10 janvier 2011
Nombreux ont cru
Nombreux utilisé comme pronom; grammaire française.
- Mais vous ne pouvez pas savoir à quel point ces synthèses ont représenté un défi pour nos journalistes [...] Nombreux ont cru ne pas y arriver, mais tous se sont surpris à se passionner pour ce plongeon dans notre mémoire collective.
(Josée Boileau, dans Le Devoir du 10 janvier 2011.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, nombreux est toujours adjectif – au contraire de plusieurs, qui s'emploie comme adjectif ou comme pronom :
D'autres dormaient dans des coins; plusieurs mangeaient. (Flaubert, dans le Petit Robert.)
De nombreuses familles ont protesté. (Petit Robert.)
Ils vinrent nombreux à notre appel. (Petit Robert.)
[Nombreux est ici attribut du sujet.]
Nombreux sont ceux qui... (Petit Robert.)
[Le sujet est inversé dans cette phrase, qui équivaut à : Ceux qui (...) sont nombreux.]
Il y avait de nombreux escaliers pour passer de terrasse en terrasse. (Giono, dans le Lexis.)
Ils étaient nombreux à attendre : des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, une vraie cohue. (Beauvoir, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Comme l'équipe du Devoir n'est pas bien... nombreuse, il suffisait d'écrire à mon avis :
... Plusieurs ont cru ne pas y arriver...
Line Gingras
Québec
« Cent ans entre vous et nous » : http://www.ledevoir.com/societe/medias/314347/cent-ans-entre-vous-et-nous
05:24 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 janvier 2011
Elles font faces à des accusations
Ils font faces; elles font faces; nous faisons faces; faire face ou faire faces; orthographe.
- Ces deux personnes font faces à des accusations liées aux stupédiants et à l'application des taxes sur les produits du tabac.
(PC dans Cyberpresse, 8 janvier 2011.)
Dans la locution verbale faire face, face est toujours invariable :
Le long des murs, deux rangées de moines se font face, immobiles. (Green, dans le Petit Robert.)
Ils ont fait face aux épreuves avec courage. (Multidictionnaire.)
Il fallait écrire :
Ces deux personnes font face à des accusations liées aux stupéfiants et à l'application des taxes sur les produits du tabac.
Je signale par ailleurs que le titre de l'article, ci-dessous, contient également une faute d'orthographe : le gentilé, ou nom désignant les habitants d'un lieu, prend la majuscule. On aurait dû écrire : Deux Québécois...
Line Gingras
Québec
« Deux québécois âgés dans la soixantaine arrêtés dans les Maritimes » : http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201101/08/01-4358382-deux-quebecois-ages-dans-la-soixantaine-arretes-dans-les-maritimes.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_BO2_quebec_canada_178_accueil_POS3
05:12 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 janvier 2011
Il s'est dit fier par le succès...
- Tout aussi emballé que son frère, Anton s’est dit « surpris et fier » par le succès de la Marche bleue...
(Isabelle Porter, dans Le Devoir du 3 octobre 2010.)
Surpris étant un participe passé, on peut être surpris par quelque chose; mais on est fier de quelque chose, et non par :
Tout aussi emballé que son frère, Anton s’est dit « surpris et fier » du succès de la Marche bleue...
Surpris peut s'employer avec l'une ou l'autre préposition :
Le vicomte avait été surpris par la venue inopinée du comte de Poitiers, son suzerain, lequel lui avait demandé l'hospitalité à l'improviste avec une suite de plus de cent chevaliers. (Faral dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « accueillir ».)
... il tomba à grands coups d'épée sur les marauds, qui, surpris de cette agression subite dont ils ne pouvaient se défendre... (Gautier dans le Trésor, à l'article « agression ».)
Line Gingras
Québec
« La Marche bleue envoie un signal fort aux autorités » : http://www.ledevoir.com/sports/hockey/297390/la-marche-bleue-envoie-un-signal-fort-aux-autorites
06:31 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 janvier 2011
Un reportage, c'est quelqu'un?
- Personne, sauf un excellent reportage à Radio-Canada, n'a souligné que les chats domestiques tuent chaque année...
(Louis-Gilles Francœur, dans Le Devoir du 7 janvier 2011.)
Le reporter (ou reporteur) est membre de l'espèce humaine; le reportage, non :
Personne, sauf les auteurs [ou l'auteur, selon le cas] d'un excellent reportage à Radio-Canada, n'a souligné...
Nulle part, sauf dans un excellent reportage à Radio-Canada, on n'a souligné...
* * * * *
- En détournant les eaux de la tête de la Caniapiscau vers les turbines de la Baie James, les caribous avaient tiré avantage de la réduction du débit pour traverser la rivière en amont d'une chute.
À la première lecture, on jurerait que les caribous ont détourné les eaux d'une partie de la rivière, mais ce n'est évidemment pas le cas. La phrase serait plus claire si le sujet (implicite) du gérondif, en détournant, était le même que celui de la proposition principale :
En détournant les eaux de la tête de la Caniapiscau vers les turbines de la Baie James, on avait permis aux caribous de profiter de la réduction du débit pour traverser la rivière en amont d'une chute.
On pourrait écrire aussi :
Les eaux de la tête de la Caniapiscau ayant été détournées vers les turbines de la Baie James, les caribous avaient profité de la réduction du débit pour traverser la rivière en amont d'une chute.
Line Gingras
Québec
« Pluie d'oiseaux : pas de quoi fouetter un chat! » : http://www.ledevoir.com/environnement/nature/314172/pluie-d-oiseaux-pas-de-quoi-fouetter-un-chat
05:45 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
06 janvier 2011
La structure des structures
- Les participants ont ensuite subi une imagerie par résonance magnétique dans le but de recueillir des détails sur la structure des diverses structures clés de leur cerveau.
(Pauline Gravel, dans Le Devoir du 28 décembre 2010.)
Je suggérerais peut-être :
... sur la constitution des diverses structures clés de leur cerveau.
... sur les diverses structures clés de leur cerveau.
Line Gingras
Québec
« La sociabilité a son coin de cerveau » : http://www.ledevoir.com/societe/science-et-technologie/313749/la-sociabilite-a-son-coin-de-cerveau
05:58 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 janvier 2011
Petits pêchés
- Le Devoir s'est entretenu avec un représentant de l'Association pétrolière et gazière du Québec afin de faire le bilan de la dernière année et de voir de ce qui se prépare pour les années à venir.
(Alexandre Shields, dans Le Devoir du 5 janvier 2011.)
... et de voir ce qui se prépare...
* * * * *
-
« C'est une sorte de mea culpa, laisser tomber le représentant de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ). »
« C'est une sorte de mea culpa, laisse tomber le représentant de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ). »
* * * * *
-
En fait, M. Gosselin juge que les entreprises qui ont mis la main sur les permis d'exploration au fil des dernières années ont peut-être pêché par excès de confiance.
... ont peut-être péché par excès de confiance.
* * * * *
-
... tout en prédisant une conversion massive au gaz « Québécois ».
L'adjectif prend la minuscule :
... tout en prédisant une conversion massive au gaz « québécois ».
Line Gingras
Québec
« Gaz de schiste : l'industrie essaie d'éteindre les feux après avoir enflammé nos campagnes » : http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/314058/gaz-de-schiste-l-industrie-essaie-d-eteindre-les-feux-apres-avoir-enflamme-nos-campagnes
07:50 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 janvier 2011
Le taxi aurait été soumis?
- ... elle demeure fragile et peine encore à prendre des décisions simples, comme de choisir où s'asseoir dans un taxi, après avoir été soumis pendant des années aux diktats de son ravisseur.
(Marc Thibodeau, dans La Presse du 6 novembre 2010.)
C'est elle qui a été soumise :
... elle demeure fragile et peine encore à prendre des décisions simples [...] après avoir été soumise...
