09 septembre 2007
Être sous l'impression que
« Louise Beaudoin était sous l’impression que le premier ministre Lévesque y amenait* une tonne de dossiers. Son amie Francine a corrigé. Celui-ci arrivait souvent les mains dans les poches. » (Michel Corbeil, dans Le Soleil.)
D'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, la locution être sous l'impression, employée au sens de « croire », « s'imaginer », est calquée sur l'anglais to be under the impression. On dit plutôt j'ai l'impression que ou j'ai l'impression de + infinitif :
Plus tard, j'ai eu l'impression que cette nuit avait pesé lourd dans ma destinée. (Aragon, dans le Lexis.)
J'ai l'impression d'avoir le cœur sec. (Pialat, dans le Petit Robert.)
J'ai l'impression qu'il dit la vérité, de l'avoir déjà rencontré. (Multidictionnaire.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne sous l'impression de, suivie d'un nom ou, rarement, d'un infinitif; cette tournure rend cependant l'idée de « sous l'effet, l'empire, l'influence de quelque chose » :
Mon esprit était alerte comme si j'avais été sous l'impression du haschisch. (Tharaud.)
Le faubourg Saint-Germain restait encore sous l'impression d'avoir appris qu'à la réception pour le roi et la reine d'Angleterre, la duchesse n'avait pas craint de convier M. Detaille. (Proust.) [Le faubourg Saint-Germain a été frappé par la nouvelle.]
Bien entendu, dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas ce qu'on a voulu dire :
Louise Beaudoin avait l'impression que le premier ministre Lévesque...
Line Gingras
Québec
* À mon avis, c'est plutôt apportait qu'on devrait lire ici. Mais nous reviendrons là-dessus.
« Dans l'antre de René Lévesque » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070907/CPSOLEIL/70906...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, anglicisme, journalisme
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