25 janvier 2015
Un renvoie devant un juge
Un renvoie ou un renvoi; orthographe.
- Elle requiert huit mois de prison, « ce qui [lui] paraît justifié », ainsi qu’un renvoie devant un juge d’application des peines.
(Hélène Deplanque dans le site de Libération, le 20 janvier 2015 à 17 h 1.)
Nous n'avons pas affaire au verbe renvoyer, mais au nom renvoi :
Ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. (Petit Robert.)
Elle requiert huit mois de prison, « ce qui [lui] paraît justifié », ainsi qu’un renvoi devant un juge d’application des peines.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« "Le tribunal a jugé votre comportement inadmissible, compte tenu des faits récents d'attentat" » : http://www.liberation.fr/societe/2015/01/20/le-tribunal-a...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:11 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
23 janvier 2015
Odieux
- On peut certes trouver odieux la tentative de récupération de cet événement tragique par le parti de M. Harper [...]
(Amir Khadir, dans Le Devoir du 14 janvier 2015.)
On peut trouver que la tentative de récupération est odieuse; on peut trouver la tentative odieuse. L'adjectif attribut du complément d'objet direct doit s'accorder avec ce complément, même s'il y a inversion :
On peut certes trouver odieuse la tentative de récupération de cet événement tragique par le parti de M. Harper [...]
* * * * *
- Mais je voudrais nous rappeler qu’un régime similaire existe déjà. Il s’appelle l’Arabie saoudite. Où, pour la seule période du 4 et 22 août 2014, Amnistie internationale y dénonce pas moins de 22 exécutions, la plupart par décapitation!
Trois observations :
- Je ne dirais pas que le régime s'appelle l'Arabie saoudite, mais qu'il est celui de l'Arabie saoudite.
- Il s'agit évidemment de la période du 4 au 22 août.
- Les pronoms où et y font double emploi.
On aurait pu écrire :
Mais je voudrais nous rappeler qu’un régime similaire existe déjà. C'est celui de l’Arabie saoudite. Où, pour la seule période du 4 au 22 août 2014, Amnistie internationale y dénonce pas moins de 22 exécutions, la plupart par décapitation!
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Un "Charlie" nommé Badawi » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/428819/un-charli...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:16 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
22 janvier 2015
L'adjectif ne remplace pas le nom
- Il y a subtilement la tentation de faire porter aux victimes un peu du poids d'assassinats insensés. De leur trouver une logique, comme si on avait pu les éviter. Il y a risque d'internaliser la mécanique terroriste, de les croire sur parole.
(Yves Boisvert, dans La Presse du 10 janvier 2015.)
Il y a risque de croire non pas les victimes, non pas les assassinats, mais les terroristes; cependant, l'adjectif terroriste ne peut pas renvoyer au nom. Je suggérerais :
Il y a risque d'internaliser la mécanique terroriste, de croire les tueurs sur parole.
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-
Ce qui est visé, ce n'est pas la politique de Harper ou d'Obama ou des socialistes français – un des seuls pays occidentaux à avoir soutenu les démarches de l'Autorité palestinienne, par exemple.
Les socialistes et autres -istes, de quelque nationalité qu'ils soient, ne sont pas un pays; les adjectifs de nationalité non plus. On pouvait écrire :
Ce qui est visé, ce n'est pas la politique de Harper ou d'Obama ou des socialistes français – la France est un des seuls pays occidentaux à avoir soutenu les démarches de l'Autorité palestinienne, par exemple.
Line Gingras
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« C'est le fanatisme, pas la religion » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/yves-boisvert/20...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:07 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
21 janvier 2015
Les pays musulmans et ses fatwas
- Deux semaines après les attentats contre Charlie Hebdo, il est de plus en plus tentant de voir le monde divisé en deux : l’Occident et ses libertés d’un côté, les pays musulmans et ses fatwas de l’autre.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 21 janvier 2015.)
Deux possibilités :
[...] l’Occident et ses libertés d’un côté, les pays musulmans et leurs fatwas de l’autre.
[...] l’Occident et ses libertés d’un côté, le monde musulman et ses fatwas de l’autre.
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-
Notre incapacité de juger adéquatement des événements est particulièrement mise à épreuve maintenant qu’arrive ce qui ne devait pas arriver : le combat terrestre.
D'après tous les exemples que je trouve dans le Petit Robert, on dit et on écrit mise à l'épreuve. Par ailleurs, il me semble que c'est notre capacité, plutôt que notre incapacité de juger adéquatement, qui est mise à l'épreuve, c'est-à-dire qui est soumise à un test devant permettre de se faire une opinion sur sa valeur :
Notre capacité de juger adéquatement des événements est particulièrement mise à l'épreuve maintenant qu’arrive ce qui ne devait pas arriver : le combat terrestre.
Line Gingras
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« Le choc des civilisations » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:53 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 janvier 2015
Il se moque
- Il se moque des économistes qui se proposent de quantifier le bonheur avec le PIB, et les altermondialistes qui en font autant du développement durable.
(David Desjardins, dans Le Devoir du 17 janvier 2015.)
Il ne s'agit pas de quantifier les altermondialistes, mais de se moquer d'eux :
Il se moque des économistes qui se proposent de quantifier le bonheur avec le PIB, et des altermondialistes qui en font autant du développement durable.
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-
Et que l’on se rend compte que, malgré toute notre volonté de demeurer critique, la morale qu’elle sous-tend nous a souvent infectés.
Le sujet implicite de demeurer, verbe attributif, c'est nous (un nous pluriel, comme l'indique l'accord du participe infectés) :
Et que l’on se rend compte que, malgré toute notre volonté de demeurer critiques, la morale qu’elle sous-tend nous a souvent infectés.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Leur règne absolu » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/429...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:00 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
19 janvier 2015
L'association s'est indigné
- [...] l’association Dessins pour la paix, mise au monde par le caricaturiste du quotidien Le Monde Plantu, et dont Cabu était membre, s’est indigné devant l’attaque terroriste dont a été victime la rédaction de Charlie Hebdo, appelant à la résistance face à l’obscurantisme [...]
(Fabien Deglise, dans Le Devoir du 8 janvier 2015.)
Comme le signale Marie-Éva de Villers, le participe passé du verbe pronominal s'indigner s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet du verbe :
[...] l’association Dessins pour la paix, mise au monde par le caricaturiste du quotidien Le Monde Plantu, et dont Cabu était membre, s’est indignée devant l’attaque terroriste dont a été victime la rédaction de Charlie Hebdo, appelant à la résistance face à l’obscurantisme [...]
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Indignation et résistance » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/428...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:08 Publié dans Cultiver le doute, Le billet du dimanche, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias