31 octobre 2010
Ils distortionnent les faits
Distortionner, distorsionner.
- Le Syndicat des travailleurs de l’information du Journal de Montréal s’est dit « consterné » par la décision des négociateurs patronaux. « Ils distortionnent les faits en sortant des données de leur contexte pour justifier leur retrait de la table », ajoute le communiqué émis hier soir.
(Stéphane Baillargeon, dans Le Devoir du 29 octobre 2010.)
Le verbe distortionner – ou distorsionner – ne se trouve pas dans les ouvrages que j'ai consultés (Petit Robert, Multidictionnaire, Hanse-Blampain, Lexis, Trésor de la langue française informatisé). Je ne vois pas l'utilité de forger ce mot, étant donné que l'on peut très bien écrire :
Ils déforment les faits en sortant des données de leur contexte...
Line Gingras
Québec
« Mouvement et stagnation autour du Journal de Montréal » : http://www.ledevoir.com/societe/medias/309811/mouvement-et-stagnation-autour-du-journal-de-montreal
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30 octobre 2010
Quant elle joue
- La chanson pas si essentielle que ça, mais qui vous fait un p'tit pincement par en dedans quant elle joue.
(Sylvain Cormier, dans Le Devoir du 30 octobre 2010.)
Au sens de lorsque, on écrit quand... comme dans Quand les hommes vivront d'amour.
Line Gingras
Québec
« Le Devoir : 100 ans... de chansons » : http://www.ledevoir.com/culture/musique/309886/le-devoir-100-ans-de-chansons
04:43 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
29 octobre 2010
Double indication
- Le ministre des Affaires étrangères birman, Nyan Win, a indiqué à ses partenaires d'Asie du Sud-Est que l'opposante Aung San Suu Kyi, assignée à résidence, serait « peut-être » libérée après les élections du 7 novembre, a indiqué à Hanoï une diplomate asiatique.
(Le Monde avec l'AFP, dans Le Devoir du 29 octobre 2010.)
On aurait pu écrire, par exemple :
Le ministre des Affaires étrangères birman, Nyan Win, a fait savoir à ses partenaires d'Asie du Sud-Est...
Line Gingras
Québec
« Rangoun évoque une possible libération d'Aung San Suu Kyi » : http://www.ledevoir.com/international/asie/309792/rangoun-evoque-une-possible-liberation-d-aung-san-suu-kyi
05:57 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 octobre 2010
Innofensif
- Hier, à la cour, l'adolescent s'est adressé à la juge et a déclaré, sur un ton neutre : « Je présente mes excuses à tous ceux que j'ai blessé par mon geste. »
(Louise Leduc, dans La Presse du 26 octobre 2010.)
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. J'ai blessé qui? Les gens représentés par tous ceux :
... tous ceux que j'ai blessés...
- ... dans l'espoir de le rendre [...] innofensif...
Inoffensif.
Line Gingras
Québec
« Matricide à Sainte-Julie : le jeune fils coupable reste de glace » : http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201010/26/01-4336113-matricide-a-sainte-julie-le-jeune-fils-coupable-reste-de-glace.php
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27 octobre 2010
J'ai vu de mes yeux vus...
- À l'appel des chefs de la meute parlementaire, péquiste et libérale, j'ai vu de mes yeux vus, ce jour-là...
(Yves Michaud; allocution prononcée le 26 octobre 2010, publiée dans Le Devoir du 27 octobre.)
J'ai vu, de mes yeux vu
Ce tour exprime l'idée que l'on a vu quelque chose de ses propres yeux; mais si les yeux ont bien vu, rien n'indique qu'ils aient été vus :
[Les aventuriers] avaient vu, de leurs yeux vu la mer Pacifique. (Michelet, dans le Petit Robert.)
* * * * *
-
... j'ai été jeté en pâture et au mépris de mes compatriotes.
J'ai été jeté en pâture de mes compatriotes? J'ai été jeté au mépris de mes compatriotes? Je crois que l'on a plutôt voulu dire :
... j'ai été jeté en pâture et au mépris de mes compatriotes.
Line Gingras
Québec
« Mon exécution parlementaire » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/309640/mon-execution-parlementaire
07:12 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
26 octobre 2010
Le pronom représente... qui ou quoi, au juste?
- Plusieurs observateurs se sont étonnés que l'OIF [l'Organisation internationale de la Francophonie] décide de tenir son prochain sommet en République démocratique du Congo au moment où il célèbre les dix ans de la déclaration de Bamako destinée à assurer l'État de droit et la démocratie parmi les pays membres.
(Christian Rioux, dans Le Devoir du 25 octobre 2010.)
Pour que le pronom renvoie sans équivoque à ce qu'il représente, il doit être, habituellement, du même genre et du même nombre que son antécédent. Qui donc célèbre les dix ans de la déclaration de Bamako? Étant donné la façon dont la phrase est formulée, je ne pense pas que ce puisse être le prochain sommet. Ce serait donc le Congo? J'en doute : Bamako est une ville du Mali, et les pays membres ne sauraient faire partie du Congo. En fait, selon la logique, le seul antécédent possible est l'OIF; seulement, l'OIF désigne l'Organisation internationale de la Francophonie :
Plusieurs observateurs se sont étonnés que l'OIF [l'Organisation internationale de la Francophonie] décide de tenir son prochain sommet en République démocratique du Congo au moment où elle* célèbre les dix ans de la déclaration de Bamako,* destinée à assurer l'État de droit et la démocratie parmi les pays membres.
Je mettrais par ailleurs une virgule après la déclaration de Bamako : la précision qui suit ne vise pas à distinguer cette déclaration d'une autre déclaration qui aurait été signée dans la même ville, mais uniquement à rappeler de quoi il s'agit; elle a donc une valeur explicative plutôt que déterminative.
Line Gingras
Québec
* Le 8 novembre à 21 h 53, je constate que la correction a été apportée.
« XIIIe Sommet de la Francophonie – Et maintenant? "Il faut penser français", dit Raffarin » : http://www.ledevoir.com/international/francophonie/298749...
05:24 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 octobre 2010
Elle s'est souvenu que...
Elle s'est souvenu, elle s'est souvenue; ils se sont souvenu, ils se sont souvenus; se souvenir, accord du participe passé du verbe pronominal.
- Je me suis souvenu que nous pensions avoir si bien travaillé en 1977 en préparant la loi 101 que nous étions convaincus que la langue française, quoique fragile, ne risquerait plus jamais de disparaître.
(Lise Payette, dans Le Devoir du 22 octobre 2010.)
Le verbe se souvenir s'emploie uniquement à la forme pronominale; c'est donc un verbe essentiellement pronominal. Et comment s'accorde le participe passé des verbes essentiellement pronominaux? En genre et en nombre avec le sujet du verbe :
Madame Payette s'est souvenue que...
Une seule exception : le participe passé de s'arroger, parce que ce verbe appelle un complément d'objet direct, s'accorde avec ce complément, pourvu que celui-ci précède le verbe. On écrit donc :
Cette prétendue élite s'est arrogé quantité de privilèges.
Il faut abolir les privilèges que cette prétendue élite s'est arrogés.
Line Gingras
Québec
« My tailor is rich » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/298479/my-tailor-is-rich
20:40 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
Le son, projetté à courte distance...
- Le son, projetté à courte distance contre la paroi...
(Christophe Huss, dans Le Devoir du 20 octobre 2010.)
D'après le Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée, les rectifications de l'orthographe n'ont rien changé à la conjugaison du verbe jeter et de ses composés : on met un double t devant un e dit « muet » (il rejette, nous jetterons, vous projetteriez), mais un seul t dans les autres cas. On écrit ainsi :
Il rejeta l'offre de son patron.
Elle s'opposait à ce que nous jetions tous ces vieux papiers.
Auriez-vous donc projeté de fonder un parti politique?
Le son, projeté à courte distance contre la paroi...
* * * * *
-
Emmanuel Ax a joué le jeu, contenant les dynamiques et en usant parcimonieusement de la pédale.
J'ai pensé d'abord que les deux participes présents devaient se construire de la même façon :
Emmanuel Ax a joué le jeu, contenant les dynamiques et en usant parcimonieusement de la pédale.
Emmanuel Ax a joué le jeu, en contenant les dynamiques et en usant parcimonieusement de la pédale.
Mais on a peut-être voulu dire :
Emmanuel Ax a joué le jeu, contenant les dynamiques et en usant parcimonieusement de la pédale.
Line Gingras
Québec
« Concerts classiques – Révélation double » : http://www.ledevoir.com/culture/musique/298409/concerts-classiques-revelation-double
01:51 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias