17 novembre 2006
Trouver un moment de soulever...
«... il est difficile de trouver un moment plus inopportun de soulever des questions constitutionnelles.» (Norman Spector.)
Vous ressentez un malaise devant cet emploi de la préposition de devant l'infinitif soulever? Il vous semble que c'est plutôt pour qu'il faudrait utiliser? Je suis bien de votre avis. Mais tâchons de voir pourquoi nous apporterions cette correction.
On peut très bien faire suivre moment d'un complément déterminatif introduit par de :
Se ménager un moment de répit. [L'expression de répit, sans article, équivaut à un adjectif qualificatif.]
Ce n'est pas le moment de lire. [C'est le moment de faire autre chose.]
Le moment était venu de lui téléphoner pour lui apprendre la nouvelle. [Qu'est-ce qui était venu? le moment de lui téléphoner.]
Il était enfin arrivé, le moment de soulever des questions constitutionnelles. [Il y a longtemps qu'on attendait ce moment précis, celui de soulever des questions.]
On écrirait cependant :
Elle n'a jamais un moment pour sa fille. [Pour sa fille est complément circonstanciel - de destination, je dirais - du verbe avoir.]
Je n'ai pas un moment pour lire. [Pour lire est aussi complément circonstanciel du verbe avoir.]
Il ne trouve jamais un moment / le moment propice pour me téléphoner. [Pour me téléphoner est complément circonstanciel du verbe trouver : il ne trouve jamais un moment ou le moment propice pour quoi faire? pour me téléphoner.]
Le moment n'est pas bien choisi pour aller à l'épicerie. [On a choisi ou on pensait choisir un moment donné pour quoi faire? pour aller à l'épicerie.]
... et enfin :
... il est difficile de trouver un moment plus inopportun pour soulever des questions constitutionnelles. [Il s'agit de trouver un moment pour quoi faire? pour soulever des questions constitutionnelles. Le complément ne se rattache pas au nom, mais au verbe, ce qui explique l'emploi de la préposition pour, indiquant le but.]
... il ne sera jamais arrivé, le moment opportun pour soulever des questions constitutionnelles. [Moment est déjà caractérisé par l'adjectif opportun. Il ne sera jamais arrivé, le moment que l'on jugerait opportun pour quoi faire? pour soulever des questions constitutionnelles. Comparer avec Il ne sera jamais arrivé, le moment de soulever des questions constitutionnelles.]
* * * * *
«... les chefs politiques sont désormais tenus de tenir un référendum...»
... les chefs politiques sont désormais forcés/obligés de tenir un référendum...
... les chefs politiques doivent désormais tenir un référendum...
Line Gingras
Québec
«Ignatieff aurait dû savoir» : http://www.ledevoir.com/2006/11/16/122953.html
04:56 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
Commentaires
Merci pour toutes ces précisions et bon week-end
Écrit par : Xavier | 17 novembre 2006
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