26 janvier 2007
Chic, adjectif
Des endroits chics ou des endroits chic?
Une lectrice m'interroge sur l'accord de chic : cet adjectif doit-il s'écrire avec ou sans s au pluriel?
D'après le Petit Robert, chic est invariable :
Les gens chic.
D'après le Lexis, chic est invariable en genre seulement :
Voilà une parole chic.
Deux messieurs chics conversaient au salon.
Marie-Éva de Villers signale cette divergence de vues entre les maisons Robert et Larousse; elle ajoute que « Grevisse ne tranche pas ». De son côté elle fait accorder l'adjectif au pluriel :
Des voitures très chics.
Hanse et Blampain estiment que « l'adjectif est normalement invariable en genre et en nombre »; ils affirment cependant que « l'accord en nombre se généralise » :
Des femmes chic; des femmes chics.
Je lis dans Le bon usage que chic a déjà eu un féminin, chique, « aujourd'hui disparu devant chic »; selon Grevisse, il s'écrit souvent chics au pluriel (masculin ou féminin), « quoique l'invariabilité en nombre conserve des partisans » :
Vous avez de chics clients. (Duras, dans le Lexis.)
Elles se rendaient compte que les toilettes qu'elles avaient crues chics étaient précisément proscrites par les personnes qui l'étaient. (Proust, dans le Lexis.)
Elle m'écrivait de chics lettres. (Léautaud, dans Le bon usage.)
La Rue des Liqueurs, [...] l'une des plus chic. (Queneau, dans Le bon usage.)
Des poules chic. (Peisson, dans Le bon usage.)
Je crois donc que l'on peut laisser l'adjectif invariable ou le faire accorder en nombre, au choix.
Line Gingras
Québec
02:42 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : langue française, grammaire, orthographe.
Commentaires
En France on connaît évidemment les femmes chics (dont je ne suis pas) mais j'ai, en effet, toujours été convaincue par cet accord et suis surprise de l'indétermination de Grévisse !
Sans doute faut-il expliquer cette particularité par la nature du mot qui peut aussi être un nom...
Ne dit-on pas le "chic parisien" ! Un mythe d'ailleurs !
Écrit par : Rosa | 26 janvier 2007
Littré considère également l'adjectif comme invariable... Je préfère pour ma part suivre Proust qui s'y connaissait dans ce domaine !
Écrit par : Rosa | 26 janvier 2007
Il faut plutôt remonter à l'origine du mot qu'à sa nature. C'est un terme d'origine onomatopéique, tiré d'un verbe allemand et assez récent en français. Un peu comme choc. Comme on n'arrive pas à le ranger dans les formations d'adjectifs usuels (qui ont leur propre suffixation), on a tendance à être prudent. Ainsi, un adjectif issu d'une onomatoée ou d'une interjection n'est pas variable (une femme olé-olé). De même, les adjectifs issus de termes étrangers (une femme sexy). Bien sûr, on peut l'aligner sur public, laïc, mais les adjectifs en -ic et -ique sont vraiment trop peu nombreux pour donner une règle.
Écrit par : Dominique | 26 janvier 2007
Merci pour cette précision...
Toutefois, selon Robert, le mot allemand ne correspond pas à une interjection mais à un nom : "Geschik" qui signifie"tenue"... L'interjection ne vient qu'en dernier donc n'est pas à l'origine du mot... En revanche l'origine étrangère du mot serait une explication plausible...
Écrit par : Rosa | 26 janvier 2007
Geschick est un déverbal comme en témoigne son affixe Ge-, marque proprement verbale. Le DHLF fait remonter le terme à Schick (allemand du Sud-Est) pour “manière, bon ordre”, voire “convenance, savoir-faire”, du verbe schicken “faire que quelque chose arrive, apprêter, arranger”. Je passe quelques explications et j'ajoute simplement que c'est selon une autre hypothèse en rapport avec chicaner ou le lorrain et wallon chiquer (donner un petit coup). Et le tout remonterait alors bien à une formation onomatopéique.
Écrit par : Dominique | 26 janvier 2007
J'abdique !
Écrit par : Rosa | 26 janvier 2007
Les commentaires sont fermés.