* * * * *
-
Ce n'est finalement qu'après avoir passé le cap des 18 ans que Natascha Kampusch trouve la force de s'enfuir, profitant d'un moment de distraction de son ravisseur alors qu'ils sont dans la cour de la maison. Les premières personnes qu'elles rencontrent lui disent de passer son chemin, inquiètes de son apparence.
De toute évidence, Natascha Kampusch s'est enfuie seule :
Les premières personnes qu'elle rencontre...
Line Gingras
Québec
« Natascha Kampusch : un cauchemar de 3096 jours » : http://www.cyberpresse.ca/international/correspondants/201011/06/01-4339990-natascha-kampusch-un-cauchemar-de-3096-jours.php
05:02 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
03 janvier 2011
Il eut mieux fallu...
- ... pour interdire la diffusion de l'annonce et des 5000 affiches que la SSJB-M en avait tiré.
(Robert Dutrisac, dans Le Devoir du 9 octobre 2010.)
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci est placé devant le verbe. La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal avait tiré quoi? 5000 affiches :
... pour interdire la diffusion de l'annonce et des 5000 affiches que la SSJB-M en avait tirées.
* * * * *
-
« Il eut mieux fallu parler d'une victoire de la liberté de parole », estime Me François Gendron.
Avec l'adverbe mieux, je suis d'avis que Me Gendron n'aurait pas dû employer le verbe falloir, mais plutôt le verbe valoir – au conditionnel passé, et non pas au passé antérieur de l'indicatif. Deux possibilités :
« Il eût mieux valu parler d'une victoire de la liberté de parole », estime Me François Gendron. [Conditionnel passé deuxième forme.]
« Il aurait mieux valu parler d'une victoire de la liberté de parole », estime Me François Gendron. [Conditionnel passé première forme.]
Line Gingras
Québec
« Quelques traîtres mots » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/297788/quelques-traitres-mots
05:50 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
02 janvier 2011
La « tradition » à laquelle il est fait mention
- La « tradition » à laquelle il est fait mention a cours dans les pays anglo-saxons seulement.
(Christophe Huss, dans Le Devoir du 15 décembre 2010.)
Sans doute fait-on allusion à quelque chose, mais on fait mention de quelque chose ou de quelqu'un :
Ce catalogue ne fait pas mention des prix. (Petit Robert.)
Il a fait mention de vos travaux dans son cours. (Lexis.)
Les textes font parfois mention de filles nobles données en mariage à des paysans cossus. (Faral, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On pouvait écrire :
La « tradition » de laquelle il est fait mention [ou dont il est fait mention] a cours dans les pays anglo-saxons seulement.
* * * * *
-
Interrogé par Le Devoir hier, la direction de la communication de l'OSM...
C'est la direction qui a été interrogée par Le Devoir.
Line Gingras
Québec
« Musique classique – Le Messie de Haendel, ou les pièges d'une "tradition" monarchique » : http://www.ledevoir.com/culture/musique/313056/musique-classique-le-messie-de-haendel-ou-les-pieges-d-une-tradition-monarchique
04:22 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
01 janvier 2011
Fringue, fringue sur la rivière
Fringuant ou fringant; participe présent ou adjectif; grammaire française; orthographe.
- Bernard Hopkins voudra prolonger le combat et provoquer des huées qui pourraient affecter son jeune et fringuant rival.
(Ronald King, dans La Presse du 18 décembre 2010.)
Nous n'avons pas affaire ici au participe présent du verbe fringuer, mais à l'adjectif fringant – que l'on peut mettre au féminin ou remplacer par un autre adjectif :
Ces circonstances pourraient affecter sa jeune et fringante rivale.
... provoquer des huées qui pourraient affecter son jeune et fougueux rival.
Il fallait écrire :
Bernard Hopkins voudra prolonger le combat et provoquer des huées qui pourraient affecter son jeune et fringant rival.
Line Gingras
Québec
« Soirée désagréable en vue pour Jean Pascal... » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/ronald-king/201012/18/01-4353670-soiree-desagreable-en-vue-pour-jean-pascal.php
04:05 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias