01 mai 2011
À pied levé
À pied levé, au pied levé.
- La Russie a remplacé à pied levé le Japon pour l'organisation de ces Championnats du monde [...]
(PC, dans Le Devoir du 29 avril 2011.)
Faut-il dire à pied levé ou au pied levé?
Le Dictionnaire historique de la langue française de la maison Robert signale que l'expression a d'abord existé sous la forme à pied levé (vers 1460).
C'est cependant la locution au pied levé qui est admise dans la langue moderne, d'après les ouvrages que j'ai consultés (Petit Robert, Lexis, Multidictionnaire, Hanse-Blampain, Trésor de la langue française informatisé), au sens de « sans préparation », « à l'improviste », « par surprise » :
Il remplace l'acteur absent au (et non *à) pied levé. (Multidictionnaire.)
On dira donc voter à main levée, dessiner à main levée, mais remplacer quelqu'un au pied levé.
Line Gingras
Québec
« Patinage artistique – Patrick Chan décroche son rêve » : http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/32215...
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05:21 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
30 avril 2011
Cela nous rend favorable à un gouvernement de coalition
- Notre rapport quelque peu tordu avec le pouvoir nous rend favorable à hauteur de 60 % à un gouvernement de coalition au Canada, alors qu'au Canada anglais 30 % des gens seulement appuieraient cette hypothèse, selon un sondage TVA paru cette semaine.
(Denise Bombardier, dans Le Devoir du 30 avril 2011.)
Favorable est attribut du complément d'objet direct nous, qui représente les Québécois; il doit donc prendre la marque du pluriel :
Notre rapport quelque peu tordu avec le pouvoir nous rend favorables à hauteur de 60 % à un gouvernement de coalition au Canada...
Line Gingras
Québec
« Jackpot » : http://www.ledevoir.com/politique/elections-2011/322283/j...
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09:04 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
29 avril 2011
Le favorit de la foule
Favorit ou favori.
- Le Japonais Takahiko Kozuka a inscrit 258,41 points pour remporter l'argent, tandis que le favorit de la foule, le jeune Russe de 17 ans Artur Gachinski, a remporté le bronze avec 241,86 points.
(PC, dans Le Devoir du 29 avril 2011.)
Bien que le féminin soit favorite, on écrit favori au masculin :
Il fut le favori de sa mère et de ses professeurs. (Beauvoir, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Il nous fit servir un saladier tout plein de mon dessert favori. (Céline, dans le Trésor.)
[...] tandis que le favori de la foule, le jeune Russe de 17 ans...
Le mot n'est pas visé par les rectifications de l'orthographe.
Line Gingras
Québec
« Patinage artistique – Patrick Chan décroche son rêve » : http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/32215...
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04:20 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 avril 2011
Un homme dont la boisson rend violent
Dont ou que; choix du pronom relatif; syntaxe.
- [...] la modeste demeure où elle habite avec son mari. Un homme dont la boisson rend violent.
(René-Charles Quirion, dans La Tribune du 26 avril 2011.)
Au paragraphe 693, b du Bon usage (douzième édition), on peut lire que dont « équivaut à un complément introduit par de ». On écrirait, par exemple :
Un dictateur dont les crimes sont restés impunis.
[Les crimes du dictateur sont restés impunis.]
Un régime dont la violence a été dénoncée.
[La violence du régime a été dénoncée.]
Dans la phrase à l'étude, cependant, le pronom relatif doit remplir la fonction de complément d'objet direct : on a voulu exprimer l'idée que la boisson rend cet homme violent. Le complément d'objet direct n'étant pas introduit par une préposition, il ne peut pas être représenté par dont, mais plutôt par le pronom que :
Une famille que l'on jugeait respectable.
[On jugeait cette famille respectable.]
Il fallait écrire :
[...] la modeste demeure où elle habite avec son mari. Un homme que la boisson rend violent.
Line Gingras
Québec
« Les femmes se lèvent peu à peu » : http://www.cyberpresse.ca/la-tribune/201104/26/01-4393489...
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19:38 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 avril 2011
Par exemples, comme par exemples
Par exemples, par exemple; comme par exemples, comme par exemple.
- Selon lui, une telle mesure présentait un danger psychologique pour un enfant souffrant tout au plus de difficultés d'adaptation car il pouvait susciter de la colère, de la révolte, de l'anxiété, un sentiment d'exclusion, du rejet et de l'humiliation.
(Nancy Massicotte, dans Le Nouvelliste du 27 avril 2011.)
C'est la mesure qui pouvait susciter de la colère..., selon le témoin expert :
... car elle pouvait susciter de la colère...
- « Comme il avait une belle relation de confiance avec sa famille et qu'il était respectueux de l'autorité, il s'est retrouvé coincé et exclus. Il a même cru que cette mesure avait été mise en place parce qu'il n'avait pas d'amis », a expliqué le Dr Gauthier.
Au singulier, on écrit inclus parce que le féminin est incluse, mais exclu parce que le féminin est exclue.
- L'enseignante soutient avoir mis en place plusieurs méthodes alternatives pour tenter de corriger le comportement de l'enfant et faciliter sa concentration comme par exemples un système de feux de circulation et des récompenses.
Exemple ne prend jamais la marque du pluriel dans la locution adverbiale par exemple :
Planter des fleurs vivaces, par exemple du muguet, des delphiniums. (Multidictionnaire.)
Prenez un dictionnaire, par exemple Bescherelle ou Littré, vous verrez que... (Hanse-Blampain.)
Le Colin et le Girodet déconseillent de faire précéder cette locution de comme ou de ainsi, ce qui crée un pléonasme; Hanse fait observer que l'emploi de comme, devant la locution par exemple, est « courant, bien qu'inutile ». On aurait pu écrire :
L'enseignante soutient avoir mis en place plusieurs méthodes alternatives pour tenter de corriger le comportement de l'enfant et faciliter sa concentration, comme par exemple un système de feux de circulation et des récompenses.
L'enseignante soutient avoir mis en place plusieurs méthodes alternatives pour tenter de corriger le comportement de l'enfant et faciliter sa concentration, comme par exemple un système de feux de circulation et des récompenses.
Line Gingras
Québec
« "L'aire de retrait, une mesure non appropriée" » : http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/faits-divers/201...
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19:42 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
26 avril 2011
En soit
En soi, en soit; orthographe.
- Pour Londres, la dizaine de personnes dépêchées auprès du Conseil national transitoire libyen sont des « conseillers »; pour Rome, il s'agit « d'instructeurs militaires »; pour Paris, d'« officiers de liaison. »
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 23 avril 2011.)
La préposition de, abrégée en d', ne fait pas partie de l'appellation à mettre entre guillemets.
Le point final doit se placer à l'extérieur des guillemets lorsque ceux-ci n'encadrent pas une phrase complète :
Pour Londres, la dizaine de personnes dépêchées auprès du Conseil national transitoire libyen sont des « conseillers »; pour Rome, il s'agit d'« instructeurs militaires »; pour Paris, d'« officiers de liaison ».
- En soit, ces distinguos sémantiques en disent long sur le malaise ou la difficulté qu'éprouvent les autorités concernées [...]
Nous n'avons pas affaire à un adverbe, à une conjonction ni au verbe être à la troisième personne du singulier du subjonctif présent, mais au pronom personnel réfléchi soi :
Ce n'est pas la douleur en soi qui rachète, mais la douleur acceptée. (Mauriac, dans le Petit Robert.)
La vertu est aimable en soi. (Lexis.)
Les choses belles en soi. (Hanse et Blampain.)
Tout jugement porte en soi le témoignage de notre faiblesse. (Gide, dans le Colin.)
L'œuvre de ce poète est en soi assez ordinaire, mais elle annonce une esthétique nouvelle. (Girodet, à l'article « lui ».)
Il y a là, sans doute, un phénomène remarquable en soi. (Ozanam, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
En soi, ces distinguos sémantiques en disent long sur le malaise ou la difficulté qu'éprouvent les autorités concernées [...]
Line Gingras
Québec
« Conflit libyen – Prise 2 » : http://www.ledevoir.com/international/afrique/321821/conf...
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07:21 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 avril 2011
La perception qu'avait eu le principal témoin
- Contrairement à la perception qu'avait eu le principal témoin de l'événement, les enfants ne sont jamais montés à bord de son véhicule.
(Paule Vermot-Desroches, dans Le Nouvelliste du 21 avril 2011.)
Ce n'est pas la perception qui avait eu un témoin, mais le témoin qui avait eu une perception. Le participe passé, employé avec l'auxiliaire avoir, doit s'accorder avec le complément d'objet direct, perception, celui-ci étant placé devant le verbe :
Contrairement à la perception qu'avait eue le principal témoin de l'événement, les enfants ne sont jamais montés à bord de son véhicule.
Line Gingras
Québec
« Enfants en fuite : la garderie fermée temporairement » : http://www.cyberpresse.ca/le-nouvelliste/faits-divers/201...
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17:10 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias