23 octobre 2011
Et alors?
- Toutefois, les jeunes semblent plus ouverts d'esprit, alors que seulement 39 % d'entre eux considèrent que l'arrivée au Québec d'immigrants d'origines ethniques différentes représente une menace pour la culture québécoise, alors que le taux est de 42 % pour l'ensemble du Québec.
(Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 17 octobre 2011.)
Toutefois, les jeunes semblent plus ouverts d'esprit : seulement 39 % d'entre eux considèrent que l'arrivée au Québec d'immigrants d'origines ethniques différentes représente une menace pour la culture québécoise, alors que le taux est de 42 % pour l'ensemble du Québec.
Line Gingras
Québec
« Sondage sur les jeunes Québécois – Des cyberdépendants souffrant de solitude » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/333...
17:28 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
22 octobre 2011
Baisser à
Baisser à; grammaire française; syntaxe du français.
- Un rapport récent de l’Office québécois de la langue française nous prédit que d’ici 2031, le pourcentage de la population de l’île de Montréal qui parle majoritairement le français à la maison baissera à moins de 50 %.
(Jack Jedwab, dans Le Devoir du 21 octobre 2011.)
Baisser (verbe intransitif dans le cas présent), c'est diminuer de hauteur, d'intensité, de force, de valeur. Ce verbe exprime la progression, et non l'aboutissement; pour indiquer un changement numérique, il ne saurait donc s'utiliser avec la préposition à*. Celle-ci marque, dans la phrase à l'étude, le terme du mouvement, le point qui sera atteint en 2031 ou avant.
Baisser s'emploie plutôt avec la préposition de :
La rivière a baissé d'un mètre. (Petit Robert.)
[...] les ténors du second chœur baissèrent de près d'un demi-ton. (Berlioz, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Monsieur Jedwab aurait pu choisir passer, ou encore un verbe à double fonction, c'est-à-dire qui exprime soit la progression, soit l'aboutissement : descendre, se réduire, tomber.
Je m'appuie sur une étude rédigée en 1986 par mon ancienne collègue Lucie Boisvenue (fiche Repères – T/R 064), sur l'emploi de la préposition à avec les verbes indiquant un changement numérique.
Line Gingras
Québec
* Sauf dans la combinaison de... à, qui marque le degré approximatif du changement. Exemple : Le pourcentage baissera de 50 à 55 %.
« Langue – Le français en déclin, vraiment? » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/334...
19:49 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
21 octobre 2011
Poursuivez!
- Certes, la preuve accumulée par les commissions ne peut conduire directement à des poursuites devant les tribunaux. Les policiers doivent de leur côté poursuivre leur travail.
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 19 octobre 2011.)
Certes, la preuve accumulée par les commissions ne peut conduire directement à des poursuites devant les tribunaux. Les policiers doivent de leur côté continuer leur travail.
Certes, la preuve accumulée par les commissions ne peut conduire directement à des poursuites devant les tribunaux. Les policiers doivent continuer leur travail de leur côté.
Line Gingras
Québec
« Commission d'enquête sur la construction – Le recul » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/333886/commissio...
16:34 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 octobre 2011
Elle ne s'est pas laissée dévorer par le loup
Se laisser + infinitif, accord du participe passé; elle s'est laissée dévorer, elles se sont laissées dévorer, ils se sont laissés dévorer; elle s'est laissé dévorer, elles se sont laissé dévorer, ils se sont laissé dévorer; grammaire française; orthographe d'accord.
- Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
(Françoise Laborde, dans Le Devoir du 15 octobre 2011.)
Gracile, c'est très joli, mais une fois suffit :
Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
* * * * *
- Tristane voulait être journaliste, écrivain, sortir des sentiers tracés pour elle par une mère introduite dans le milieu de la gauche parisienne, marquée aussi par l'absence d'un père parti après sa naissance. Mais peu importe l'histoire de Tristane.
À quoi se rapporte le participe marquée? Étant donné la construction de la phrase, on est d'abord tenté, un court instant, de le rattacher à une mère, cet élément étant déjà accompagné du participe introduite. Mais ce n'est évidemment pas ce que madame Laborde a voulu dire : c'est Tristane, la fille, qui a été marquée par l'absence d'un père parti après sa naissance. Je suggérerais :
Marquée par l'absence d'un père parti après sa naissance, Tristane voulait être journaliste, écrivain, sortir des sentiers tracés pour elle par une mère introduite dans le milieu de la gauche parisienne.
* * * * *
- Vous n'avez pas fait comme la chèvre de Monsieur Seguin : vous ne vous êtes pas laissée dévorer par le loup.
Le participe passé du verbe se laisser doit rester invariable dans cette phrase, pour une double raison :
- Selon la grammaire traditionnelle, on respecte la règle suivante, énoncée dans le Multidictionnaire : « Le participe passé de la forme pronominale suivi d'un infinitif s'accorde avec le complément direct lorsque celui-ci fait l'action exprimée par l'infinitif. » Bien entendu, ce n'est pas Tristane Banon, représentée par le pronom vous, qui aurait fait l'action de dévorer.
- Selon les rectifications de l'orthographe, on n'a même pas à se poser de question : « Le participe passé laissé suivi d'un infinitif est invariable (avec l'auxiliaire avoir ou en emploi pronominal), comme c'était déjà le cas pour le participe passé de faire. » (Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée.)
Peu importe la règle que l'on décide de suivre, il faut écrire :
Vous n'avez pas fait comme la chèvre de Monsieur Seguin : vous ne vous êtes pas laissé dévorer par le loup.
Line Gingras
Québec
« DSK – La triste affaire Tristane Banon » : http://www.ledevoir.com/societe/justice/333665/dsk-la-tri...
20:25 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
19 octobre 2011
Une réaction malvenue par quiconque
Malvenu par; malvenu, adjectif ou participe passé; voix passive; complément d'agent; grammaire française; syntaxe du français.
- Bien sûr, plusieurs souverainistes contesteront ce sondage sous prétexte qu'il a été commandé par un organisme prônant le fédéralisme, mais cette réaction est malvenue par quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats.
(Denise Bombardier, dans Le Devoir du 15 octobre 2011.)
Le participe passé d'un verbe employé au passif peut être suivi d'un complément d'agent :
Cette proposition a été rejetée par la grande majorité des adhérents.
Malvenu n'est cependant pas un participe passé, mais un adjectif ou quelquefois un substantif. On le trouve dans des constructions comme les suivantes :
Elle serait malvenue de, à critiquer cette étude. (Multidictionnaire.)
Requête malvenue. (Petit Robert.)
Certes, le Trésor de la langue française informatisé mentionne le verbe malvenir, dans une remarque accompagnant l'article « malvenu » :
Méthode excellente et d'une grande loyauté philosophique, mais qui me fit malvenir de ceux mêmes que je prétendais honorer [...] (Bloy.)
Il s'agit toutefois, précise-t-on, d'un verbe rare qui ne s'emploie qu'à l'infinitif, au sens de « être mal considéré », et qui est de surcroît intransitif – autrement dit, il n'admet pas de complément d'objet direct et ne peut donc s'employer à la voix passive, avec un complément d'agent.
Madame Bombardier aurait pu écrire :
[...] mais cette réaction est malvenue pour quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats.
[...] mais cette réaction est malvenue aux yeux de quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats.
[...] mais cette réaction sera jugée malvenue par quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats. (Le complément d'agent se rattache au verbe juger.)
Line Gingras
Québec
« Sans étiquettes » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/333666/sans-etiq...
16:57 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 octobre 2011
Ses photos, ces photos
- « Personne ne devrait être choqué par ses photos, à moins qu'on pense que tout cela se passe de façon magique », explique l'artiste en entrevue.
(Marie-Claude Lortie, dans La Presse du 8 octobre 2011.)
L'artiste parle de ses propres photos. J'imagine donc qu'il a déclaré :
« Personne ne devrait être choqué par ces photos... »
Line Gingras
Québec
« La face cachée de la Terre » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/marie-claude-lorti...
16:23 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 octobre 2011
Se questionner sur, sur, sur
- Ceux qui ont vécu la fin du communisme de loin, en regardant la télé, se questionneront surtout sur leurs œillères à cette époque, aux clichés qu'ils ont cautionnés, aux significations arbitraires des mots comme liberté, fascisme, démocratie, communisme, héros et salaud.
(Chantal Guy, dans La Presse du 8 octobre 2011.)
Si je comprends bien, la chroniqueuse énumère trois choses sur lesquelles on se questionnera ou s'interrogera, soit les œillères, les clichés, les significations arbitraires de certains mots :
Ceux qui ont vécu la fin du communisme de loin, en regardant la télé, se questionneront surtout sur leurs œillères à cette époque, sur les clichés qu'ils ont cautionnés, sur les significations arbitraires des mots comme liberté, fascisme, démocratie, communisme, héros et salaud.
Line Gingras
Québec
« D'autres vies que la nôtre » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/chantal-guy/201110...
19:48 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias