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09 février 2013

Le « control freak » a pris le plancher

Prendre le plancher; calque de l'anglais; anglicisme.

  • « Oui, on donne plus de place aux parents », observe A, qui enseigne en périphérie de Montréal. « Ce n’est pas la majorité, mais au conseil d’établissement, il y a toujours un parent control freak. Au Conseil des commissaires, ils prennent souvent le plancher. »
    (L'enseignant est cité par Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 9 février 2013.)

René Meertens suggère de rendre control freak par personne qui veut tout régenter. Quant à prendre le plancher, c'est le calque de to take the floor au sens de monopoliser l'attention, d'après le Multidictionnaire :

« Oui, on donne plus de place aux parents », observe A, qui enseigne en périphérie de Montréal. « Ce n’est pas la majorité, mais au conseil d’établissement, il y a toujours un parent qui veut tout régenter. Au Conseil des commissaires, ils monopolisent souvent l'attention. »

Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Québec

« "Le monarque, c’est moi" » : http://www.ledevoir.com/societe/education/370533/le-monar...

Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.

09 mai 2011

Quelque 22 403 personnes...

Quelque devant un nombre précis.

  • Quelque 22 403 personnes qui paraissaient assez saines d'esprit et lucides pour être admises dans un bureau de scrutin [...]
    (Normand Lester, chroniqueur au 98,5 FM et à Yahoo Québec, dans Le Devoir du 9 mai 2011.)

Quelque, employé comme adverbe pour marquer l'approximation, se met devant un nombre arrondi :

Quelque 22 400 personnes qui paraissaient assez saines d'esprit et lucides pour être admises dans un bureau de scrutin [...]

* * * * *

Les limites de la liberté d'expression

Je suis surprise et peinée que Le Devoir publie ce texte de monsieur Lester, où s'expriment à la fois, de mon point de vue, l'arrogance de l'être supérieur et le mépris pour « tous les imbéciles du Québec » qui n'ont pas voté comme il fallait. Les insultes sont d'autant plus cinglantes qu'elles sont crachées par un professionnel des médias, une personnalité qui m'avait toujours paru respectable et respectée. « Ce qui s'est passé au Québec la semaine dernière démontre les limites de la démocratie », écrit en conclusion le journaliste. La liberté d'expression, contrairement à la démocratie, n'a sans doute pas de limites, s'il est permis d'abandonner toute retenue dès lors qu'on piétine un peuple.

Les Québécois ont voté contre les conservateurs. Ils l'ont fait avec une efficacité redoutable dont, pour moi, il y a lieu de se féliciter. On peut regretter qu'ils aient mis leurs œufs dans le panier du NPD plutôt que dans celui du Bloc. Des députés honnêtes et dévoués ont été délogés par des inconnus; cela m'attriste. Mais je suis fière que les Québécois, un très fort pourcentage de Québécois, n'aient pas contribué à l'élection d'un gouvernement Harper majoritaire.

Monsieur Lester semble avoir du mal à accepter qu'un « peuple de suiveux et de moutons complexés » ait le droit de vote. Il faudra bien qu'il s'y résigne, pourtant. Nous sommes encore en démocratie.

Line Gingras
Québec

« Libre opinion – Sains d'esprit, les Québécois? » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/322896/libre-opi...

Merci de votre visite. Une question? Je serai heureuse d'y répondre, dans la mesure de ma disponibilité. Voir la colonne de droite.

10 septembre 2010

Saint-Raymond est en deuil

Augustine Plamondon; organiste; Saint-Raymond de Portneuf.

Saint-Raymond est en deuil : madame Augustine Plamondon, je viens de l'apprendre, est morte le mardi matin 7 septembre, à l'âge de cent deux ans et huit mois. Je ne pourrai jamais vous dire tout ce qu'elle a été pour moi. J'écrivais à son sujet, il y a cinq ans :

[...] cette femme d’exception, qui m’a enseigné la musique – et inculqué l’amour du beau, la dignité de l’être humain – comme à plusieurs générations d’enfants de mon village, c’est madame Augustine Plamondon. Vous l’avez peut-être déjà vue, même vous qui me lisez des vieux pays; car elle a donné des leçons de piano au parolier Luc Plamondon, lorsqu’il était petit, et il est resté attaché à mademoiselle Augustine. Peu de gens auront marqué aussi profondément qu’elle, et sur une aussi longue période (elle a tenu l’orgue Casavant de Saint-Raymond pendant plus de soixante-dix ans), la vie de leur communauté.

Line Gingras
Québec

http://laplumeheureuse.canalblog.com/archives/2005/09/14/806385.html

14:50 Publié dans Chant choral, C'était hier | Lien permanent | Tags : musique, québec

09 avril 2010

L'Arche d'Alliance

Ensemble vocal André Martin; EVAM; chant choral; Québec; L'Arche d'Alliance.

C'est une relation souvent tumultueuse mais toujours victorieuse, celle d'un peuple avec son Dieu, que l'Ensemble vocal André Martin a choisi d'évoquer le dimanche 2 mai, en matinée.

Avec Noé, avec Moïse puis avec chaque être humain, Yahvé établit son Alliance et la renouvelle, lui dont l'amour et la fidélité sont infinis et viennent à bout de toutes les peurs, de toutes les rébellions, de toutes les trahisons.

Pour exprimer cette générosité et cette confiance passionnées, où l'union entre époux trouve sa consécration, nous ferons appel à des compositeurs de différentes époques : de Byrd à Bruckner, de Morales à Mendelssohn, de Schütz à Schubert, ils témoignent de la grandeur de Dieu, de la protection qu'il accorde à son peuple et de la joie de s'abandonner à lui.

 

L'Arche d'Alliance
Sa fidélité s'étend d'âge en âge...
Ensemble vocal André Martin
Avec Sylvain Doyon à l'orgue
Dimanche 2 mai à 14 h
Oratoire Saint-Joseph
560, chemin Sainte-Foy
Québec

06 novembre 2009

Valses d'amour

Ensemble vocal André Martin; chant choral; Québec; Liebeslieder Walzer; Johannes Brahms.

Le dimanche 29 novembre prochain, l’Ensemble vocal André Martin invite les mélomanes de Québec à se laisser emporter par les étourdissantes Liebeslieder Walzer (opus 52 et 65), de Johannes Brahms.

Entendre pour la première fois – ou pour la centième – les Valses d’amour de Brahms, c’est plonger dans un torrent de lumière tumultueuse. Voici le piano qui dévale de la montagne; non, il vogue sur le Danube, tournoie dans les cafés de Vienne, se repose dans la paix du soir… Voici les voix d’hommes et de femmes qui s’unissent, qui s’opposent, qui souffrent, se déchirent et se désirent. Voici l’oiseau et la forêt, la mer et le ciel qui nous ressemblent, mais sont souvent plus heureux.

Voici la passion qui séduit et caresse, qui embrase et ne laisse que ruines. Voici l’art, enfin, qui seul peut ramener la sérénité.

Line Gingras

Valses d’amour de Brahms
Ensemble vocal André Martin
Avec Dina Haché-Martin et Rachel Martel au piano quatre mains
Dimanche 29 novembre 2009 à 14 h
Maison généralice des Sœurs du Bon-Pasteur
2550, rue Marie-Fitzbach
Québec

24 juillet 2009

Anniversaires

Charles de Gaulle; Jacques Cartier; croix de Gaspé; 24 juillet; chemin du Roy; Vive le Québec libre!

Quelques anniversaires aujourd'hui.

Le 24 juillet 1534, il y a quatre cent soixante-quinze ans, Jacques Cartier plantait à Gaspé une croix haute de trente pieds, portant l'inscription Vive le Roy de France.

Le 24 juillet 1967, Charles de Gaulle, désireux semble-t-il d'effacer une dette de la France à l'égard du Québec, lançait son fameux Vive le Québec libre! du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, devant la foule massée sur la place... Jacques-Cartier.

Le choix de la date me paraît significatif : de Gaulle, ancien professeur d'histoire à l'école militaire de Saint-Cyr, s'intéressait beaucoup au rôle qu'avait joué la France en Amérique. La veille, soit le 23 juillet 1967, il était arrivé à Québec sur le croiseur français Colbert, à bord duquel il avait remonté le Saint-Laurent – comme Jacques Cartier avant lui... Le 24, il avait gagné Montréal en suivant le chemin du Roy.

Ça n'a aucun rapport avec ces faits historiques, mais toujours est-il que, le 24 juillet 1967, j'ai eu douze ans.

Line Gingras
Québec

23:55 Publié dans C'était hier | Lien permanent | Tags : québec, histoire, de gaulle

23 juin 2009

Merci de bien vouloir accepter le français

  • La jeune génération accepte de plus en plus de travailler, d'échanger en français et d'accepter le français comme langue commune notamment. (Marco Bélair-Cirino.)

La jeune génération accepte [...] d'accepter? J'espère ne pas me montrer trop exigeante en la priant d'adopter le français comme langue commune.

Line Gingras
Québec

« Sondage – Le français à Montréal : 90 % des francophones sont inquiets » : http://www.ledevoir.com/2009/06/22/256166.html

28 mars 2009

Au vert bois, je m'en irai...

Ensemble vocal André Martin; EVAM; Le château aux longs rideaux dans l'eau; chant choral; concert à Québec.

Promenons-nous dans le bois..., dit une ronde enfantine. Dans un bois solitaire et sombre..., chante Mozart. Dans les allées ombreuses où l'on rencontre des fées malicieuses, des nymphes charmantes, de mélodieux rossignols, toutes les créatures ont l'esprit à la fête. Mais les jeux et les ris ont une fin; les danseuses dorment avant le jour; le temps fuit avec l'amour, qui nous a percé le cœur. Que reste-t-il alors des plaisirs envolés? Vienne la nuit consolatrice, nuit sereine qui fait naître les songes...

C'est à un voyage dans le monde du rêve et du merveilleux – et dans les sentiers de l'âme – que l'Ensemble vocal André Martin (EVAM) vous invite, le dimanche 19 avril à 14 h, si vous avez le bonheur de vous trouver à Québec. Nous partirons des bosquets riants et enchantés de l'Angleterre du dix-septième siècle, avec Henry Purcell, pour arriver au bal imaginaire où nous attend le pauvre Bozo de Félix Leclerc. Sur notre chemin, il y aura encore Britten, Gluck, Brahms, Mozart, Monteverdi, Rameau, Ravel... L'EVAM sera accompagné d'un petit ensemble instrumental.

Soyez des nôtres pour entendre les voix des muses, leur chant tour à tour joyeux et apaisant comme celui des étoiles.

Line Gingras

Le château aux longs rideaux dans l'eau
Le merveilleux en musique, depuis Purcell

Ensemble vocal André Martin
Accompagné d'un petit ensemble instrumental

Église Saint-Patrick (1145, av. de Salaberry, Québec)
Dimanche 19 avril 2009, 14 h
Entrée : 20 $

02 novembre 2008

Une puce obstinément française

Ensemble vocal André Martin; EVAM; Les jours s'en vont..., je demeure; chant choral; chansons a cappella; concert à l'église Notre-Dame-des-Victoires, Québec.

Ah! l'agaçante puce :

Quand mes yeux je pense livrer au sommeil,
Elle vient me piquer, me démange, et me point, et me garde de dormir.

Jean-Antoine de Baïf, à qui sont attribuées les paroles de cette chanson de Claude Le Jeune (Une puce), vivait au XVIe siècle; il s'exprimait en français, à l'évidence, même si nous avons parfois un tantinet de misère à comprendre certains des mots et des tournures qu'il emploie.

Par « nous », je veux dire la vingtaine de choristes composant cet automne l'Ensemble vocal André Martin, qui donnera dans trois semaines un concert où sera à l'honneur la chanson française a cappella, de Ronsard à Félix Leclerc.

Que fait donc au juste cette puce qui « me pique, me démange, et me point »? N'est-ce pas « pointe » qu'il faudrait lire? nous sommes-nous demandé un soir de répétition. Pointe, présent de l'indicatif du verbe pointer?

J'ouvre mon dictionnaire d'ancien français – où je trouve des arguments convaincants, oui, mais en faveur du verbe poindre. Sens 1 : piquer; sens 3 : éperonner; sens 8 : faire souffrir, incommoder.

Ainsi, les cruelles puces du temps jadis sont demeurées telles aujourd'hui : obsédantes ritournelles de nos amours elles nous tourmentent, sans répit. Mieux vaut en rire...

Peu importe le siècle auquel nous appartenons, francophones d'Europe ou d'Amérique, nous vivons d'eau et de lumière; de tendresse, de jeux et de folie; de joies et d'espoir; et quelquefois de regrets atrocement doux. Cette âme qui demeure, et que révèlent nos chansons, s'incarne dans notre langue commune.

Qu'ils s'appellent Charles d'Orléans, Pierre de Ronsard, Clément Marot, Guillaume Apollinaire, Félix Leclerc ou Sylvain Lelièvre, nos poètes disent qui nous sommes, notre façon d'être au monde; ils ont la voix de notre cœur. Si vous êtes à Québec le dimanche 23 novembre, venez les entendre.

Line Gingras

Les jours s'en vont..., je demeure
Chansons françaises, de Ronsard à Félix Leclerc

Ensemble vocal André Martin
Avec la participation de Richard Joubert (commentaires) et d'Alfred Marin (viole de gambe)

Église Notre-Dame-des-Victoires (Place Royale, Québec)
Dimanche 23 novembre 2008, 14 h
Entrée : 15 $

24 juin 2008

Sur la défensive de la langue française

En raison des difficultés techniques dont je vous dis un mot dans ma note du 29 février, vous trouverez ce billet à l'adresse suivante : http://chouxdesiam.canalblog.com/archives/2008/06/24/9687....

30 avril 2008

Louange Te rendray

En raison des difficultés techniques dont je vous dis un mot dans ma note du 29 février, vous trouverez ce billet à l'adresse suivante : http://chouxdesiam.canalblog.com/archives/2008/04/29/9008....

19 janvier 2008

La clarinette basse, vous connaissez?

Ensemble vocal André Martin; Lumière des nations; chant choral; Québec; clarinette basse.

Au début de décembre, je vous ai parlé du concert que l'Ensemble vocal André Martin présentera dans une petite semaine, soit le samedi 26 janvier, sous le thème Lumière des nations : http://chouxdesiam.hautetfort.com/archive/2007/12/02/lumi....

Nous chanterons certaines pièces a cappella, mais d'autres seront accompagnées par un orchestre de treize musiciens - pour lequel notre chef, qui est aussi compositeur, a écrit ses propres arrangements. Cet ensemble devait inclure un basson; hélas, notre bassoniste s'est fracturé le poignet, et aucun autre n'était disponible à Québec. Nous avons eu recours à une clarinette basse.

Ce matin, donc, arrive à la répétition une toute jeune femme, radieuse, qui s'installe juste devant nous, les contraltos. Vous connaissez la clarinette basse? C'est une voix ample, puissante, chaleureuse. Après trois notes, j'étais envoûtée.

Quel bonheur de découvrir cet instrument, dans un répertoire qui lui est inhabituel, étant donné son invention tardive. La joie de la clarinettiste faisait plaisir à voir - et à entendre.

Dans ma prochaine vie, je jouerai de la clarinette basse, moi aussi.

Line Gingras
Québec

02 décembre 2007

Lumière des nations

Ensemble vocal André Martin; EVAM; Congrès eucharistique international; Québec; église Saint-Dominique; musique classique; musique religieuse; concert.

Lumière des nations... Ce sera le thème du concert que l'Ensemble vocal André Martin (EVAM), dont je fais partie, présentera le samedi 26 janvier 2008 à 20 h, à l'église Saint-Dominique de Québec.

Rappelez-vous cette immense acclamation des anges, que les monts de Galilée ont répercutée jusqu'à nous : Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté! Pour le premier de nos deux concerts se rapportant au volet culturel du Congrès eucharistique international, événement qui rassemblera à Québec, en juin prochain, des catholiques du monde entier, nous avons voulu évoquer l'universalité de la quête spirituelle.

À la source de toutes les religions il y a une soif, insatiable, d'amour, de respect, de sérénité; il y a le besoin de trouver un sens à la vie; il y a une recherche de dépassement, dont le champ est l'infini. Nous venons au monde dans une communauté culturelle donnée, au sein d'une société qui, dans une certaine mesure, façonne nos croyances; mais nous avons tous, me semble-t-il, la même soif, la même faim de connaître ce qui est plus grand que nous, cet esprit qui réunit l'humanité sous son aile.

Comment cette aspiration s'est-elle traduite dans la chrétienté, chez des peuples différents? Cette question a guidé notre choix des œuvres au programme; nous ne pouvons cependant, en une soirée, que donner un aperçu des formes diverses qu'a empruntées, au cours des siècles, l'expression d'une espérance qui a animé tant de nos semblables. Ont été retenus, en plus de brèves pièces attachantes, dont plusieurs a cappella, des extraits de chefs-d'œuvre parmi les plus marquants. Ont été appelés à témoigner de leur foi certains des compositeurs les plus éminents - de Purcell, Lassus et Victoria à Fauré, Poulenc et Rachmaninoff, sans oublier Bach, Mozart, Bruckner, Händel, Vivaldi, Monteverdi...

L'Ensemble vocal André Martin sera accompagné, pour ce concert dédié à l'étincelle divine que nous portons en nous, par un orchestre d'une douzaine de musiciens.

Line Gingras
Québec

23 septembre 2007

Le « nous » québécois

Le nous québécois; identité québécoise; Québécois et Canadiens français; langue française.

[Réponse à une lectrice française, Rosa, qui m'interrogeait sur le nous québécois.]

La question du nous est délicate, parce qu'elle touche à notre identité collective. Qui sommes-nous? Qui peut se dire Québécois?

Lorsque j'étais enfant, on appelait Québécois, dans la langue courante, les habitants de la ville de Québec; à l'échelle de la province, on se divisait essentiellement entre Canadiens anglais et Canadiens français. Nous, les Canadiens français, étions attachés à ce que nous nommions le Canada; mais cette terre de nos aïeux était associée au fleuve géant (le Saint-Laurent), comme le précise notre hymne national. À l'église, un de nos cantiques, Notre-Dame du Canada, reprenait cette idée : Regarde avec amour, sur les bords du grand fleuve / Ce peuple jeune encore qui grandit frémissant / Tu l'as plus d'une fois consolé dans l'épreuve / Ton bras fut sa défense, et ton bras est puissant...

Notre peuple était canadien, de langue française et de religion catholique. (Je simplifie, bien sûr.) Deux siècles après la défaite des plaines d'Abraham, il était pauvre, se croyait né pour un p'tit pain. Replié sur lui-même, il comptait sur une élite de prêtres, de médecins, de notaires et d'avocats pour le diriger. Il avait lutté pour sa survie en faisant des enfants, beaucoup d'enfants.

Un jour, à l'adolescence, j'ai remplacé plus ou moins discrètement, dans le refrain du cantique, du Canada par des Québécois.

La Révolution tranquille a transformé notre société, qui s'est affranchie de la tutelle de l'Église; l'argent détestable nous a paru, de plus en plus, désirable; le monde des affaires, attirant. L'exposition universelle de 1967 nous a ouverts au monde et nous a montré que nous étions capables, nous aussi, d'audace et de grandes réalisations. Le Parti québécois nous a entraînés dans son rêve immense. Le français s'est imposé jusque dans les commerces de Montréal.

Et aujourd'hui, qui sommes-nous? Les Québécois de vieille souche ne font plus assez d'enfants; notre société doit accueillir des immigrants et favoriser leur intégration. Francophones et anglophones, Québécois de vieille souche ou de souche récente, nous avons en commun la langue française, paraît-il. L'aimons-nous comme un bien précieux? Dans l'expression Français d'Amérique, quel mot trouvons-nous le plus important?

Après le référendum de 1995, on a proclamé que le terme Québécois s'appliquait à tous les habitants du Québec - et à eux seuls. Moi qui vivais à Ottawa, je me trouvais soudain du mauvais côté de la rivière - rejetée. Je ne me suis jamais sentie Franco-Ontarienne. Je n'étais plus Québécoise. Alors qu'un immigré de fraîche date, ne sachant rien de l'histoire du Québec, ne parlant peut-être même pas français, pouvait se dire Québécois, lui.

Les choses n'ont pas changé de ce côté; seulement, je suis revenue m'établir à Québec. Suis-je donc Québécoise, à nouveau? Comment pourrais-je appartenir, véritablement, à un peuple qui se définit de façon si superficielle? - qui m'accueille aujourd'hui, qui me repousserait aussi facilement demain? Pourquoi voudrais-je, même, lui appartenir? Quelle signification cela pourrait-il avoir?

Je suis Québécoise, malgré tout. Je ne peux pas rejeter le nous comme le nous a prétendu me rejeter. Mes racines sont plus fortes, plus profondes que cela. Elles plongent dans le terreau de la langue, de l'histoire, de la culture. Je ne me laisserai plus exclure. Mais le peuple québécois, avec tous les éléments qui le composent, anciens et nouveaux, ne survivra que s'il définit clairement les caractéristiques communes qui le distinguent des autres peuples d'Amérique - et s'il s'attache à les mettre en valeur.

L'identité, l'appartenance à un peuple, ce n'est pas une simple question de domicile.

Line Gingras
Québec

15 mars 2007

La Passion selon Marie

Ensemble vocal André Martin; chant choral; concert du 15 avril 2007; Québec.

Le dimanche 15 avril prochain, l'Ensemble vocal André Martin, dont je fais partie, va donner un concert de musique religieuse, sous le thème La Passion selon Marie.

Nous allons représenter le drame terriblement humain de la Passion du Christ, du point de vue de Marie. Avant de mourir, Jésus a confié sa mère au disciple qu'il aimait. Des années plus tard, Marie - elle qui « gardait ces choses dans son cœur » - raconte ces événements douloureux. Elle-même n'y a pas assisté dès le début : la nuit de prière et d'angoisse au mont des Oliviers, l'arrestation lui ont été relatées par les disciples. Et c'est un autre narrateur, un historiographe, qui abordera les signes de la Résurrection, que nous ne ferons qu'évoquer.

Les différents moments du récit de la Passion ont inspiré quantité de compositeurs au cours des siècles. Nous allons interpréter, pour illustrer les souvenirs de Marie, des œuvres de diverses époques - de Morales et Gesualdo à Poulenc et Elzéar Fortier. Plusieurs pièces seront chantées a cappella; d'autres seront exécutées avec le concours d'un organiste et d'un quatuor à cordes.

Dimanche 15 avril à 14 h 30, à la chapelle des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Vallier.

Line Gingras
Québec

31 janvier 2007

Fosses sceptiques

Fosse septique; fosse sceptique; septique et sceptique; homonymes; orthographe.

« Vidange des fosses sceptiques. » (Site Web de la municipalité d'Hérouxville.)

On veut parler de fosses septiques.

La municipalité d'Hérouxville, localité de quelque 1300 habitants située près de Grand-Mère, en Mauricie, vient de se doter d'un code de conduite* : le maire et les conseillers veulent faire savoir aux nouveaux arrivants de quelle façon ils doivent s'attendre à vivre s'ils décident de s'établir chez eux. Qu'on se le tienne pour dit :

... nous considérons comme hors norme [...] le fait de tuer les femmes par lapidation sur la place publique ou en les faisant brûler vives...

Je constate qu'il est aussi très mal vu, dans cette paisible collectivité du centre du Québec, de brûler les femmes avec de l'acide ou de les exciser.

Le conseiller André Drouin a déclaré au journaliste Simon Durivage, de Radio-Canada : « On en veut des immigrants, c'est écrit noir sur blanc dans le papier! On en a même un ici, on en a même un. Et il est heureux comme un pape! »

Les sceptiques - peut-être même les fausses sceptiques - seront confondus.

* Tous les passages du document ne sont pas de la même eau; vous en jugerez à la lecture.

Line Gingras
Québec

« Services aux citoyens » : http://municipalite.herouxville.qc.ca/services.htm
Normes de la municipalité d'Hérouxville : http://municipalite.herouxville.qc.ca/normes.pdf
« Hérouxville - Dans l'œil du cyclone » : http://www.radio-canada.ca/regions/mauricie/2007/01/29/00...

29 octobre 2006

De Lassus à Poulenc, la ronde de nos saisons

Chanson polyphonique française; Ensemble vocal André Martin.

Il était une fois, il y a très, très longtemps, un vicaire amoureux.

Un jour de fête, le saint homme chantait un amen et il y allait fort, je vous jure - à pleine tête, dit la chanson -, pensant toucher le cœur d'Annette. Et Annette pleurait, pleurait. Seulement voilà : si elle pleurait, Annette, c'était que la voix du vicaire, quand il criait priait si fort, lui rappelait celle de son âne..., son âne qu'elle aimait, et qui était mort.

Bon, mon amie Nicole prétend que je me trompe, qu'Annette se moque avec raison; moi, je soutiens qu'Annette est une brave fille, incapable de malice, et que c'est nous, les chanteurs, qui rions du braillard. Allez savoir.

Une chose est certaine, Annette et le vicaire ne vivent pas dans le même univers : pour le vicaire, c'est la saison des amours; pour Annette, peut-être, la saison du deuil.

Notre prochain concert - je fais partie de l'Ensemble vocal André Martin - aura lieu le 10 décembre, mais ce ne sera pas un concert de Noël; nous avons choisi pour thème, plutôt, La ronde de nos saisons : le passage du temps, le cycle des jours, de l'année et de la vie, mais aussi le mystère de notre destin personnel, la solitude et l'incompréhension où il nous plonge parfois, qui sont notre lot à tous. Et, malgré tout, l'espoir d'une renaissance, qui renaît toujours.

Au programme, de la chanson polyphonique française, de Lassus à Poulenc... et au-delà. Des œuvres allant de la Renaissance, donc, où les idées semblent si fraîches, comme la façon de les exprimer, jusqu'au vingtième siècle où nous avons échappé de justesse à l'hiver - l'hiver nucléaire, d'où nul printemps ne renaîtrait.

Elles parleront, nos chansons, d'amoureux qui folâtrent, d'amants qui se laissent, de tendresse et de contemplation, d'un cygne qui passe... Elles diront l'ennui de l'absence, l'espoir d'un retour, les blés qui mûrissent et la neige qui tombe.

Il y sera question de douleur et de joie, d'enfance et de vieillesse, de mort et de vie. Du triomphe de la vie.

Dimanche 10 décembre à 14 h, à la chapelle des Sœurs de Saint-Joseph de Saint-Vallier.

Line Gingras
Québec

01 octobre 2006

À l'épicerie

21 h. Je vais au IGA de la Quatrième Avenue, mon chariot faisant un train d'enfer sur le trottoir. Parce que oui, comme les Vénitiens, j'ai un chariot pour les courses.

J'aime marcher le soir dans la ville. Dans la pénombre des rues tranquilles, les grands arbres étendent leurs bras amis. Les nuages, invisibles à cette heure, ne manquent à personne. Je tourne à droite dans la Troisième Avenue, commerçante; il y a du monde. Quelques groupes s'attardent aux terrasses encore ouvertes. D'avance, ils bravent l'hiver...

À l'épicerie je laisse mon chariot à l'entrée, où l'on dépose les boîtes pour les livreurs; et l'aventure commence.

