08 mars 2007
Où il ne sera pas question de la revanche des berceaux
« La protection de l'identité des agents à l'emploi de la CIA comme du Pentagone étant garantie par la loi, une enquête est donc ouverte afin de déterminer qui est à l'origine de cet acte criminel. » (Serge Truffaut.)
La locution à l'emploi de est un anglicisme; j'en ai déjà parlé ici.
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La protection de l'identité des agents de la CIA et du Pentagone est garantie par la loi; on a donc ouvert une enquête...
La conjonction donc s'emploie très correctement, en l'absence de participe présent dans la proposition qui précède, pour indiquer la conséquence. Elle est superflue, toutefois, si l'on utilise déjà un participe présent afin de marquer la cause, comme c'est le cas dans la phrase à l'étude.
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« ... dans son exposé final, le procureur fédéral a précisé que dans les jours suivants l'ouverture du dossier, sa certitude était la suivante... »
Il aurait fallu écrire dans les jours suivant l'ouverture du dossier, parce que nous avons affaire ici au participe présent, et non pas à l'adjectif. Comment en être sûr? Il suffit de remplacer le nom masculin jours, avec lequel devrait effectivement s'accorder suivant s'il était adjectif, par un féminin : ... dans les semaines suivant l'ouverture du dossier, et non pas suivantes l'ouverture.
Comment, par ailleurs, éviter la répétition? Je proposerais :
... il avait acquis une certitude...
... il était certain d'une chose...
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« Cette attitude, à moins qu'elle ne change, est d'autant plus affligeante qu'avec Dick Cheney, nous sommes en présence d'un politicien habité par la revanche. »
Une revanche, d'après le Multidictionnaire, c'est le « fait de reprendre un avantage perdu »; j'ai consulté aussi le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, dont les définitions vont dans le même sens. On prend sa revanche, mais on est habité par un désir de revanche.
Line Gingras
Québec
« Les vices de Cheney » : http://www.ledevoir.com/2007/03/08/133951.html
06:25 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme, journalisme
Commentaires
N'ayant pu avoir accès à l'article, je n'ai pas compris l'allusion aux berceaux.
Écrit par : Rosa | 08 mars 2007
Il s'agit de l'idéologie prônée par le clergé québécois au XIXe s. et au début du XXe s.* : puisque la nation française du Canada avait été défaite dans les plaines d'Abraham, soumise à l'occupant anglais, subissant l'émigration anglo-saxonne, elle devait prendre sa revanche en croissant et multipliant. C'est ainsi qu'un très petit nombre d'émigrants français ont donné naissance à des millions de Québécois et que les noms québécois sont en nombre limité. La revanche des berceaux a été une forme d'opposition jusqu'à la révolution tranquille (et alors a commencé la dénatalité, mais c'est une autre histoire).
*Le clergé avait la main haute sur toute la vie sociale, culturelle, éducative, politique jusqu'à une époque récente.
Écrit par : Dominique | 08 mars 2007
À propos de savoir si un participe présent est ou non un adjectif, le truc proposé ici de transformer le sujet et de le mettre au féminin marche bien. Mais moi, mon truc, c'est que dès que je vois un complément associé au participe, je sais qu'il s'agit bien d'un participe qui ne s'accorde pas. Ici, "suivant" a un complément d'objet direct, "ouverture". Donc, il reste invariable.
Écrit par : Danaée | 08 mars 2007
Dominique je n'ai pas tout compris de la phrase "C'est ainsi qu'un petit nombre d'émigrants français ont donné naissance à des millions de Québécois et que les noms sont en nombre limité" : ils sont en nombre limité mais nombreux ou non ?
Écrit par : Rosa | 08 mars 2007
Excusez-moi je comprends mon erreur en fait il s'agit de familles nombreuses d'où les berceaux...
J'ai vraiment des neurones qui vieillissent...
Écrit par : Rosa | 08 mars 2007
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