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07 juin 2014

Il a resté prudent

Il a resté, il est resté; rester, avec être ou avoir; rester, choix de l'auxiliaire; grammaire française.

  • Le ministre de la Justice, Peter MacKay, a pour sa part resté prudent lorsque la question sur le contrôle des armes à feu lui a été posée.
    (Mélanie Loisel, dans Le Devoir du 6 juin 2014.)

D'après ce que je vois dans le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le verbe rester doit se conjuguer avec l'auxiliaire être (« dans tous les cas », précise le Hanse-Blampain) :

Il ne lui est resté que l'espérance. (Hanse-Blampain.)

La tache est restée, malgré les lavages répétés. (Petit Robert.)

Sa propre enfance […] lui était restée sur l'estomac comme un chocolat chaud sur des œufs brouillés. (M. Dugain, dans le Petit Robert.)

La France [...] est restée un pays fortement centralisé. (Léon Duguit dans le Grand Robert, à l'article « centraliser ».)

Je lis toutefois la remarque suivante dans le Grand Robert :

« Conjugué de nos jours avec l'auxiliaire être, sauf dans certains emplois dialectaux, rester prenait autrefois (et encore au xixe s.) être ou avoir. »

Voltaire écrivait ainsi :

J'ai resté huit jours dans la maison pour voir si je pourrais y travailler le jour et y dormir la nuit […] (Grand Robert.)

Mais Zola :

À Solférino, c'était dans un champ de carottes, nous y sommes restés cinq heures, le nez par terre. (Grand Robert.)

Aujourd'hui, il faudrait donc écrire :

Le ministre de la Justice, Peter MacKay, est pour sa part resté prudent lorsque la question sur le contrôle des armes à feu lui a été posée.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Moncton en alerte » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/410...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

06 juin 2014

Content, contents

  • Ce que le Canadien de Montréal nous fait vivre depuis le début des séries n'est pas banal. Il nous offre une raison d'être content en même temps.
    (Stéphane Laporte, dans La Presse du 18 mai 2014.)

Le sujet implicite du verbe être, avec lequel doit s'accorder l'attribut content, c'est le pronom nous, qui désigne ici l'ensemble des Québécois :

Ce que le Canadien de Montréal nous fait vivre depuis le début des séries n'est pas banal. Il nous offre une raison d'être contents en même temps.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« La fête du hockey » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

04 juin 2014

Une révélation désopilante

Désopilant ou désolant; paronymes.

  • Le problème, c’est qu’il existe déjà un parti qui incarne ces mêmes valeurs, Québec solidaire. Problème aggravé par le fait que le terrain « de gauche » qu’occupe QS — et c’est l’autre désopilante révélation de ce sondage — se porte assez mal merci.
    (Francine Pelletier, dans Le Devoir du 4 juin 2014.)

Un lecteur me signale cet emploi de l'adjectif désopilant — emploi qui paraît bien étrange, dans le contexte. La chroniqueuse écrit en effet, au début de son article :

Comme si les nouvelles n’étaient pas suffisamment déprimantes (déficits, décroissance, désastres environnementaux…), la « radiographie d’une génération » proposée par le dernier sondage CROP-La Presse pourrait plomber le moral pour de bon.

Et encore, un peu plus bas :

Le sondage peint un portrait d’un Québec désengagé, ignorant de son passé et replié sur lui-même.

Il n'y a rien là de comique ni de réjouissant. Or, désopilant signifie « hilarant » (Multidictionnaire), « qui fait rire de bon cœur » (Petit Robert), « qui fait rire de bon cœur, très amusant, très drôle » (Grand Robert), « qui provoque le rire ou déchaîne la gaieté » (Trésor de la langue française informatisé); il « se dit d'une personne ou d'une chose qui fait beaucoup rire » (Lexis).

Madame Pelletier a sans doute voulu parler d'une révélation désolante. Une syllabe de plus ou de moins...

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Le mur » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/409964/le-mur

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

03 juin 2014

Nul

  • Étant tous tenus à un secret d’élection papale, nul ne pouvait toutefois s’épancher publiquement.
    (Josée Boileau, dans Le Devoir du 28 mai 2014.)

Le sujet implicite de étant tenus devrait être le même que celui du verbe de la proposition principale :

Étant tous tenus à un secret d’élection papale, ils ne pouvaient toutefois s’épancher publiquement.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« Nadon… et les autres » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/409353/nominatio...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

02 juin 2014

En intervenant en restreignant les interventions

  • Ici, le gouvernement Harper fait un pas de plus en intervenant dans le domaine moral en restreignant les interventions autorisées dans le domaine de la planification familiale et en refusant tout appui à la pratique d’avortements.
    (Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 31 mai 2014.)

En intervenant... en restreignant, ce n'est pas très heureux; en intervenant... en restreignant les interventions, ce l'est encore moins. Je suggérerais :

Ici, le gouvernement Harper fait un pas de plus en intervenant dans le domaine moral : il restreint les mesures autorisées en planification familiale et refuse tout appui à la pratique d’avortements.

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« La morale Harper » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/409726/sante-mat...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.