, ne mentionne pas cet usage.

Il me semble donc qu'on ne saurait en aucun cas être civique, et qu'il faut estimer inapproprié, de nos jours, de présenter quelqu'un comme étant de bon aloi.

Je crois que le passage à l'étude pourrait être interprété comme suit :

... alors que les nationalistes canadiens et britanniques, eux, seraient courtois et pondérés.

Line Gingras
Québec

«Essais québécois - Faut-il avoir peur de Michael Ignatieff?» : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119415.html?338

Commentaires

Je ne serais pas aussi sévère et je crois que cela correspond plus à ce qui doit être attendu par le sens (et non par le référent). Je préfère civique à citoyen (très galvaudé) dans de tels emplois.

Écrit par : Dominique | 07 octobre 2006

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