03 juin 2007
Trouvé coupable de deux accusations
« Marcel Dubois, un éducateur spécialisé de 36 ans, a été trouvé coupable de deux accusations de voies de fait simples... » (Presse Canadienne.)
Coupable d'une accusation
On est coupable de quelque chose lorsqu'on « a commis volontairement un acte considéré comme répréhensible » (Trésor de la langue française informatisé) - délit, crime, faute, négligence grave, diffamation, injure, d'après les exemples recueillis dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main.
Une accusation est-elle un acte répréhensible? Sans doute..., s'il s'agit d'une fausse accusation.
Trouvé coupable
Trouvé coupable, selon le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, est le calque de found guilty; il faudrait employer jugé coupable, déclaré coupable, reconnu coupable.
Je proposerais donc :
... a été reconnu coupable à deux chefs d'accusation...
Line Gingras
Québec
« Un éducateur violent trouvé coupable de quatre accusations » : http://www.cyberpresse.ca/apps/pbcs.dll/article?AID=/2007...
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02 juin 2007
N'ont menées
« Les quelques rencontres tenues entre la police et Cho n’ont menées à aucune action précise. » (Guillaume Bourgault-Côté.)
Employé avec l'auxiliaire avoir, le participe passé s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Les rencontres n'ont mené qui, n'ont mené quoi? Pas de réponse - pas de complément d'objet direct, pas d'accord. Par contre :
Les quelques rencontres qu'ont menées les policiers...
Les policiers ont mené quoi? Des rencontres; le participe passé s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, placé devant le verbe.
Les quelques rencontres qui ont été menées par la police...
Le verbe mener n'est pas conjugué ici avec l'auxiliaire avoir : il est employé à la forme passive, avec l'auxiliaire être au passé composé; le participe s'accorde donc en genre et en nombre avec le sujet du verbe.
Line Gingras
Québec
« Le tueur de Virginia Tech a tourné une vidéo entre les deux attaques » : http://www.ledevoir.com/2007/04/19/140044.html?fe=805&...
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01 juin 2007
Échouer à + infinitif
« Le Parlement ukrainien a échoué hier à adopter les dispositions législatives nécessaires à l'organisation des législatives anticipées... » (AFP.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert (2007), le Multidictionnaire (2003), le Hanse-Blampain (2000) et le Trésor de la langue française informatisé, échouer peut s'employer de façon absolue, ou être suivi d'un nom complément introduit par les prépositions à ou dans :
Échouer à un examen, dans la/une tentative. (Trésor.)
Voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue. (Flaubert, dans le Petit Robert.)
Tous ses efforts ont échoué. (Hanse-Blampain.)
Le Lexis (1977) reçoit la construction échouer à faire quelque chose, que je ne rencontre cependant pas ailleurs :
Le drame de l'enfant qu'il avait échoué à sauver. (Beauvoir.)
Ai-je raison de trouver cette tournure suspecte? En tout cas, ni le Meertens ni le Robert & Collins Super Senior ne proposent échouer à faire quelque chose comme équivalent de to fail to do something.
J'aimerais bien consulter à ce sujet la dernière édition du Grand Robert. En attendant, sans vouloir condamner un usage qui après tout est admis dans un dictionnaire de langue, je suis d'avis qu'il vaudrait mieux écrire, dans la phrase qui nous occupe : Le Parlement ukrainien n'a pu adopter...; j'écarte n'est pas parvenu à, utilisé dans la phrase suivante, et n'a pas réussi à, trop semblable.
* * * * *
Il y aurait lieu de supprimer l'adjectif législatives, pour éviter la répétition.
Line Gingras
Québec
« En bref - Ukraine : le Parlement échoue » : http://www.ledevoir.com/2007/05/31/145486.html
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31 mai 2007
Prêter flanc ou prêter le flanc?
« Par son comportement et ses déclarations maladroites, M. Boisclair avait prêté flanc aux attaques de M. Charest. » (Michel David.)
Les dictionnaires généraux que j'ai sous la main consignent tous l'expression prêter le flanc (à). Cette locution appartient d'abord au langage militaire; prêter le flanc, c'est découvrir le flanc d'une troupe, l'exposer aux attaques de l'ennemi :
Il avait été asticoté par les avant-postes de Zobel pendant la petite heure où il avait prêté le flanc. (Giono, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Le tour s'emploie aussi dans la langue figurée; prêter le flanc à la critique, à des attaques, à la médisance, à la curiosité..., c'est y donner prise, s'y exposer :
Le directeur, en refusant de rencontrer les employés malgré la tournure des événements, a prêté le flanc à la critique.
Se laisser voir avec un grand désir non satisfait [...] c'est prêter le flanc à toutes les mauvaises plaisanteries possibles... (Stendhal, dans le Trésor.)
Le Petit Robert (2007), le Lexis (1977) et le Multidictionnaire (Marie-Éva de Villers, 2003) ne reçoivent que prêter le flanc, avec l'article. Le Trésor admet cependant prêter flanc, sans l'article; il donne un exemple de cette construction :
L'archevêque prêtait flanc du côté des mœurs. (Sainte-Beuve.)
Aucun des huit ouvrages de difficultés que j'ai consultés n'aborde la question.
Je pense qu'il vaut mieux employer prêter le flanc; l'omission de l'article ne me paraît pas un bien grand péché, mais une recherche Google semble confirmer qu'elle est peu courante.
Line Gingras
Québec
« Un sentiment d'urgence » : http://www.ledevoir.com/2007/05/17/143837.html
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30 mai 2007
Se déclarer, verbe attributif
« ... 39 % des Québécois se déclarent favorable à cette option... » (Antoine Robitaille.)
Se déclarer est un verbe attributif - l'équivalent de déclarer être. L'adjectif favorable est donc attribut du sujet, Québécois, avec lequel il s'accorde en genre et en nombre :
... 39 % des Québécois se déclarent favorables à cette option...
* * * * *
Je dois apporter une précision, en réponse à une question qu'a posée amusem (voir les commentaires) : d'après le Hanse-Blampain, on pourrait dire aussi que le sujet du verbe est l'expression de pourcentage, 39 %; l'attribut pourrait donc s'accorder avec 39 %, que l'on tient pour un masculin pluriel. Cela ne change rien dans la phrase qui nous intéresse, étant donné que le complément de l'expression de pourcentage, des Québécois, est également un masculin pluriel; mais cet accord me paraîtrait étrange dans la phrase ... 39 % des Québécoises se déclarent heureuses [heureux?] de cette décision.
Par ailleurs, il serait admis d'employer le singulier dans la phrase suivante :
... 1 % des Québécois se déclare favorable à cette option...
L'accord avec le complément, au pluriel, me paraît toutefois plus courant.
Line Gingras
Québec
« Les libéraux relégués au 3e rang » : http://www.ledevoir.com/2007/05/28/145118.html
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29 mai 2007
Mal lui en pris
« ... l’éphémère gouvernement de Joe Clark avait pensé que jamais les libéraux ne prendraient le risque de le battre sur un budget – surtout que leur chef venait de démissionner. Mal lui en pris... » (Michel C. Auger, dans Le Soleil.)
On écrit soit mal lui en prit, au passé simple, soit mal lui en a pris, au passé composé.
Line Gingras
Québec
« Les accidents qui arrivent » : http://blogues.cyberpresse.ca/mcauger/?p=606140945
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28 mai 2007
Souhaiter que
« Dans l'ensemble, il faut donc applaudir à cette initiative de l'administration Tremblay et souhaiter que les consultations à venir serviront à consolider les propositions les plus prometteuses pour l'amélioration de la qualité de vie à Montréal. » (Jean-Robert Sansfaçon.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, souhaiter que est suivi du subjonctif :
Je souhaitais en effet que vous rencontriez mon fils. (Sartre, dans le Lexis.)
Je souhaite de tout mon cœur que vous trouviez le garçon de votre âge que vous méritez et qui bâtira une vraie vie avec vous. (Anouilh, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Comme il serait à souhaiter pourtant que cette thèse fût exacte! (Thibaudet, dans le Trésor.)
Je lis dans le Dupré (Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain) la remarque suivante, reproduite dans le Trésor : « Il n'est pas à recommander d'employer le futur après souhaiter que, même si le souhait est probable et près de se réaliser. »
On aurait pu écrire, selon la nuance à exprimer :
... et souhaiter que les consultations à venir servent à consolider...
... et espérer que les consultations à venir serviront à consolider...
Line Gingras
Québec
« Un plan ambitieux » : http://www.ledevoir.com/2007/05/18/144027.html
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