31 mai 2007
Prêter flanc ou prêter le flanc?
« Par son comportement et ses déclarations maladroites, M. Boisclair avait prêté flanc aux attaques de M. Charest. » (Michel David.)
Les dictionnaires généraux que j'ai sous la main consignent tous l'expression prêter le flanc (à). Cette locution appartient d'abord au langage militaire; prêter le flanc, c'est découvrir le flanc d'une troupe, l'exposer aux attaques de l'ennemi :
Il avait été asticoté par les avant-postes de Zobel pendant la petite heure où il avait prêté le flanc. (Giono, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le tour s'emploie aussi dans la langue figurée; prêter le flanc à la critique, à des attaques, à la médisance, à la curiosité..., c'est y donner prise, s'y exposer :
Le directeur, en refusant de rencontrer les employés malgré la tournure des événements, a prêté le flanc à la critique.
Se laisser voir avec un grand désir non satisfait [...] c'est prêter le flanc à toutes les mauvaises plaisanteries possibles... (Stendhal, dans le Trésor.)
Le Petit Robert (2007), le Lexis (1977) et le Multidictionnaire (Marie-Éva de Villers, 2003) ne reçoivent que prêter le flanc, avec l'article. Le Trésor admet cependant prêter flanc, sans l'article; il donne un exemple de cette construction :
L'archevêque prêtait flanc du côté des mœurs. (Sainte-Beuve.)
Aucun des huit ouvrages de difficultés que j'ai consultés n'aborde la question.
Je pense qu'il vaut mieux employer prêter le flanc; l'omission de l'article ne me paraît pas un bien grand péché, mais une recherche Google semble confirmer qu'elle est peu courante.
Line Gingras
Québec
« Un sentiment d'urgence » : http://www.ledevoir.com/2007/05/17/143837.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
Commentaires
J'ai toujours en effet entendu "prêter flanc"...
C'est une jolie expression très imagée...
Écrit par : Rosa | 01 juin 2007
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