15 juillet 2007
Au montant de
« Alcan, l'un des plus beaux joyaux industriels du Canada, ne sera plus canadienne une fois qu'aura été approuvée son acquisition par Rio Tinto au montant de 38 milliards de dollars. » (Bernard Descôteaux.)« Non plus qu'Inco, achetée par la brésilienne CVRD au montant de 19 milliards de dollars. »
Nous utilisons souvent, au Canada, au montant de comme locution prépositive (groupe de mots figé jouant le rôle d'une préposition). Cette expression, toutefois, n'est pas reçue dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main (Petit Robert, Lexis, Trésor de la langue française informatisé); elle est d'ailleurs condamnée par le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron. Selon ces deux derniers ouvrages, il faut y voir le calque de to the amount of :
Un chèque, un mandat, une dette au montant de 50 $ = un chèque, un mandat, une dette de 50 $.
Les exemples qu'ils donnent sont certes différents de ceux qui nous occupent. Je suis néanmoins d'avis qu'il aurait été plus naturel d'écrire :
... son acquisition par Rio Tinto pour la somme de 38 milliards de dollars.
Non plus qu'Inco, achetée par la brésilienne CVRD pour 19 milliards de dollars.
Line Gingras
Québec
« Danger en vue » : http://www.ledevoir.com/2007/07/14/150396.html
06:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
14 juillet 2007
Peut faire mieux
« L'aide offerte par le FMI s'avère aussi lente que totalement inadaptée. Prisonnière de son dogmatisme économique, il s'entête à réclamer... » (Éric Desrosiers.)
L'aide n'est pas prisonnière de son dogmatisme économique; c'est le FMI [Fonds monétaire international], représenté par le pronom il, qui en est prisonnier.
« Ces derniers retrouveront quand même assez rapidement le chemin de la croissance, mais avec moins vigueur qu'auparavant. »« ... l'on ne veut plus jamais être aussi vulnérable aux magouilles des spéculateurs et aux humeurs des marchés financiers, ni d'avoir à s'abaisser à quémander l'aide du FMI. »
... l'on ne veut plus jamais être [...] ni avoir...
« Dans le sud et l'est de l'Asie, on a aussi décidé aussi de se constituer des réserves... »
« Ces réserves atteignent aujourd'hui un niveau astronomique qui dépasse de beaucoup les besoins de créances aussi bien publiques et que privées. »
« Les réserves de devises étrangères de l'ensemble des pays en voie de développement de la région sont en effet passé 250 milliards, en 1997, 2500 milliards aujourd'hui. »
... sont en effet passées de 250 milliards, en 1997, à 2500 milliards aujourd'hui.
Ai-je besoin de le dire? Une bonne relecture n'aurait pas été superflue.
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Petits pépins » : http://www.ledevoir.com/2007/07/09/149822.html
03:33 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
13 juillet 2007
Tout désignée
« ... cette ville est tout désignée pour Yohan... » (Isabelle Légaré, dans Le Nouvelliste.)
Tout, adverbe employé au sens de « tout à fait », « entièrement », est d'ordinaire invariable (voir mon billet du 8 juillet); cependant, il varie « devant un mot féminin commençant par une consonne » (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 955), à l'exception du h muet :
Je l'ai trouvée tout habillée. (Duras.)
Mais n'te promène donc pas toute nue. (Titre d'un vaudeville de Feydeau.)
... cette intarissable adolescence qui continuait à passer, toute hérissée de drapeaux rouges. (Malraux.)
[Citations tirées du Bon usage.]
Il fallait donc écrire :
... cette ville est toute désignée pour Yohan...
Line Gingras
Québec
« Qui prend emploi prend pays » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070712/CPNOUVELLISTE/...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
12 juillet 2007
Champs ou champ, au singulier?
« On entre finalement dans le champs des principes premiers, dit-il, des principes éthiques, moraux, intellectuels. » (Stéphane Baillargeon, citant Norman Cornett.)
