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26 juillet 2007

À cheval entre

À cheval entre ou à cheval sur.

« À cheval entre trois cultures, l'humoriste, qui "n'arrête pas d'avoir des idées pour des nouveaux monologues depuis [qu'elle est] arrivée à Montréal", dit-elle, ne cesse depuis quelques jours de s'étonner du Québec d'aujourd'hui. » (Fabien Deglise.)

D'après ce que je vois dans les dictionnaires, on est à cheval sur quelque chose :

Les enfants sont à cheval sur le muret. (Multidictionnaire.)

Longtemps il m'avait fait sauter sur sa jambe tendue en chantant : « À cheval sur mon bidet; Quand il trotte il fait des pets », et je riais de scandale. (Sartre, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

À cheval sur deux périodes. (Petit Robert.)

Cette propriété est à cheval sur deux communes. (Lexis.)

Cette zone frontière, à cheval sur la France et la Belgique... (Van der Meersch, dans le Trésor.)

* * * * *

Lorsque j'étais petite, nous avions un cheval. Mon grand-père lui parlait toujours en langage de cheval : « Bêkopp! Bêkopp! Wôôô! » (Après le cheval, il a continué avec le tracteur.) Mais nous, les enfants, n'avions pas le droit d'en approcher; mon frère a reçu une ruade, une fois. Le cheval était là pour tirer la charrue, et pour monter à la cabane à sucre.

Un jour de printemps, nous étions plusieurs dans la voiture, en route pour la cabane - loin, très loin dans la montagne. Quelques minutes j'ai tenu les rênes. Jusqu'à ce que le cheval, inexplicablement, me fasse ses besoins sous le nez.

Mon oncle Eugène, il a ri.

Line Gingras
Québec

« La Gringa de Montréal » : http://www.ledevoir.com/2007/07/19/150811.html

Commentaires

mon papa qui était vétérinaire rural a failli se faire tuer par une ruade de cheval alors qu'il débutait dans le métier.
Qu'est-ce que c'est la cabane à sucre ?

Écrit par : Rosa | 27 juillet 2007

peut-on être "entre" trois éléments ?

Écrit par : Rosa | 27 juillet 2007

Si jamais vous venez au Québec au printemps, pendant le temps des sucres - surtout si vous faites partie d'un groupe - vous n'échapperez pas à la version moderne (et pas du tout authentique) de la cabane à sucre : un grand bâtiment en bordure de la route, où l'on sert à des groupes d'enfants, de personnes âgées, d'amis, d'employés ou de touristes, dans une ambiance de fête, des repas très lourds et très indigestes composés essentiellement de pâtés à la viande (ou tourtières), de fèves au lard, de saucisse, de bacon, de jambon et, pour dessert, de grands-pères (des boulettes de pâte cuites dans le sirop d'érable). J'en passe très certainement; une petite recherche Internet m'apporte des variantes intéressantes. Il y a aussi des oreilles de crisse (des croustilles de lard)... Bon, mais l'élément essentiel, c'est la dégustation de tire sur la neige : c'est que, je ne vous l'ai pas encore dit, vous êtes dans une érablière (ou à proximité), donc dans une exploitation d'érables à sucre; chaque printemps, on recueille l'eau d'érable, que l'on fait bouillir pour la transformer d'abord en sirop, puis en tire, et enfin en sucre. Mon père, par exemple, sait très bien faire chauffer le sirop jusqu'au point idéal, pour en verser des louches sur de la neige bien propre et bien tassée; le sirop prend, chacun détache des lambeaux de tire avec une fourchette ou un bâtonnet... Miam. (On peut se faire une petite dégustation, à la maison.)

Mais une «vraie» cabane à sucre, pour moi, ce n'est pas ça. Je n'ai à peu près aucun souvenir de celle où nous montions à cheval, lorsque j'étais petite, et qui appartenait à la famille Gingras. Mais j'en ai beaucoup, par contre, de celle de mes grands-parents Dion; elle était dans une autre partie de cette même montagne, au milieu d'une autre érablière. À l'époque où je fréquentais cette cabane, la récolte de l'eau d'érable se faisait en tracteur à chenilles; on chaussait des raquettes, au besoin, pour aller décrocher les seaux qui recueillaient l'eau coulant des érables entaillés; on versait l'eau dans un réservoir. La récolte faite, cette eau passait dans le réservoir de la cabane, et de là dans une série de grandes cuves où elle allait bouillir, pendant des heures.

Mes oncles faisaient la récolte. Mon grand-père faisait bouillir. Il passait des journées, des nuits entières à la cabane, quand «ça coulait». Et nous lui rendions visite. Nous faisions le tour des érables les plus proches. Nous nous lancions une balle qui finissait par rouler sous la cabane. Nous nous lancions des boules de neige, évidemment. Nous goûtions à l'eau d'érable qui commençait à chauffer, au point où elle était juste assez sucrée pour être un délice, mais encore désaltérante. Nous inspections les cuves, où le sirop bouillonnait, où il prenait peu à peu une belle teinte dorée. Hélas, mes connaissances sont trop lointaines, et trop imprécises, pour me permettre d'en parler mieux.

Et nous faisions une dégustation de tire sur la neige.

Tenez, voici une chanson, paroles et musique, qui vous donnera une idée de la chose! C'est la version exacte que je connaissais déjà. Suivez ce lien : http://gauterdo.com/ref/cc/cabane.a.sucre.html

La cabane de mes grands-parents Dion était des plus modestes; on n'y organisait pas de fêtes, mais la parenté venait quand même y faire son tour.

Écrit par : Choubine | 27 juillet 2007

Merci Choubine pour cette tranche de vie québécoise : je pense que les lecteurs français apprécieront.
La chanson de Line Renaud "Ma cabane au Canada" vient-elle aussi de cette tradition autour de la récolte du jus d'érable ? (jus d'érable que j'adore sur les crêpes)

Écrit par : Rosa | 28 juillet 2007

Je vous en prie, Rosa.

La chanson de Line Renaud? Je ne la connaissais pas, je viens d'en lire les paroles. Voilà donc ce qu'on appelle ici le mythe de la cabane au Canada!

La cabane de Line Renaud attend le printemps, un peu comme une cabane à sucre, mais c'est un lieu où l'on vit - ce qui n'est pas le cas d'une cabane à sucre, où l'on n'habite jamais (à ce que je sache, en tout cas). Une vraie cabane à sucre (je répète que ça n'a rien à voir avec les établissements commerciaux où l'on va en groupe aujourd'hui; une recherche Internet vous apprendra même qu'il y en a d'ouverts en été!) n'est utilisée que quelques semaines par année, au temps des sucres; les fleurs sauvages de madame Renaud dorment encore sous la neige à cette époque. On y fait bouillir l'eau d'érable pour la transformer en sirop, en tire et en sucre, et c'est tout.

Écrit par : Choubine | 29 juillet 2007

Je m'aperçois que la cabane à sucre nous a détournées de ma question linguistique : "à cheval sur trois cultures" n'aurait-il pas été incorrect également ?

Écrit par : Rosa | 29 juillet 2007

Dans les exemples que j'ai recueillis où «à cheval sur» est utilisé de façon abstraite, il n'est question en effet que de deux éléments. Et lorsqu'on est à cheval sur une branche, sur un muret, on a une jambe d'un côté, une jambe de l'autre...

Je ne suis pas certaine qu'on doive condamner «à cheval sur trois cultures», mais il y a peut-être moyen de trouver une expression plus juste : «Au carrefour de trois cultures»? «Riche de trois cultures»?

D'autres idées?

Écrit par : Choubine | 29 juillet 2007

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