09 mai 2007
Pousser la roue, pousser à la roue
« Malheureusement, une fois analysé et comparé, le profil génétique ne coïncide avec aucun de ceux qui se trouvent dans la banque de la police. Il faudra donc continuer à pousser la roue et se montrer patient. » (Christiane Desjardins.)
Je trouve dans les dictionnaires généraux l'expression pousser à la roue, qui veut dire au sens propre « chercher à faire avancer un véhicule en exerçant un effort sur la roue » (Lexis), et au figuré soit « aider », soit « faire évoluer un processus, une situation » (Petit Robert) :
Vous ferez des progrès, si quelqu'un pousse à la roue. (Lexis.)
On en voit [des Français] qui souhaiteraient une victoire totale de l'Allemagne, qui sont prêts à pousser à la roue, qui collaborent, comme on dit. (Green, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
De là à pousser à la roue, à enfoncer ce pauvre type. (Mallet-Joris, dans le Petit Robert.)
Le tour est également recommandé dans le Colpron et le Chouinard, en remplacement de mettre l'épaule à la roue, qui serait attribuable à l'influence de l'anglais to put one's shoulder to the wheel :
Le chef syndical a invité tous les travailleurs à pousser à la roue. (Chouinard.)
Line Gingras
Québec
« Benoît Guay : décadence d'un homme, chute d'un policier » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070503/CPACTUALITES/7...
07:28 | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
Commentaires
On peut s'interroger sur ce "pousser à " puisque le verbe est transitif...
Pourquoi le "à" : pour donner plus d'élan ?
Écrit par : Rosa | 10 mai 2007
Je dirais qu'au sens propre, il s'agit de pousser un véhicule, sous-entendu; je vois «à la roue» comme un complément circonstanciel.
Écrit par : Choubine | 10 mai 2007
D'accord mais quel type de circontanciel ? à la manière de ?
N'est-ce pas une métaphore ? Je pensais d'ailleurs que l'exprssion signifiait "exagérer"
D'après vos exemples cela n'a pas l'air d'être le cas...
Écrit par : Rosa | 11 mai 2007
Dans la phrase à l'étude, c'est une métaphore, bien entendu - et peut-être arrive-t-il, dans d'autres contextes, que l'on pousse à la roue en ayant recours à l'exagération, mais l'expression rend ici l'idée que l'on va travailler à faire avancer un processus, en l'occurrence une enquête.
On voit souvent, au Québec, des gens pousser à la roue, au sens propre (et même au sens salissant), par exemple pour dégager une voiture, en hiver; c'est le véhicule qu'ils poussent, pas la roue. À mon avis, «à la roue» peut alors être tenu pour un complément circonstanciel de lieu. Au figuré, on prend l'expression comme un tout.
Écrit par : Choubine | 11 mai 2007
Ah, j'oubliais de signaler une chose : l'expression «pousser à la roue», d'après le «Petit Robert», relève de l'emploi du verbe comme intransitif, au sens de «faire un effort».
Écrit par : Choubine | 11 mai 2007
Merci pour toutes ces précisions... Mais il m'est revenu une expression avec laquelle j'ai fait une confusion : quand j'étais jeune dans ma région on disait "il ne faut pas pousser mémé dans les orties"
populaire et imager pour dire : il ne faut pas exagérer....
Écrit par : Rosa | 13 mai 2007
Elle est amusante, cette expression... Et vous me faites penser que nous disons chez nous, dans une langue très relâchée : «Pousse, mais pousse égal.» Le sens est le même, mais votre tour à vous est beaucoup plus joli!
Écrit par : Choubine | 13 mai 2007
Les commentaires sont fermés.