06 juin 2015
En apparence
- On parle de situations en apparence parfois anodine qui peuvent, dans de rares cas, se révéler très graves.
(Rima Elkouri, dans La Presse du 26 mai 2015.)
Des situations en apparence anodines, ce sont des situations qui semblent anodines :
Des qualités en apparence si peu françaises. (Gide, dans le Petit Robert.)
Forcés d'enchérir contre les Jésuites, les acquéreurs se feraient en apparence complices de la spoliation. (Romains dans le Grand Robert, à l'article « complice ».)
Les bas de soie doivent posséder deux qualités en apparence contradictoires [...] (Vailland dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « élasticité ».)
Il fallait écrire :
On parle de situations en apparence parfois anodines qui peuvent, dans de rares cas, se révéler très graves.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Ne les oublions pas » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/rima-elkouri/201...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
05 juin 2015
Il passe leur temps à regarder la vie
- « Mon père disait : “Alain, finalement, les artistes ne font qu’une seule chose dans leur vie, et il passe leur temps à la regarder de tous les côtés” ».
(Alain Platel cité par Fabien Deglise, dans Le Devoir du 28 mai 2015.)
Telle qu'elle est rapportée, cette phrase du père d'Alain Platel n'a aucun sens à l'écrit : qui est ce « il » qui passerait le temps des artistes à regarder la vie? Comment peut-on passer le temps de quelqu'un d'autre?
Il faudrait lire, si je comprends bien :
« Mon père disait : “Alain, finalement, les artistes ne font qu’une seule chose dans leur vie, et ils passent leur temps à la regarder de tous les côtés.” »
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Fragile humanité » : http://www.ledevoir.com/culture/theatre/441214/tauberbach...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:43 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 juin 2015
Fort de cette caution, plusieurs...
- Inutile de dire que les représentants des syndicats et des organismes communautaires présents au sommet avaient accueilli son intervention avec jubilation [...] Fort de cette caution, plusieurs, dont Françoise David, alors présidente de la Fédération des femmes du Québec, avaient claqué la porte.
(Michel David, dans Le Devoir du 4 juin 2015.)
Être fort de quelque chose, c'est « puiser sa force, sa confiance, son assurance dans » quelque chose (Petit Robert). Fort n'est pas adverbe ici, mais adjectif et variable :
Eux, forts de ce qu'un fermier se remplace malaisément, réclamèrent d'abord une diminution du loyer. (Gide.)
Forte de ses ordonnances du médecin et de l'obéissance de ses gens [...] la comtesse s'enhardit à la résistance [...] (Balzac dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « enhardir ».)
Quand l'Allemagne, forte de ses millions de syndiqués et de membres du Parti social-démocrate, bascule dans le nazisme en 1933 [...] (Reynaud dans le Trésor, à l'article « nazisme ».)
L'une des deux prétendait, forte de ce que lui avait dit sa mère, qu'elle avait pris naissance dans une bouteille d'eau de Cologne, la seconde était sortie d'un bouton de rose [...] (Gide dans le Trésor, à l'article « prendre ».)
Il fallait écrire :
Inutile de dire que les représentants des syndicats et des organismes communautaires présents au sommet avaient accueilli son intervention avec jubilation [...] Forts de cette caution, plusieurs, dont Françoise David, alors présidente de la Fédération des femmes du Québec, avaient claqué la porte.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Le social-démocrate » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/441853/le-social...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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03 juin 2015
Je me suis tournée... et commencé
- Au-delà de nos divergences d’opinions, mon allégeance fédéraliste ne m’a jamais empêché de lui manifester le respect qu’il imposait.
(Fatima Houda-Pepin; texte d'opinion paru dans le site du Devoir le 2 juin 2015.)
« Mon allégeance fédéraliste » n'a jamais empêché qui? madame Houda-Pepin, représentée par le pronom m'. Le complément d'objet direct, placé devant le verbe, commande l'accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir :
Au-delà de nos divergences d’opinions, mon allégeance fédéraliste ne m’a jamais empêchée de lui manifester le respect qu’il imposait.
- Je me suis tournée vers ma secrétaire et commencé à dicter la réplique de l’opposition officielle au fur et à mesure que je lisais les pages de la Déclaration ministérielle.
Se tourner, verbe pronominal, s'utilise forcément avec l'auxiliaire être, alors que commencer, à la forme active, doit s'employer avec l'auxiliaire avoir. Le second auxiliaire, différent du premier, ne peut pas rester sous-entendu :
Je me suis tournée vers ma secrétaire et j'ai commencé à dicter la réplique de l’opposition officielle au fur et à mesure que je lisais les pages de la Déclaration ministérielle.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Jacques Parizeau ou la noblesse de la politique » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/441669/jaques-pa...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
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01 juin 2015
Ceux qu'ils l'ont suivi
- Le parcours s’est fini tard le soir, avec le 15e à la lueur des bougies. Ceux qu’ils l’ont suivi in extenso méritent de partager le prix Opus que les Molinari glaneront sans doute dans neuf mois.
(Christophe Huss, dans Le Devoir du 1er juin 2015.)
On ne dirait pas :
Les auditeurs qu'ils l'ont suivi in extenso...
Les personnes qu'elles l'ont suivi in extenso...
Il fallait écrire :
Le parcours s’est fini tard le soir, avec le 15e à la lueur des bougies. Ceux qui* l’ont suivi in extenso méritent de partager le prix Opus que les Molinari glaneront sans doute dans neuf mois.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
* Le 3 juin à 11 h, je vois que la correction a été apportée.
« Appuyer là où ça fait mal » : http://www.ledevoir.com/culture/musique/441520/musique-cl...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
15:03 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias