21 février 2011
Preuve qu'on n'a guère avancée
-
Si l'Office de la langue française ne s'occupe pas de la qualité de la langue, qui donc le fera?
C'est la question désespérante qui se posait, la semaine dernière, à la lecture d'une lettre collective que signaient, dans Le Devoir, neuf terminologues qui ont tous été à l'emploi de l'OLF.
(Lysiane Gagnon, dans La Presse du 17 février 2011.)
L'organisme s'appelle aujourd'hui l'Office québécois de la langue française (OQLF), comme l'indiquent les auteurs de la lettre.
La locution à l'emploi de est condamnée comme anglicisme; j'en ai parlé ici.
-
... on retrouve évidemment la vieille querelle entre la norme et l'usage, entre ceux qui essaient d'améliorer la qualité de la langue et les linguistes qui s'inclinent devant n'importe quelle habitude populaire, et qui accusent les premiers d'« élitisme »... preuve qu'on n'a guère avancée depuis l'époque où les garçons qui essayaient de bien s'exprimer se faisaient traiter de « fifs ».
Madame Gagnon ne fait pas allusion à une preuve qu'on n'aurait pas apportée; elle veut dire, plutôt : Cela prouve qu'on n'a guère avancé. Le mot que, élidé en qu', n'est pas pronom relatif représentant preuve, mais conjonction de subordination; le verbe avancer n'est pas employé comme transitif, au sens de « mettre en avant, proposer comme vrai » (Petit Robert), mais comme intransitif, au sens de « progresser ». Comme il n'a pas de complément d'objet direct, son participe passé doit rester invariable :
... les linguistes qui s'inclinent devant n'importe quelle habitude populaire, et qui accusent les premiers d'« élitisme »..., preuve qu'on n'a guère avancé depuis l'époque où les garçons qui essayaient de bien s'exprimer se faisaient traiter de « fifs ».
Line Gingras
Québec
« Langue : le vrai danger » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/lysiane-gagnon/201102/16/01-4370968-langue-le-vrai-danger.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_lysiane-gagnon_3265_section_POS1
09:30 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias