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23 septembre 2007

Le « nous » québécois

Le nous québécois; identité québécoise; Québécois et Canadiens français; langue française.

[Réponse à une lectrice française, Rosa, qui m'interrogeait sur le nous québécois.]

La question du nous est délicate, parce qu'elle touche à notre identité collective. Qui sommes-nous? Qui peut se dire Québécois?

Lorsque j'étais enfant, on appelait Québécois, dans la langue courante, les habitants de la ville de Québec; à l'échelle de la province, on se divisait essentiellement entre Canadiens anglais et Canadiens français. Nous, les Canadiens français, étions attachés à ce que nous nommions le Canada; mais cette terre de nos aïeux était associée au fleuve géant (le Saint-Laurent), comme le précise notre hymne national. À l'église, un de nos cantiques, Notre-Dame du Canada, reprenait cette idée : Regarde avec amour, sur les bords du grand fleuve / Ce peuple jeune encore qui grandit frémissant / Tu l'as plus d'une fois consolé dans l'épreuve / Ton bras fut sa défense, et ton bras est puissant...

Notre peuple était canadien, de langue française et de religion catholique. (Je simplifie, bien sûr.) Deux siècles après la défaite des plaines d'Abraham, il était pauvre, se croyait né pour un p'tit pain. Replié sur lui-même, il comptait sur une élite de prêtres, de médecins, de notaires et d'avocats pour le diriger. Il avait lutté pour sa survie en faisant des enfants, beaucoup d'enfants.

Un jour, à l'adolescence, j'ai remplacé plus ou moins discrètement, dans le refrain du cantique, du Canada par des Québécois.

La Révolution tranquille a transformé notre société, qui s'est affranchie de la tutelle de l'Église; l'argent détestable nous a paru, de plus en plus, désirable; le monde des affaires, attirant. L'exposition universelle de 1967 nous a ouverts au monde et nous a montré que nous étions capables, nous aussi, d'audace et de grandes réalisations. Le Parti québécois nous a entraînés dans son rêve immense. Le français s'est imposé jusque dans les commerces de Montréal.

Et aujourd'hui, qui sommes-nous? Les Québécois de vieille souche ne font plus assez d'enfants; notre société doit accueillir des immigrants et favoriser leur intégration. Francophones et anglophones, Québécois de vieille souche ou de souche récente, nous avons en commun la langue française, paraît-il. L'aimons-nous comme un bien précieux? Dans l'expression Français d'Amérique, quel mot trouvons-nous le plus important?

Après le référendum de 1995, on a proclamé que le terme Québécois s'appliquait à tous les habitants du Québec - et à eux seuls. Moi qui vivais à Ottawa, je me trouvais soudain du mauvais côté de la rivière - rejetée. Je ne me suis jamais sentie Franco-Ontarienne. Je n'étais plus Québécoise. Alors qu'un immigré de fraîche date, ne sachant rien de l'histoire du Québec, ne parlant peut-être même pas français, pouvait se dire Québécois, lui.

Les choses n'ont pas changé de ce côté; seulement, je suis revenue m'établir à Québec. Suis-je donc Québécoise, à nouveau? Comment pourrais-je appartenir, véritablement, à un peuple qui se définit de façon si superficielle? - qui m'accueille aujourd'hui, qui me repousserait aussi facilement demain? Pourquoi voudrais-je, même, lui appartenir? Quelle signification cela pourrait-il avoir?

Je suis Québécoise, malgré tout. Je ne peux pas rejeter le nous comme le nous a prétendu me rejeter. Mes racines sont plus fortes, plus profondes que cela. Elles plongent dans le terreau de la langue, de l'histoire, de la culture. Je ne me laisserai plus exclure. Mais le peuple québécois, avec tous les éléments qui le composent, anciens et nouveaux, ne survivra que s'il définit clairement les caractéristiques communes qui le distinguent des autres peuples d'Amérique - et s'il s'attache à les mettre en valeur.

L'identité, l'appartenance à un peuple, ce n'est pas une simple question de domicile.

Line Gingras
Québec

22 septembre 2007

De tout évidence

De tout évidence; de toute évidence; grammaire française; orthographe.

« En 2007, à Montréal, le mot carême n'avait de tout évidence rien à voir avec jeûne, et tout avec abstinence. » (Rafaële Germain, dans La Presse.)

Dans la locution adverbiale de toute évidence, tout est adjectif et se rapporte au nom évidence, avec lequel il s'accorde :

De toute évidence, il nous a menti. (Petit Robert.)

Line Gingras
Québec

« Quarante jours sans sexe? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070914/CPOPINIONS05/7...

21 septembre 2007

À répétition

Répétitions fâcheuses. 

« La colère populaire ne s'était pas exprimée avec autant d'ampleur depuis 1988, alors que le régime d'alors [...] avait fait l'unanimité de la rue contre lui. » (Guy Taillefer.)

... depuis 1988; le régime d'alors...

« Suivent ensuite les résultats aux examens de lecture à 15 ans (15 %) et les méthodes de travail (11 %). » (Clairandrée Cauchy.)

Suivent les résultats aux examens...
Viennent ensuite les résultats aux examens...

« Le Parti conservateur transférait des dizaines de milliers de dollars à des candidats qui avaient peu de chances de dépenser la totalité des dépenses électorales auxquelles ils avaient droit. » (Manon Cornellier.)

... qui avaient peu de chances de faire la totalité des dépenses...

« Les modes d'écoute sont multiples et non limitatifs : chacun pourra s'exprimer comme bon lui semble. Tout semble en place pour une bonne conduite et un travail efficace. » (Marie-Andrée Chouinard.)

... comme bon lui semble. Tout paraît en place...

Line Gingras
Québec

« La révolte des moines » : http://www.ledevoir.com/2007/09/21/157731.html
« Statistique Canada - Il y a plus de filles que de gars à l'université... » : http://www.ledevoir.com/2007/09/21/157721.html
« Risquer d'être jugé » : http://www.ledevoir.com/2007/09/05/155574.html
« Passion vs raison » : http://www.ledevoir.com/2007/08/16/153498.html

20 septembre 2007

Où Ségolène Royal et Stephen Harper se rencontrent

Accord du participe passé employé avec l'auxiliaire être; grammaire française; orthographe.

« La dernière journée de Ségolène Royal en terre québécoise sera marqué aujourd'hui par des rencontres avec des syndicalistes et par un rassemblement de partisans à l'Union française. » (Claude Lévesque.)

Le participe passé employé avec l'auxiliaire être, à la forme passive, s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe. Qu'est-ce qui sera marqué par des rencontres? La dernière journée : sera marquée.

Autre exemple :

« L'intervention canadienne en Afghanistan et l'indifférence de Stephen Harper en matière de protection de l'environnement, qui auraient dû indigner les Québécois autant que le plan B de M. Dion, semblent être considérés comme des péchés véniels. » (Michel David.)

Le groupe sujet est ici nettement plus long, et inclut une subordonnée relative explicative, entre virgules comme il se doit, équivalant à une parenthèse; cela ne doit pas nous empêcher de trouver le ou les éléments qui constituent le noyau du groupe, et commandent donc l'accord. Qu'est-ce qui semble être considéré comme des péchés véniels? L'intervention... et l'indifférence... : semblent être considérées.

Line Gingras
Québec

« À l'Université de Montréal - Ségolène fait un tabac » : http://www.ledevoir.com/2007/09/20/157574.html
« Panne de désir » : http://www.ledevoir.com/2007/09/20/157575.html?fe=2064&am...

19 septembre 2007

Sujet inversé

Sujet inversé; sujets inversés; accord du verbe avec le sujet inversé; grammaire française; orthographe.

« Il a ajouté qu'il serait grand temps de connaître la date précise à laquelle se tiendra ce vote dont parle les conservateurs. » (Lisa-Marie Gervais.)

Ce n'est pas le vote qui parle, mais les conservateurs : ... ce vote dont parlent les conservateurs.

« Pour tirer leurs conclusions, les analystes ont mesuré l'âge auquel se produisait cinq "transitions"... » (Même journaliste, autre article.)

Encore un sujet inversé : ... l'âge auquel se produisaient cinq «transitions»...

Line Gingras
Québec

« Fin de la mission canadienne en Afghanistan? » : http://www.ledevoir.com/2007/09/04/155498.html
« Majeurs, vaccinés, mais pas encore "adultes" » : http://www.ledevoir.com/2007/09/19/157437.html

18 septembre 2007

Le Québec reconnue en tant que nation

Parenthèse et point final; virgule et complément d'objet direct; virgules et complément circonstanciel intercalé; infinitif ou participe passé; Jeanne D'arc ou Jeanne d'Arc; ponctuation; orthographe; grammaire française.

« Aujourd'hui, les choses ont évolué, il y a une motion qui a été votée sur le Québec reconnue en tant que nation. » (Ségolène Royal, citée par Antoine Robitaille.)

Ce n'est pas la motion qui a été reconnue en tant que nation, mais le Québec : reconnu.

* * * * *

« "Mais qui peut s'arroger le droit de juger de cette façon-là?", s'est-elle indignée, entourée d'une meute de journalistes en pleine salle du conseil municipal de Québec (elle sortait d'une brève rencontre avec le maire suppléant de Québec, Jacques Joli-Cœur.) »

Le point final ne peut pas s'utiliser à l'intérieur de la parenthèse si le premier mot que renferme cette dernière commence par une minuscule :

... en pleine salle du conseil municipal de Québec (elle sortait d'une brève rencontre avec le maire suppléant de Québec, Jacques Joli-Cœur).

On pourrait écrire également :

... en pleine salle du conseil municipal de Québec. (Elle sortait d'une brève rencontre avec le maire suppléant de Québec, Jacques Joli-Cœur.)

Dans ce cas-ci, la parenthèse est précédée d'une phrase complète, se terminant par un point.

* * * * *

« La politicienne française dit avoir été désolée d'apprendre au surplus_ dans le livre de M. Jospin, que certains "éléphants"... »

La politicienne a été désolée d'apprendre que certains « éléphants »... Normalement, on ne met pas de virgule entre le verbe et son complément d'objet direct. Mais si un complément circonstanciel vient s'intercaler entre les deux, on l'encadre au moyen de deux virgules, sauf, éventuellement, s'il est très court (on peut dans ce cas se passer de virgules) :

La politicienne française dit avoir été désolée d'apprendre au surplus, dans le livre de M. Jospin, que certains « éléphants »...

La politicienne française dit avoir été désolée d'apprendre au surplus que certains « éléphants »...

* * * * *

« Après l'avoir entendue traiter l'ancien premier ministre de raciste, cité Jésus et s'être comparée à Jeanne D'arc... »

On l'a entendue citer Jésus, reprendre les paroles de Jésus.

L'infinitif passé avoir entendue étant suivi - ou devant être suivi - des infinitifs présents traiter et citer, à la forme active, il me semble que le troisième verbe coordonné, le pronominal se comparer, devrait s'employer au même temps :

Après l'avoir entendue traiter l'ancien premier ministre de raciste, citer Jésus et se comparer à Jeanne d'Arc...

Le Petit Robert des noms propres et le Petit Larousse illustré donnent la graphie Jeanne d'Arc.

* * * * *

« Elle a déploré hier un certain retard pris par la France dans l'organisation d'un de ses cadeaux et a promis "d'en parler" à Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français et président du Comité français d'organisation du 400e. »

Je n'ai rien contre l'organisation, mais on pourrait varier un peu; je suggérerais :

Elle a déploré hier un certain retard pris par la France dans la préparation d'un de ses cadeaux...

* * * * *

« Après avoir rencontré les journaliste_, la politicienne s'est rendue au bureau de Mario Dumont... »

« M. Dumont a le projet de se rendre en France au début de l'Année... »

Je ne vois pas ce qui pourrait justifier la majuscule.

Comme les deux phrases se suivent, je proposerais d'écrire que M. Dumont a le projet d'aller en France...

Line Gingras
Québec

« À Québec, Ségolène Royal riposte au brûlot de Lionel Jospin » : http://www.ledevoir.com/2007/09/18/157312.html?fe=2041&am...

Faire amande honorable

Faire amande honorable ou faire amende honorable; orthographe; homonymes.

« ... chacun, à la fin de son reportage, fait amande honorable en avouant craindre l'autre... » (Jean-Jacques Stréliski.)

J'aime bien les amandes, mais c'est leur faire trop d'honneur que de les dire honorables. « Reconnaître ses torts, demander pardon » (Petit Robert), c'est faire amende honorable.

Line Gingras
Québec

« Question d'images - La photo et le cadre » : http://www.ledevoir.com/2007/09/17/157096.html

17 septembre 2007

L'ambiguïté, rien d'autre

Noyau du groupe sujet; accord du verbe; grammaire française; syntaxe du français; orthographe.

« L'"ambiguïté" de certains articles concernant "les terres et les ressources" pourraient aller à l'encontre de la loi constitutionnelle et de la charte. » (Gil Courtemanche.)

Qu'est-ce qui pourrait aller à l'encontre de la loi...? Pas les terres et les ressources, pas certains articles, mais l'« ambiguïté » de certains articles concernant « les terres et les ressources ». Le noyau du groupe sujet, qui commande l'accord du verbe, c'est ambiguïté : pourrait.

Line Gingras
Québec

« La trahison de Harper » : http://www.ledevoir.com/2007/09/15/156869.html