Les prunes bleues sont très belles et c'est enfin la saison du raisin muscat. Je prends des pommes, des bananes, du fromage, du pain... Je viens de choisir une boîte de céréales lorsque tout à coup un grand bonhomme à bandeau, qu'on dirait frais descendu de sa motocyclette, se plante devant moi. Il a un énorme sac de carottes et l'allure presque menaçante : «Vous connaissez ça, le jus de carottes?»

Je dois avouer que oui, j'y ai déjà goûté. «C'est bon? On m'a dit de mettre du céleri...» Je l'assure que le céleri n'est pas indispensable, que pour ma part j'aime bien le jus de carottes sans rien d'autre. «Je devrais pouvoir me faire du jus de carottes, avec mon blender?» Je n'y connais pas grand-chose, et je n'ai jamais essayé, mais pourquoi pas? «Hier soir, j'ai coupé des oranges, je les ai mis dans le blender, et ç'a très bien marché. Je devrais pouvoir faire pareil avec les carottes? Je vais les couper en long et les mettre dans le blender?» Je suppose que ça ira. «Je l'ai payé une piastre, hier, mon blender, dans un marché aux puces»; enfin, brandissant le gros sac d'un air de triomphe : «Et ça, une piastre et quarante!»

En voyant son sourire de petit garçon, je me dis que la vie, pour une fois, lui aura fait un cadeau.

Line Gingras
Québec

17 septembre 2006

Toiles d'araignées

«Oui, il y a des fous dont l'esprit est fêlé.» (Denise Bombardier.)

Nous voilà prévenus. Méfions-nous, ceux-là sont assurément les plus dangereux. Les autres fous ne doivent être que de pauvres cloches un peu sonnées, qu'étouffent les toiles d'araignées.

* * * * *

Chaque été, un beau dimanche, nous partions toute la famille en pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré. Ce n'était pas vraiment la fête, non, pas tout de suite, parce que d'abord il fallait réciter le chapelet, pour que la sainte Vierge demande à la bonne sainte Anne de nous éviter un accident. Dommage d'être ainsi occupés de choses célestes : le vieux chemin de Duchesnay, avec ses cahots à n'en plus finir, était si amusant...

Mais bon. Bientôt nous arrivions à Sainte-Catherine. Je ne savais pas, alors, que nous passions à proximité du manoir, invisible, où ont vécu Anne Hébert et Saint-Denys Garneau; je ne savais pas non plus qu'une vieille maison, tout près, deviendrait un jour celle de mon oncle Jacquelin. Sainte-Catherine n'était qu'un village traversé par la route, où les voitures allaient trop vite.

Enfin Québec. Nous longions le cap, les maisons serrées juste au pied, menacées par les éboulements. Plus loin, une fois le fleuve à notre droite, c'étaient à gauche des villages perchés. Étranges. Et puis les chutes Montmorency. Quel contraste avec le p'tit rang croche, avec ma rivière et le champ de patates, le moulin à scie et la montagne ronde... Mais voilà que nous apercevions la basilique.

Il y avait des foules innombrables. Des dizaines et des dizaines de fauteuils roulants. Et ce sanctuaire immense, avec sa statue miraculeuse, avec en ex-voto toutes ces béquilles et ces bottines spéciales abandonnées là par des infirmes que la bonne sainte Anne, disait-on, avait guéris...

Il y a dix jours, c'était un jeudi, j'ai revu cette route au bord du fleuve, et ces villages, et la basilique comme neuve, en face de l'île d'Orléans. Elle est de belles proportions, avec des vitraux d'un bleu magnifique. Daignez, sainte Anne, en un si beau jour..., ont chanté les cloches, comme autrefois. Mais j'y ai croisé peu de monde en ce début d'automne; pas d'infirmes; pas d'enfants.

Et le chemin de croix, ce sentier en lacet dans la montagne, pour lequel j'étais venue, était bordé des mêmes sculptures quelconques, couvertes de toiles d'araignées.

Line Gingras
Québec
  

«L'horreur est humaine» : http://www.ledevoir.com/2006/09/16/118242.html