21 novembre 2010
Réfléchir à quitter ses fonctions
Réfléchir à + infinitif; réfléchir à faire quelque chose; grammaire française; syntaxe du français.
- Vaillancourt doit réfléchir à quitter ses fonctions chez Hydro, dit Normandeau
(Titre de deux articles : celui de PC dans Le Devoir, et celui de Denis Lessard dans La Presse du 19 novembre 2010.)
Le verbe songer peut s'employer avec à suivi d'un infinitif :
Il faut songer à partir. (Petit Robert.)
Songez à dire cela. (Hanse-Blampain.)
Songer à vendre une maison. (Trésor de la langue française informatisé.)
Les élèves songent à acheter un hamster pour la classe. (Multidictionnaire.)
Pas une seconde, je n'ai songé à vous retirer mon estime. (Troyat, dans le Lexis.)
J'ai songé à consacrer cette fortune à poursuivre l'assèchement des marécages. (Audiberti, dans le Lexis.)
D'après ce que je vois dans les dictionnaires, toutefois, le verbe réfléchir ne se construit pas de cette façon :
Réfléchis à ce que tu dis. (Petit Robert.)
Réfléchissez aux conséquences. (Hanse-Blampain.)
Il réfléchit à la question posée. (Multidictionnaire.)
Réfléchissez aux suites de cette décision. (Multidictionnaire.)
Il donnait à Hilzonde quinze jours pour réfléchir à ce projet. (Yourcenar, dans le Lexis.)
... il faut bien aimer un homme pour ne réfléchir à rien, pour oublier toutes les convenances. (Balzac, dans le Trésor.)
Je proposerais donc :
Vaillancourt doit songer à quitter ses fonctions...
Line Gingras
Québec
« Vaillancourt doit réfléchir à quitter ses fonctions chez Hydro, dit Normandeau » :
http://www.ledevoir.com/politique/quebec/311320/vaillancourt-doit-reflechir-a-quitter-ses-fonctions-chez-hydro-dit-normandeau
http://www.cyberpresse.ca/actualites/dossiers/le-monde-municipal-en-crise/201011/19/01-4344383-vaillancourt-doit-reflechir-a-quitter-ses-fonctions-chez-hydro-dit-normandeau.php
03:03 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 novembre 2010
Tout tourne
- Les célébrations du centième anniversaire de la mort de Léon Tolstoï, décédé il y a cent ans aujourd'hui, a beaucoup tourné jusqu'ici autour du curieux couple qu'il faisait avec Sophie Bers...
(Victor-Lévy Beaulieu, dans Le Devoir du 20 novembre 2010.)
Le verbe s'accorde avec son sujet, ou plus précisément avec le noyau du groupe sujet :
Les célébrations [...] ont beaucoup tourné...
* * * * *
-
Mais il lui cacha tout de même l'essentiel : le fait qu'il avait une maîtresse, fille de serf, d'une grande beauté, et qui l'aimait comme aimait en ce temps les filles de serfs, inconditionnellement.
Sa maîtresse l'aimait comme les filles de serfs aimaient en ce temps-là.
Line Gingras
Québec
« Salon du livre de Montréal – Tolstoï, l'anarchiste et le révolutionnaire » : http://www.ledevoir.com/culture/livres/311332/salon-du-livre-de-montreal-tolstoi-l-anarchiste-et-le-revolutionnaire
05:50 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
19 novembre 2010
Révélation
- La sévérité de la mesure illustre le marasme économique dans lequel est plongé le Royaume uni, lui qui fut pourtant le fer de lance du modèle néolibéral en Europe. Mais il est surtout révélateur des choix que ce pays est en train de faire.
(Christian Rioux, dans Le Devoir du 19 novembre 2010.)
Il me semble que c'est la sévérité de la mesure qui est révélatrice :
La sévérité de la mesure illustre [...] Mais elle est surtout révélatrice des choix que ce pays est en train de faire.
* * * * *
D'après Termium, le Guide du rédacteur et le Petit Robert des noms propres, on écrit Royaume-Uni.
Line Gingras
Québec
« Des nouvelles de Londres » : http://www.ledevoir.com/international/europe/311295/des-nouvelles-de-londres
07:36 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 novembre 2010
Rassurer les lecteurs que...
Rassurer quelqu'un que...
