04 juin 2014
Une révélation désopilante
Désopilant ou désolant; paronymes.
- Le problème, c’est qu’il existe déjà un parti qui incarne ces mêmes valeurs, Québec solidaire. Problème aggravé par le fait que le terrain « de gauche » qu’occupe QS — et c’est l’autre désopilante révélation de ce sondage — se porte assez mal merci.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 4 juin 2014.)
Un lecteur me signale cet emploi de l'adjectif désopilant — emploi qui paraît bien étrange, dans le contexte. La chroniqueuse écrit en effet, au début de son article :
Comme si les nouvelles n’étaient pas suffisamment déprimantes (déficits, décroissance, désastres environnementaux…), la « radiographie d’une génération » proposée par le dernier sondage CROP-La Presse pourrait plomber le moral pour de bon.
Et encore, un peu plus bas :
Le sondage peint un portrait d’un Québec désengagé, ignorant de son passé et replié sur lui-même.
Il n'y a rien là de comique ni de réjouissant. Or, désopilant signifie « hilarant » (Multidictionnaire), « qui fait rire de bon cœur » (Petit Robert), « qui fait rire de bon cœur, très amusant, très drôle » (Grand Robert), « qui provoque le rire ou déchaîne la gaieté » (Trésor de la langue française informatisé); il « se dit d'une personne ou d'une chose qui fait beaucoup rire » (Lexis).
Madame Pelletier a sans doute voulu parler d'une révélation désolante. Une syllabe de plus ou de moins...
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Le mur » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/409964/le-mur
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
18:19 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias