16 juin 2013
Ce dont il dénonce, c'est le peu de temps qu'il dispose*
Que ou dont; grammaire française; syntaxe du français.
- Cherchant à montrer qu’il pouvait tenir ses promesses électorales dans le peu de temps qu’il dispose avant que l’opposition ne le fasse tomber, il a multiplié les projets de loi et les nouvelles politiques.
(Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 15 juin 2013.)
Le pronom relatif que peut être complément d'objet direct :
Il fait chaque année un séjour dans chacune des huit maisons qu'il possède.
On ne dispose pas un certain temps, toutefois, mais d'un certain temps; ce complément d'objet indirect ne peut pas être représenté par le pronom que, mais plutôt par dont :
Cherchant à montrer qu’il pouvait tenir ses promesses électorales dans le peu de temps dont il dispose avant que l’opposition ne le fasse tomber, il a multiplié les projets de loi et les nouvelles politiques.
* * * * *
- Il en est ressorti une impression d’improvisation dont les partis d’opposition n’ont eu de cesse de dénoncer sur le mode « le gouvernement Marois recule une autre fois ».
Cette fois c'est l'inverse : on a utilisé dont là où il faudrait que. Le verbe dénoncer appelle en effet un complément d'objet direct, fonction que ne peut remplir le relatif dont. On dénonce quelqu'un ou quelque chose, dans ce cas-ci une impression d'improvisation, et non de quelqu'un ou de quelque chose, d'une impression d'improvisation. Il fallait écrire :
Il en est ressorti une impression d’improvisation que les partis d’opposition n’ont eu de cesse de dénoncer, sur le mode « le gouvernement Marois recule une autre fois ».
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 16 juin à 21 h, je vois que les deux fautes ont été corrigées.
« Gouvernement Marois – Où donc loge-t-il? » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/380880/ou-donc-l...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
04:03 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 juin 2013
On leur empêche de jouer au ballon rond
- Cette suspension empêche les équipes québécoises de participer à des compétitions interprovinciales ou nationales, mais aussi aux équipes des autres provinces de prendre part à des matchs au Québec.
(Éliane Brisebois, dans Le Devoir du 15 juin 2013.)
On empêche quelqu'un, et non à quelqu'un, de faire quelque chose (j'en ai déjà parlé ici) :
Cette suspension empêche les équipes québécoises de participer à des compétitions interprovinciales ou nationales, mais aussi les équipes des autres provinces de prendre part à des matchs au Québec.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Turban au soccer – Marois indignée » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/380939/marois-in...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
02:27 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 juin 2013
Trop ou pas assez
- [...] le droit du public à l’information, la liberté comme la pluralité d’expressions* ont été réduites à une peau de chagrin [...]
(Serge Truffaut, dans Le Devoir du 13 juin 2013.)
À ma connaissance, expression est toujours au singulier dans liberté d'expression; il me semble en outre que pluralité n'évoque pas ici un grand nombre d'expressions, mais de possibilités de s'exprimer. Quant au participe passé du verbe réduire, il doit s'accorder avec les trois sujets, droit, liberté et pluralité. On aurait pu écrire, à mon avis :
[...] le droit du public à l’information, la liberté comme la pluralité d’expression ont été réduits à une peau de chagrin [...]
* * * * *
- Car, il faut le rappeler et le souligner, depuis le Traité* d’Amsterdam signé en 1997 et plus précisément du* Protocole sur l’audiovisuel inclus alors, la présence d’un service public fort et indépendant est « directement lié* aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société et au besoin de préserver le pluralisme des médias. »*
Cette phrase appelle quatre observations :
- D'après le Multidictionnaire, les génériques comme traité, accord, convention, pacte « s'écrivent avec une minuscule lorsqu'ils sont suivis d'un nom propre ». Exemple : Le traité de Versailles.
- Le traité d'Amsterdam ne saurait être le traité du Protocole; on voulait dire depuis le Protocole.
- C'est la présence d'un service public qui est liée aux besoins. Si la citation est reproduite telle quelle, soit le participe passé est mal accordé et on devait le signaler par la mention sic, soit il se rapporte à un nom masculin et on devait en tenir compte dans la formulation de la phrase principale.
- Lorsqu'une citation est insérée dans une phrase, la ponctuation de la phrase (ici le point final) se met à l'extérieur des guillemets.
Il aurait fallu écrire :
Car, il faut le rappeler et le souligner, depuis le traité d’Amsterdam signé en 1997 et plus précisément le Protocole sur l’audiovisuel inclus alors, la présence d’un service public fort et indépendant est « directement liée aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société et au besoin de préserver le pluralisme des médias ».
Car, il faut le rappeler et le souligner, depuis la signature du traité d’Amsterdam, en 1997, et plus précisément du Protocole sur l’audiovisuel inclus alors, la présence d’un service public fort et indépendant est « directement liée aux besoins démocratiques, sociaux et culturels de toute société et au besoin de préserver le pluralisme des médias ».
* * * * *
- Comme si certaines* vertus ou défauts étaient exclusives* à tel peuple.