- Mais en toute fin de compte, l'enjeu ne se trouverait peut-être pas dans le positionnement du livre numérique mais dans la préservation du pouvoir des mots. Le défi serait de rassurer les lecteurs que l'image qu'ils se font du baiser déposé sur une épaule moite décrit avec les mots d'Ohran Pamuk provoque plus de frissons que celle proposée par un réalisateur cinématographique.
(Kim Thuy, dans Le Devoir du 17 novembre 2010.)
La construction rassurer quelqu'un que me paraît douteuse. Les dictionnaires que j'ai consultés (Petit Robert, Lexis, Multidictionnaire, Trésor de la langue française informatisé) ne la reçoivent pas, mais proposent entre autres les exemples suivants :
Rassurer la population au sujet de la guerre. (Petit Robert.)
Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire un discours. (Petit Robert.)
Elle redoutait un nouveau départ. Je la rassurai en l'invitant à tenir le dîner prêt pour six heures. (France, dans le Trésor.)
Les renseignements des banques achevèrent de me rassurer sur mon bonheur. (Mauriac, dans le Trésor.)
On aurait peut-être pu écrire :
Le défi serait de rassurer les lecteurs en leur disant que l'image qu'ils se font...
Le défi serait de rassurer les lecteurs : l'image qu'ils se font...
Le défi serait de convaincre les lecteurs que l'image qu'ils se font...
Line Gingras
Québec
« Un livre numérique timide mais déterminé » : http://www.ledevoir.com/culture/livres/311137/un-livre-nu...
06:29 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 novembre 2010
Une ville bucolique
Bucolique.
-
« Quand je suis arrivé dans la région, il y a trois ans, la capitale [Mogadiscio] était contrôlée par le gouvernement et gardée par les soldats éthiopiens », se souvient Luis Neira. Ce n'était pas une ville bucolique où aller prendre un verre sur une terrasse après le boulot, bien sûr. Mais au moins, il était possible de circuler sur tout son territoire.
(Agnès Gruda, dans La Presse du 22 septembre 2010.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé, bucolique se dit de ce « qui concerne, évoque la poésie pastorale » (Petit Robert) ou « qui a rapport avec la campagne, la vie simple et paisible des gardiens de troupeaux » (Trésor) :
Je vis aux champs; j'aime et je rêve;
Je suis bucolique et berger...
(Hugo, dans le Trésor.)
Ces bois semés de prairies qui se succédaient dans un seul et même paysage bucolique et farouche. (Kessel, dans le Lexis.)
Il me semble donc qu'aucune ville, si paisible, agréable ou accueillante soit-elle, ne saurait être qualifiée de bucolique.
Line Gingras
Québec
« Cruel dilemme somalien » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/agnes-gruda/201009/22/01-4317896-cruel-dilemme-somalien.php
04:44 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 novembre 2010
Avoir accès à des archives accessibles
- Le maître d'œuvre du Livre noir du communisme (Pocket), vendu à 250 000 exemplaires et traduit en 26 langues, fut un des premiers historiens français à avoir accès aux archives de l'Internationale communiste, rendues soudainement accessibles en 1992 par l'ancien président Boris Eltsine.
(Christian Rioux, dans Le Devoir du 15 novembre 2010.)
... fut un des premiers historiens français à pouvoir consulter les archives de l'Internationale communiste, rendues soudainement accessibles en 1992 par l'ancien président Boris Eltsine.
Line Gingras
Québec
« L'entrevue – Le siècle du totalitarisme » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/311009/l-entrevue-le-siecle-du-totalitarisme
06:24 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 novembre 2010
Pour se faire
Pour se faire ou pour ce faire.
- Pour se faire, quelques coups de téléphone réguliers suffisent, mais d'autres accusés sont moins chanceux.
(Valérian* Mazataud, dans Le Devoir du 12 novembre 2010.)
Nous n'avons pas ici un pronom réfléchi (comme dans il faut de l'argent pour se faire élire), mais un démonstratif :
Pour ce faire [= pour faire cela], quelques coups de téléphone réguliers suffisent...
Line Gingras
Québec
* Le prénom de monsieur Mazataud est orthographié Valerian dans le site du Devoir, et Valérian dans la version PDF.
« G20 de Toronto – En prison dans la communauté » : http://www.ledevoir.com/societe/justice/310804/g20-de-toronto-en-prison-dans-la-communaute
02:21 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias