17 octobre 2006
Quelque chose qu'ils n'ont pas faite
«... "il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas faite : livrer la marchandise".» (Manon Cornellier citant Don Martin, chroniqueur du National Post.)
Il arrive que l'on doive considérer quelque chose comme deux mots distincts - un substantif féminin précédé d'un adjectif indéfini. D'après ce que je vois dans le Hanse-Blampain, ou bien l'expression est suivie immédiatement d'un adjectif épithète (qui pourrait toutefois être accompagné d'un adverbe), ou bien elle est placée devant une proposition relative dont le verbe est au subjonctif; dans ce dernier cas, le tour marque la concession («quelle que soit la chose que») :
Il y a toujours quelque chose urgente à faire.
Quelque chose que je lui aie dite, il s'obstine.
En général, cependant, quelque chose forme un tout, que j'appellerais avec Hanse et Blampain une locution pronominale indéfinie; l'expression est alors du masculin singulier, et c'est donc au masculin singulier que doit se mettre l'adjectif ou le participe qui s'y rapporte :
Quelque chose de gris, qu'on peut à peine appeler le jour, montait dans les vitres. (Bernanos, dans le Lexis.)
Quelque chose de beau, de bon, d'ennuyeux, d'urgent, d'étonnant, d'impressionnant, de bienveillant, de malheureux.
Il se rappelle quelque chose que j'ai dit. (Hanse-Blampain.)
Quelque chose me paraît obscur dans son explication. (Lexis.)
Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu écrire :
... il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas fait...
Line Gingras
Québec
«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html
04:30 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, presse
Commentaires
Ne peut-on pas voir dans cette transcription d'une expression orale la prononciation du t final, chère au Québec mais toujours surprenante pour le parisien d'origine que je suis ?
Écrit par : simon | 21 octobre 2006
Je pense que nous avons affaire à la traduction d'un extrait d'article rédigé en anglais. Mais il n'est pas impossible que la prononciation du «t» final, fréquente dans la langue très familière, ait joué un rôle ici.
Écrit par : Choubine | 21 octobre 2006
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