Au singulier, on écrit toujours champ, sans s :
Voici défini le champ d'une seconde enquête. (Caillois, dans le Petit Robert.)
Et ce désir séculaire, cette possession sans cesse reculée, expliquait son amour pour son champ, sa passion de la terre... (Zola, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
La faute est fréquente, ainsi que le montre une recherche Google.
Line Gingras
Québec
« Le prof Cornett ignore toujours pourquoi il n'enseigne plus » : http://www.ledevoir.com/2007/07/13/150305.html?fe=1490&am...
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
11 juillet 2007
Incomber une responsabilité à quelqu'un
« On peut quand même se demander s'il regrette aujourd'hui de ne pas en avoir incombé la responsabilité aux partis d'opposition, l'an dernier. » (Norman Spector.)
Le verbe incomber n'admet pas de complément d'objet direct; il ne peut pas non plus avoir pour sujet un nom (ni un pronom) désignant une personne. On ne saurait donc incomber une responsabilité à quelqu'un.
Par contre, on peut très bien dire qu'une responsabilité - ou une charge, une obligation - incombe à quelqu'un ou à une collectivité (lui revient, lui appartient, lui est imposée) :
Les devoirs et les responsabilités qui lui incombent. (Petit Robert.)
Ces réparations incombent au propriétaire de la maison. (Lexis.)
Mme Tassy connaît l'obligation qui incombe aux maisons des morts d'avoir à tenir table ouverte. (Hébert, dans le Lexis.)
En fait, c'est aux États-Unis qu'appartenait la décision, puisque l'effort principal leur incombait dorénavant. (De Gaulle, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le Petit Robert et le Trésor reçoivent également le tour impersonnel il incombe à quelqu'un de + infinitif :
En sa qualité de père et d'éducateur, il lui incombait de dénoncer la flatterie en général comme une pratique des plus détestables. (Aymé, dans le Trésor.)
Dans la phrase à l'étude, monsieur Spector a peut-être voulu dire :
... de ne pas en avoir fait retomber la responsabilité sur les partis d'opposition...
... de ne pas en avoir rejeté la responsabilité sur les partis d'opposition...
Line Gingras
Québec
« Rester en Afghanistan » : http://www.ledevoir.com/2007/07/12/150136.html?fe=1480&am...
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
10 juillet 2007
À prime abord
« La procureure de la Couronne, Me Sarah-Julie Chicoine, a affirmé à prime abord... » (Le Journal de Québec.)
Je lis dans le Multidictionnaire, le Chouinard et le Hanse-Blampain qu'il faut employer de prime abord, et non à prime abord. Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles « prime » et « abord », ne reçoivent en effet que la locution de prime abord :
Elle avait deviné de prime abord qu'ils avaient en commun bien des rancunes. (Green, dans le Petit Robert.)
Onimus (1867) fait état d'une expérience, assez embarrassante de prime abord, sur la prétendue génération spontanée des globules blancs... (J. Rostand, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« 15 mois dans la collectivité au lieu de l'Afghanistan » : http://www.canoe.com/infos/societe/archives/2007/07/20070...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
09 juillet 2007
Faire de même
« Les 31 écoles alternatives du Québec sont en campagne ces jours-ci pour convaincre la ministre de leur permettre de conserver leurs bulletins. Une lettre a été envoyée en ce sens la semaine dernière à la ministre de l'Éducation, et les parents de chacune des écoles sont invités à faire de même. » (Clairandrée Cauchy.)
Le verbe faire peut très bien se substituer à un autre verbe, mais les deux doivent être employés à la même forme : faire, verbe actif, ne saurait remplacer le passif a été envoyée. Je proposerais :
... Elles ont envoyé une lettre en ce sens [...] et les parents de chacune des écoles sont invités à faire de même.
Line Gingras
Québec
« Le bulletin uniforme est contesté » : http://www.ledevoir.com/2007/06/20/147949.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, journalisme