16 septembre 2007
Maillon faible
« Les Québécois, ce peuple de "nous", frileux, fermé, insécurisé, est le maillon faible de la suprématie blanche aux yeux de ceux qui nous disent "vous" sans que cela soit un signe de vouvoiement. » (Denise Bombardier.)
Le syntagme entre virgules - ce peuple de "nous", frileux, fermé, insécurisé - est en apposition à Les Québécois; sorte de parenthèse, il fournit une précision utile, mais accessoire par rapport au message central de la phrase : Les Québécois sont le maillon faible de la suprématie blanche.
« Le mot "Québécois" est devenu un mot indéchiffrable sans autre point de repère que géographique, qu'on devrait désormais mettre entre guillemets en agitant les deux doigts de chaque main - l'index et le majeur - comme le font tant de gens ici de façon clownesque. »
Les? comme s'il n'y avait que ceux-là? Je proposerais :
... en agitant deux doigts de chaque main - l'index et le majeur...
... en agitant l'index et le majeur de chaque main...
« Pour satisfaire tout le monde, il serait plus sage de se définir en tant qu'immigrant de longue date, du XVIIe siècle jusqu'à aujourd'hui à vrai dire, Blancs mais en cherchant dans notre généalogie des ancêtres plus foncés ou plus bridés, catholiques mais, Dieu merci, repentis, homme et femme à la fois, la non-différenciation étant l'avenir de l'humanité. »
Nous sommes Blancs, catholiques et repentis au pluriel, donc immigrants avec un s - hommes et femmes à la fois, aussi.
« Le délire nous guette avec cette commission. »
De quelle commission s'agit-il? On en parle cinq paragraphes plus haut; c'est beaucoup trop loin pour que l'on puisse utiliser le démonstratif, qui sert à montrer :
Le délire nous guette avec la Commission sur les accommodements raisonnables.
« Ce sont nos assises mêmes qui risquent l'effritement en ouvrant la porte au multiculturalisme désintégrateur. »
À première vue, à cause de la façon dont la phrase est construite, on croirait que ce sont nos assises qui ouvrent la porte au multiculturalisme désintégrateur. C'est que le gérondif, en ouvrant, devrait avoir normalement comme sujet (implicite) celui du verbe risquer, dont il est complément circonstanciel. (Voir à ce propos Le bon usage, douzième édition, paragraphe 328.) Comment régler le problème? Je suggérerais :
Nous risquons de voir s'effriter nos assises mêmes en ouvrant la porte au multiculturalisme désintégrateur.
Ce sont nos assises mêmes qui risquent l'effritement si nous ouvrons la porte au multiculturalisme désintégrateur.
Line Gingras
Québec
« Mea-culpa pour les Blancs » : http://www.ledevoir.com/2007/09/08/156062.html
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
Commentaires
J'ai lu l'article et je n'ai rien compris à ce problème de "nous".
J'ai vaguement compris qu'il était question de culpabilité, j'ai lu "Le sanglot de l'homme blanc", mais quel rapport avec cet usage du "nous" ?
Écrit par : Rosa | 16 septembre 2007
Toute cette question est très délicate, Rosa. À propos du «nous», j'ai fait paraître aujourd'hui (23 septembre) un billet distinct, «Le "nous" québécois». Mais pour ce qui est du rapport avec le sentiment de culpabilité, je ne le vois pas bien non plus. Je ne m'étendrai pas sur le fond de l'article de madame Bombardier, mais voilà ce que j'en pense : dans une préoccupation exprimée par une Québécoise d'origine asiatique, selon laquelle les travaux de la Commission sur les accommodements raisonnables étaient un exercice de Blancs pour des Blancs, la chroniqueuse a vu une violente attaque contre l'ensemble de la civilisation occidentale. Je trouve qu'elle a manqué de l'esprit de mesure qui l'anime d'ordinaire; elle n'a pas su retenir ses «grands chevaux», qui se sont joliment emballés. (Comme on disait chez nous, «èta en beau joual vert».) La forme de son article s'en est d'ailleurs ressentie.
Écrit par : Choubine | 23 septembre 2007
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