27 janvier 2008
Les adversaires à l'Europe
« Cela étant, autant l'épisode portugais de Brown a contrarié les Britanniques des deux camps, autant la reconnaissance par les chefs d'État présents à Lisbonne a réveillé la fibre des nationalistes et des adversaires à une Europe plus économique que politique. » (Serge Truffaut.)
D'après les exemples que j'ai recueillis, le complément du nom adversaire se construit au moyen de la préposition de :
Les adversaires du matérialisme. (Bergson, dans le Petit Robert.)
Ce sont des adversaires du libre-échange. (Multidictionnaire.)
Quel ordre social ils nous proposent, ces partisans du despotisme et de l'intolérance, ces ennemis des lumières, ces adversaires de l'humanité, quand elle porte le nom de peuple et de nation? (G. de Staël, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je pense qu'il aurait fallu écrire :
Cela dit, autant l'épisode portugais de Brown a contrarié [...] autant la reconnaissance [...] a réveillé la fibre des nationalistes et des adversaires d'une Europe plus économique que politique.
Line Gingras
Québec
« Sortie à l'anglaise » : http://www.ledevoir.com/2007/12/15/168661.html
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26 janvier 2008
Les chroniqueurs et les (euses)
« Maintenant que TQS est menacée de faillite et de disparition, journalistes, chroniqueurs (euses) et intellectuels montent au créneau au nom de la liberté d'information et de la diversité des points de vue. » (Gil Courtemanche.)
L'auteur, on pourrait le croire, ne tient pas en grande estime les chroniqueuses : s'il se donne la peine de les distinguer de leurs collègues masculins, c'est pour les réduire à une finale entre parenthèses. Je constate toutefois, avec une certaine perplexité, que les intellectuelles échappent à ce traitement... humoristique. Faut-il conclure qu'il ne s'en est trouvé aucune pour défendre le mouton noir de la télé?
Je parie plutôt que monsieur Courtemanche a seulement voulu dire :
Maintenant que TQS est menacée de faillite et de disparition, journalistes, chroniqueurs et intellectuels montent au créneau...
Il n'y a aucune raison de penser, ici, que le masculin ne désigne pas aussi bien les femmes que les hommes.
Line Gingras
Québec
« Pour en finir avec TQS » : http://www.ledevoir.com/2008/01/26/173391.html
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25 janvier 2008
Une chose qu'ils ont appris
« C'est là une chose que tous les observateurs ont déjà pu constater et que dans un contexte similaire les Russes ont appris au prix d'une défaite humiliante il y a 20 ans dans ce même pays. » (Bernard Descôteaux.)
Les Russes ont appris quoi? une chose. Quelle que soit la distance qui sépare le verbe de son complément, la règle ne change pas : le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci soit placé devant le verbe - on parle aussi de complément d'objet direct antéposé. Il fallait écrire :
C'est là une chose que tous les observateurs ont déjà pu constater et que dans un contexte similaire les Russes ont apprise...
* * * * *
« Le rapport Manley, s'il comporte de nombreuses propositions qui aideront le gouvernement à bien gérer cette guerre, n'apporte aucun argument pouvant par contre la justifier. »
Le rapport Manley, s'il contient ou s'il renferme de nombreuses propositions...
Line Gingras
Québec
« Le prix à payer » : http://www.ledevoir.com/2008/01/23/172906.html
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24 janvier 2008
Dommage que...
« Dommage qu'il eut fallu les médias pour rappeler aux premiers gardiens de cette langue leurs devoirs fondamentaux. » (Marie-Andrée Chouinard.)
D'après les résultats de mes recherches, les locutions dommage que et il est dommage que sont suivies du subjonctif; l'emploi de l'indicatif « pour marquer la réalité du fait », précisent Hanse et Blampain, « est très rare aujourd'hui » :
Dommage que vous ne puissiez pas l'attendre. (Petit Robert.)
Il est dommage que vous n'ayez pas pu venir. (Multidictionnaire.)
Dommage qu'il soit arrivé en retard. (Thomas.)
Dommage qu'il pleuve, nous aurions pu faire une promenade. (Girodet.)
Dommage qu'il ait manqué son train! (Colin.)
Dans le cas qui nous occupe, il y aurait lieu de remplacer le passé antérieur de l'indicatif (eut fallu) par un subjonctif passé, et non par un plus-que-parfait du subjonctif (eût fallu), étant donné que les faits évoqués viennent de se produire :
Dommage qu'il ait fallu les médias pour rappeler aux premiers gardiens de cette langue leurs devoirs fondamentaux.
Line Gingras
Québec
« Le français à l'étude » : http://www.ledevoir.com/2008/01/25/173205.html
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23 janvier 2008
À la veille
« ... à la veille d'élections générales qui ne sauraient tarder... » (Jean-Robert Sansfaçon.)
On a peut-être veillé un peu tard.
Line Gingras
Québec
« Connaîtra-t-on la vérité un jour? » : http://www.ledevoir.com/2007/12/01/166799.html
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22 janvier 2008
Des contraintes à respecter la loi
« Les petits commerçants qui ne respectent pas la loi sentent d'autant moins de contraintes à la respecter que les clients protestataires se font plus rares. Il existe au Québec, qu'on le nie ou non, une lassitude de la quotidienneté du combat pour faire respecter l'usage du français. » (Denise Bombardier.)
Le verbe contraindre peut avoir pour complément un infinitif; celui-ci est précédé de la préposition à ou de, quoiqu'il y ait « une nette tendance à employer à après les formes actives et quand être contraint apparaît vraiment comme une forme verbale, et de dans les autres cas, où contraint est adjectif » (Hanse et Blampain) :
Les circonstances le contraignirent à travailler très jeune. (Petit Robert.)
Il se contraint à se lever très tôt tous les matins. (Lexis.)
Elle [ma mère] me contraignait d'écrire au nouvel an. (Gide, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je suis contraint par les circonstances à refuser cette invitation. (Hanse-Blampain.)
Elle s'est vue contrainte de donner son accord. (Multidictionnaire.)
Aucun des ouvrages consultés ne signale cependant ce type de construction (infinitif complément introduit par à ou de) avec le substantif contrainte*. Dans la phrase à l'étude, on aurait pu écrire à mon avis :
Les petits commerçants qui ne respectent pas la loi se sentent d'autant moins contraints [ou tenus] de s'y conformer que les clients protestataires se font plus rares.
Les petits commerçants qui ne respectent pas la loi sentent d'autant moins l'obligation [ou la nécessité] de s'y conformer que les clients protestataires se font plus rares.
Line Gingras
Québec
* Bien entendu, cette observation ne vise pas une tournure comme il y a des contraintes à respecter, où contraintes est complément d'objet direct du verbe à l'infinitif, au lieu d'avoir l'infinitif pour complément.
« Why not? » : http://www.ledevoir.com/2008/01/19/172405.html
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21 janvier 2008
Pouponner, pomponner
« Au Starbucks, son rire fait tourner des têtes. Je remarque le fond de teint, le mascara, ces sourcils finement épilés. T’es pas mal coquette, Fatima, ça doit te prendre un temps fou, te pouponner, le matin... Oui! Et selon ma religion, dit-elle en riant encore, je ne devrais pas me maquiller... » (Patrick Lagacé.)
Lorsqu'elle aura des enfants, Fatima pourra pouponner toute la journée. En attendant, elle se pomponne.
Line Gingras
Québec
« Fatima a un hidjab » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071129/CPOPINIONS05/7...
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