17 décembre 2006
Ils se sont rendus compte...
« Au bout de six mois de recherches, les scientifiques se sont rendus compte que "ces restes n'avaient pas été brûlés", précise le Dr Charlier. » (Associated Press.)
Cette fois encore, il a fallu que je vérifie : jamais je ne me rappelle comment accorder le participe passé de la locution verbale se rendre compte. C'est que je ne crois pas qu'on puisse analyser séparément les éléments de cette expression; celle-ci veut dire comprendre, découvrir, remarquer, et non pas, à mon avis, rendre compte de quelque chose ou faire un compte rendu à soi-même.
Alors? Le renseignement que je cherchais, je l'ai trouvé à l'article « compte », dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :
Elles se sont rendu compte de leur erreur. (Petit Robert.)
Elle s'est rendu compte qu'elle avait tort. (Petit Robert.)
Ils se sont rendu compte de l'erreur trop tard. (Multidictionnaire.)
Ils se sont rendu compte qu'on les trompait. (Hanse-Blampain.)
J'arriverai peut-être enfin à m'en souvenir : le participe passé de la locution se rendre compte est invariable.
Line Gingras
Québec
« Les restes présumés de Jeanne d'Arc ne sont probablement pas les siens » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPSCIENCES/612...
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16 décembre 2006
Que le vrai sujet...
« Ce recours systématique à la caricature, à la démagogie et à la désinformation font partie de la formule, comme une sorte de potion magique de la cote d'écoute. » (Gil Courtemanche.)
Bien entendu, la caricature, la démagogie et la désinformation sont des ingrédients de la potion magique; mais la phrase est structurée de manière que le véritable sujet du verbe, c'est recours :
Ce recours systématique [...] fait partie de la formule...
* * * * *
« ... cela surprend et semble invraisemblable. »
... cela surprend et paraît invraisemblable.
Line Gingras
Québec
« Ce n'est pas l'État qui est mauvais, c'est le gouvernement » : http://www.ledevoir.com/2006/12/16/125147.html
13:04 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
15 décembre 2006
De toute pièce ou de toutes pièces?
« J'ai lu ce rapport McEwen. Il était accablant pour la GRC, notamment accusée d'avoir monté une opération inutile et d'avoir fabriqué un crime de toute_ pièce_. » (Pierre Foglia.)
Sept des neuf ouvrages de difficultés auxquels je me suis référée se prononcent : la locution adverbiale de toutes pièces, employée au sens de « sans que rien soit emprunté à la réalité » (Girodet), « à partir de rien » (Colin), s'écrit toujours au pluriel :
Cette accusation ne repose sur rien, elle a été forgée de toutes pièces. (Girodet.)
Il s'était donc créé de toutes pièces une vie de complications et de drames. (Camus, dans le Colin.)
Le Petit Robert, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé relèvent uniquement cette graphie :
Des souvenirs forgés de toutes pièces ou fantastiquement dénaturés ou embellis. (Arnoux, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
« L'esprit de corps » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061214/CPOPINIONS/612...
04:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
14 décembre 2006
Concourir en compétition
« En fin de semaine se clôturait le sixième Festival du film de Marrakech. Or, pour la toute première fois, deux films marocains concourraient en compétition, à l'émoi de la ville ocre. » (Odile Tremblay.)
Concourir s'emploie ici dans le sens d'« entrer, être en compétition pour obtenir un prix » (Petit Robert); la précision me paraît donc superflue.
Étant donné qu'il s'agit d'un événement passé et qu'on utilise déjà l'imparfait de l'indicatif dans la première phrase, j'attendrais l'imparfait, également, dans la seconde : concouraient, avec un seul r. Le futur du passé - ayant la forme du conditionnel, concourraient, avec deux r - serait admissible si l'on se transportait en pensée avant le festival; mais rien ne justifie ce changement de point de vue entre la première et la deuxième phrase.
Line Gingras
Québec
« Le cinéma marocain, entre tradition et modernité » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124658.html
07:19 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
13 décembre 2006
Politiques à droites
« "Je sais très bien que ce gouvernement est vulnérable tellement ses politiques sont à droites et très loin de ce que les Canadiens veulent." » (Alec Castonguay et Robert Dutrisac, citant Stéphane Dion.)
Les intentions du gouvernement sont-elles droites? Je ne me prononcerai pas là-dessus. Ses politiques sont-elles adroites? Je ne saurais le dire. En tout cas elles sont à droite, sans s, parce que l'expression est une locution adverbiale, donc invariable.
* * * * *
« Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser comme il s'y est engagé, c'est-à-dire, pour le Bloc, d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel avec pleine compensation. »
Que doit faire Stephen Harper? Limiter le pouvoir fédéral de dépenser, comme il s'y est engagé. Et qu'est-ce que cela veut dire, pour le Bloc? Accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel [de certains programmes], avec pleine compensation.
Le syntagme commençant par accorder se rattache donc à doit, et non pas à pouvoir fédéral, comme il le semblerait pourtant, à la façon dont la phrase est construite : en dépit de ce que paraissent affirmer les journalistes, le Bloc ne souhaite pas, je pense, qu'on limite le pouvoir fédéral d'accorder au Québec un droit de retrait inconditionnel.
Comment régler le problème? En fait c'est très simple, il suffit de supprimer la préposition devant accorder :
Stephen Harper doit aussi limiter le pouvoir fédéral de dépenser [...] c'est-à-dire, pour le Bloc, accorder au Québec...
* * * * *
« Mais notre opposition et notre manque de confiance envers M. Harper concernant les politiques étrangères de son gouvernement sont bien connues. » (Les auteurs citent Jack Layton.)
Les politiques étrangères du gouvernement conservateur sont sans doute bien connues du parti que dirige M. Layton, mais ce n'est pas l'idée qu'il exprime ici : il parle d'opposition et de manque de confiance. Or, dans manque de confiance, il y a le nom féminin confiance, mais ce n'est pas lui qui est le noyau du groupe sujet : M. Layton ne signale évidemment pas la confiance du NPD à l'égard de M. Harper, mais plutôt le manque de confiance. Le participe passé du verbe connaître est donc attribut de deux sujets, l'un féminin (opposition) et l'autre masculin (manque de confiance) :
Mais notre opposition et notre manque de confiance [...] sont bien connus.
* * * * *
« Stéphane Dion juge que le Bloc cherche par tous les moyens _ déclencher des élections au plus vite. »
... le Bloc cherche [...] à déclencher...
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« ... le chef du Bloc québécois [...] a fait le bilan de la première année du gouvernement Harper et jugé du respect de ses engagement_ envers le Québec. »
Line Gingras
Québec
« Afghanistan : le Bloc menace le gouvernement Harper » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124686.html
05:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, orthographe, coquilles
12 décembre 2006
Maladie extrêmeme
« Jusqu'au début de la présente année, le très-extrêmemement-malade Pinochet s'est employé à frauder. » (Serge Truffaut.)
Dommage : l'ironie serait plus efficace, en ce qui me concerne, s'il n'y avait pas une syllabe de trop.
Line Gingras
Québec
« Sans peine » : http://www.ledevoir.com/2006/12/12/124635.html
02:22 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : coquilles, journalisme, presse, médias
Et moi, je vous dit...
« "Vous auriez une bonne chance de gagner, a-t-il dit. Si vous décidez de vous présenter aux prochaines élections, monsieur Fournier, je fais comme les gens du théâtre et vous dit : Merde!" » (Richard Martineau.)
... je fais [...] et vous dis...
Line Gingras
Québec
« Message à Guy Fournier » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2006/12/09/
00:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, blog de journaliste
11 décembre 2006
Dont - Accusations dont la valeur des amendes...
« Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations dont la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $ à ces Bougons de luxe. » (Louis-Gilles Francœur.)
Le pronom relatif dont représente le nom accusations, qu'il est censé relier à la subordonnée qui suit. Mais de quel élément de cette subordonnée accusations serait-il complément? On ne parle pas de la valeur des accusations, mais de la valeur des amendes; et il ne saurait être question des amendes des accusations. Alors?
Je proposerais de juxtaposer les idées, et de préciser par la même occasion à quoi au juste se rattache le groupe ces Bougons de luxe :
Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations; les amendes pourraient coûter 255 000 $ au total à ces Bougons de luxe.
Jusqu'à présent, l'opération Bourdon va permettre aux agents de porter plus de 70 accusations contre ces Bougons de luxe; la valeur des amendes pourrait totaliser 255 000 $.
Line Gingras
Québec
« Les Bougon pilleurs de la faune » : http://www.ledevoir.com/2006/12/08/124372.html
02:20 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme


