10 décembre 2006
Tel, attribut du sujet inversé
« "Tuer le père" : tel__ est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine. » (Antoine Robitaille.)
L'adjectif tel est placé en tête de proposition, mais ça ne l'empêche pas d'exercer la fonction d'attribut du sujet une des métaphores, bien que celui-ci soit inversé :
Telle est ma décision. (Petit Robert.)
Il faut donc le faire varier :
« Tuer le père » : telle est une des métaphores les plus rebattues de la littérature contemporaine.
* * * * *
« "Il lui avait dit, avec son humour... beaucoup plus subtile que celui de Stéphane, en passant..." » (A.R., citant Vincent Lemieux.)
Subtil, au masculin, ne prend pas de e final.
Line Gingras
Québec
« Dion contre Dion » : http://www.ledevoir.com/2006/12/09/124521.html
01:06 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
09 décembre 2006
Entre une chose avec une autre
« On oublie souvent, toutefois, que les écarts entre les agissements de certains groupes et de certains individus avec les valeurs généralement admises ne sont pas le propre des minorités culturelles ou religieuses. » (Michel Venne.)
À ma connaissance, on ne parle jamais d'une différence ou d'un écart entre une chose avec une autre, mais entre une chose et une autre :
Écart entre le prix de revient et le prix de vente. (Petit Robert.)
Line Gingras
Québec
« Dumont dérape » : http://www.ledevoir.com/2006/11/20/123168.html
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
08 décembre 2006
Entente commune et prémisse de départ
« L'union civile et le mariage se ressemblent à plusieurs égards, sauf que l'union civile requiert l'âge minimal de 18 ans et que, pour la dissoudre dans le cas où il n'y a pas d'enfant, une entente commune devant notaire suffit. » (Lisa-Marie Gervais.)
Je vois mal comment une entente pourrait être conclue par une seule personne.
* * * * *
« Cette prémisse de départ l'a menée à étudier les déplacements à travers le Québec... »
Une prémisse, d'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, c'est le début d'un exposé, une « affirmation dont on tire une conclusion »; la locution de départ semble donc superflue.
Line Gingras
Québec
« Courtepointe multiculturelle » : http://www.ledevoir.com/2006/12/08/124404.html
01:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 décembre 2006
À l'arrachée
« La loi sur la clarté n'empêcherait aucunement les Québécois de se séparer du Canada, si telle était vraiment leur intention. La clarté du processus assurerait même le succès de l'accession à la souveraineté. Imagine-t-on le chaos qui suivrait une petite victoire à l'arrachée sur une question ambiguë? » (Lysiane Gagnon.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis et le Hanse-Blampain, la locution à l'arraché s'écrit sans e muet :
Obtenir quelque chose, gagner à l'arraché. (Petit Robert.)
Vol à l'arraché. (Petit Robert.)
Le concurrent a remporté la victoire à l'arraché. (Lexis.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne deux exemples du même type :
... j'ai battu Jacques d'une longueur, à l'arraché. (Gracq.)
C'était un rude travail et accompli à l'arraché... (Vialar.)
Il admet cependant la graphie à l'arrachée, avec à l'appui, lit-on dans une remarque, la première attestation du mot sous la forme féminine, dans Gentis, La Pédale, 14 septembre 1927; le problème, c'est que la « forme féminine », telle qu'elle est citée, ressemble étrangement à un masculin :
... sans relever la tête, à l'arraché, il revint sur les leaders qui s'enfuyaient à toute allure...
Cela ne fait pas très sérieux. Dans les circonstances, je suivrais l'avis de Marie-Éva de Villers, de Jean-Paul Colin et de Jean Girodet, qui donnent pour incorrecte la graphie à l'arrachée.
Line Gingras
Québec
« Impopulaire, la loi sur la clarté? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061205/CPOPINIONS/612...
03:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
06 décembre 2006
Cohérent avec
« "Tout ce qu'il m'a dit est cohérent avec ce que j'ai lu dans le rapport" de la commission d'enquête, a ajouté le ministre. » (Hélène Buzzetti, avec l'agence Presse Canadienne; le ministre cité est Stockwell Day.)
Cohérent « se dit de quelque chose dont tous les éléments se tiennent et s'harmonisent ou s'organisent logiquement ». (Lexis.) D'après ce que je vois dans les onze ouvrages consultés, cet adjectif n'admet pas de complément introduit par la préposition avec :
Ce texte est très cohérent. (Multidictionnaire.)
Programme cohérent. (Petit Robert.)
Il était là, dans l'impossibilité de penser, de rassembler, de mettre bout à bout deux idées cohérentes. (Simon, dans le Lexis.)
Qu'on regroupe les éléments épars dans le roman : on reconstitue cette doctrine comme un ensemble parfaitement cohérent, où s'unissent en un faisceau homogène les principes d'un naturalisme intégral. (Faral, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Sur vingt ou trente kilomètres de front, une série d'équipes invisibles, distantes, et pourtant cohérentes et fraternelles, travaillaient solidairement, dans le calme, avec promptitude et précision... (Ambrière, dans le Trésor.)
Le tour être cohérent avec se rencontre toutefois assez fréquemment, comme le montre une recherche Google; je ne serais pas étonnée que la construction anglaise to be consistent with y soit pour quelque chose. Cependant, selon mon Robert & Collins Super Senior, consistent with se rend par compatible avec, en accord avec; et je trouve dans le Meertens un bon nombre d'équivalents de to be consistent with, dont (bien) cadrer avec, concorder avec, bien correspondre à, être conforme à, mais l'expression être cohérent avec ne figure pas parmi les possibilités.
Si l'on pouvait reformuler la phrase à l'étude, je proposerais :
Tout ce qu'il m'a dit concorde avec ce que j'ai lu dans le rapport...
Tout ce qu'il m'a dit correspond à ce que j'ai lu dans le rapport...
Line Gingras
Québec
« Arar : Zaccardelli change sa version » : http://www.ledevoir.com/2006/12/05/124202.html
04:15 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, anglicisme, journalisme
05 décembre 2006
À toute hâte
« Des conférences de presse ont finalement été organisées, à toute hâte, en fin de journée. » (Hélène Buzzetti, avec la collaboration de Robert Dutrisac.)
D'après le Hanse-Blampain, on peut agir en hâte, en toute hâte, à la hâte; c'est ce que confirment les autres ouvrages consultés :
À la hâte
Ce travail a été fait à la hâte. (Multidictionnaire.)
Tout le monde signe [...] à la hâte, la plupart sans lire. (Michelet, dans le Petit Robert.)
Ne croyez pas que le portefeuille de la guerre puisse être donné à la hâte, sans réflexion. (France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
En hâte, en toute hâte
Les artistes venaient boire en hâte une limonade. (Troyat, dans le Lexis.)
Le médecin, mandé en hâte de Corbigny, venait de sortir. (Bazin, dans le Trésor.)
Venez en toute hâte! (Petit Robert.)
Je n'ai vu nulle part l'expression à toute hâte, qui me paraît incorrecte.
Line Gingras
Québec
« Une "nation" de pure laine? » : http://www.ledevoir.com/2006/11/28/123745.html
04:10 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 décembre 2006
Les Canadiens-français
« Les Canadiens-français, présents partout au Canada... » (Lise Ravary.)
On écrit la littérature canadienne-anglaise, avec trait d'union (canadienne-anglaise est ici un adjectif composé), mais les Canadiens français, le Canada anglais, sans trait d'union (on a affaire à un nom propre accompagné d'un adjectif qualificatif). Voir au besoin le Multidictionnaire.
Line Gingras
Québec
« L'appel de la nation » : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
02:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, blog de journaliste