Comme si certaines vertus ou certains défauts étaient exclusifs à tel peuple.
* * * * *
- Oui, les grecs* magouillent.
Les noms de peuples prennent la majuscule :
Oui, les Grecs magouillent.
* * * * *
- En un mot, la démocratie européenne est intoxitée*. Par quoi? Les erreurs monstrueuses.
La démocratie européenne est intoxiquée, j'imagine.
Ces phrases sont les dernières de l'éditorial.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 16 juin à 21 h 45, je vois que neuf fautes sur dix ont été corrigées. Elles sont signalées par un astérisque.
« Fermeture de l'audiovisuel grec – Déni de justice » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
16:54 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 juin 2013
Elle s'est rappelée cet anniversaire
Se rappeler; accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.
- C’est la seule qui s’est rappelée* le dixième anniversaire de la mort de Pierre Bourgault.
(Stéphane Baillargeon, dans Le Devoir du 8 juin 2013.)
Dans presque tous les cas**, lorsque le verbe pronominal a un complément d'objet direct (c.o.d.), c'est avec ce complément, s'il précède le verbe, que s'accorde le participe passé. Si le c.o.d. vient après le verbe, le participe passé reste invariable.
C'est la seule qui a rappelé quoi? Le dixième anniversaire de la mort de Pierre Bourgault. Le c.o.d. étant placé après le verbe, le participe passé ne doit pas s'accorder :
C’est la seule qui s’est rappelé le dixième anniversaire de la mort de Pierre Bourgault.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 16 juin à 22 h, je vois que la faute a été corrigée.
** Font exception s'écrier et s'exclamer; ces deux verbes essentiellement pronominaux s'accordent avec le sujet, « même s'ils ont comme complément d'objet direct une interjection ou une proposition » (Hanse et Blampain) : « Attention! » s'est-elle écriée. Ils se sont exclamés que c'était trop injuste.
« Bourgault, vies et destin » : http://www.ledevoir.com/societe/medias/380067/bourgault-v...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
05:47 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
12 juin 2013
L'autorisation n'est-il pas un risque?
- L’autorisation, à certains, de porter des signes religieux, n’est-il* pas un risque de « susciter le ressentiment »?
(Antoine Robitaille, dans Le Devoir du 12 juin 2013.)
Je suggérerais :
L’autorisation, accordée à certains, de porter des signes religieux ne risque-
t-elle pas de « susciter le ressentiment »?
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
* Le 17 juin, je vois que l'on a mis le pronom au féminin.
« Turbans au soccer – Neutralité justifiée » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/380492/neutralit...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
03:42 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
11 juin 2013
Pour l'immigration et récupérer leurs bagages
- Quant à l’aéroport international Toussaint Louverture, les passagers y disposent maintenant de deux nouvelles salles pour l’immigration et récupérer leurs bagages.
(Hélène Clément, dans Le Devoir du 8 juin 2013.)
Il serait souhaitable que les deux compléments introduits par la préposition pour soient de même nature :
Quant à l’aéroport international Toussaint Louverture, les passagers y disposent maintenant de deux nouvelles salles pour l’immigration et pour la récupération [ou la livraison, la réception] des bagages.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« Un Sud pas comme les autres » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/voyage/380210/un-sud...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
03:28 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
10 juin 2013
Certaines perceptions à l'effet qu'ICI, on a commis un anglicisme
- Dans la foulée de l'annonce officielle de l'adoption du terme ICI pour désigner toutes les plateformes des Services français de Radio-Canada, il me paraît important de corriger certaines perceptions à l'effet qu'il s'agirait d'un changement du nom de l'entreprise.
(Communiqué de Louis Lalande, vice-président principal de Radio-Canada, dans Le Soleil du 7 juin 2013.)
Je l'ai déjà signalé : d'après le Multidictionnaire, le Dagenais, le Chouinard et le Colpron, la locution à l'effet que est le calque de l'anglais to the effect that. On aurait pu écrire, par exemple :
Dans la foulée de l'annonce officielle de l'adoption du terme ICI pour désigner toutes les plateformes des Services français de Radio-Canada, il me paraît important de corriger certaines perceptions suivant lesquelles il s'agirait d'un changement du nom de l'entreprise.
ICI on était drôlement pressé, à ce qu'il paraît.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« ICI, c'est ICI Radio-Canada » : http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/points-de-vue/2...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
18:55 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
Trop de façons
- Non seulement l’art attire plus que jamais les patrons du capitalisme, mais il a façonné une nouvelle façon de vivre, soutiennent Gilles Lipovetsky et Jean Serroy.
(Jean-François Nadeau, dans Le Devoir du 8 juin 2013.)
Je suggérerais :
Non seulement l’art attire plus que jamais les patrons du capitalisme, mais il a modelé une nouvelle façon de vivre, soutiennent Gilles Lipovetsky et Jean Serroy.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec
« En aparté – Voyez le portrait » : http://www.ledevoir.com/culture/livres/380080/voyez-le-po...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
03:51 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias