31 janvier 2015
Qu'est-ce qui représente un « cri de liberté »?
- Melina était une femme de gauche. Pas de la gauche radicale comme celle qui a été élue la fin de semaine dernière, mais la gauche que ses amis français souhaitaient, celle d’Yves Montand et Simone Signoret par exemple. Je crois malgré tout qu’elle serait heureuse de l’élection qui vient d’avoir lieu pour le cri de liberté qu’il représente contre les abus de ceux qui possèdent le pouvoir et qui en abusent trop souvent.
(Lise Payette, dans Le Devoir du 30 janvier 2015.)
Je ne vois pas ce qui peut représenter un cri de liberté, si ce n'est l'élection :
Je crois malgré tout qu’elle serait heureuse de l’élection qui vient d’avoir lieu pour le cri de liberté qu’elle représente contre les abus de ceux qui possèdent le pouvoir et qui en abusent trop souvent.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« L’austérité, ça ne marche pas! » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/430332/l-austeri...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:59 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
30 janvier 2015
Comment?
Comment et l'inversion du sujet dans l'interrogation directe; grammaire française; syntaxe.
Première Guerre mondiale, Deuxième Guerre mondiale, Seconde Guerre mondiale; majuscule ou minuscule.
- Comment est-ce que cette campagne de haine a-t-elle pu se mettre en marche en Allemagne?
(Le Devoir, le 23 janvier 2015 à 17 h 33.)
Deux possibilités :
Comment est-ce que cette campagne de haine a pu se mettre en marche en Allemagne?
Comment est-ce que cette campagne de haine a-t-elle pu se mettre en marche en Allemagne?
- Et depuis la Seconde guerre mondiale, comment les cinéastes ont dépeint la Shoah?
Et depuis la Seconde Guerre mondiale, comment les cinéastes ont-ils dépeint la Shoah?
On écrit, avec deux majuscules, la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale. (Voir par exemple le Petit Robert, à l'article « guerre ».)
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Auschwitz, 70 ans plus tard : le souvenir de l’horreur » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/429...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
29 janvier 2015
Les cinq y ont tous répondu
- Les cinq candidats à la chefferie du PQ ont tous répondu à l’invitation de l’Association des jeunes péquistes de l’Université de Montréal (AJPUM) et du Mouvement des étudiants souverainistes de l’Université de Montréal (MESUM).
(Marco Bélair-Cirino, dans Le Devoir du 29 janvier 2015.)
Si les cinq candidats ont répondu à l'invitation, il va de soi qu'ils y ont tous répondu :
Les cinq candidats à la chefferie du PQ ont tous répondu à l’invitation de l’Association des jeunes péquistes de l’Université de Montréal (AJPUM) et du Mouvement des étudiants souverainistes de l’Université de Montréal (MESUM).
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Pleins feux sur le passé antisyndical de PKP » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/430215/debat-dir...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
28 janvier 2015
On considère la tolérance une vertu
Considérer, considérer comme + attribut; grammaire française; syntaxe.
Damner le pion ou damer le pion; paronymes.
- On en a marre de se faire traiter de pleutres parce que l’on considère la tolérance, non seulement une vertu, mais comme une bonne façon de concevoir la démocratie.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 28 janvier 2015.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, le verbe considérer, employé au sens de « juger », « estimer », introduit un attribut (attribut du complément d'objet direct à la voix active ou pronominale, ou du sujet à la voix passive) qui doit être précédé de comme, bien que la construction sans comme soit fréquente :
Je considère cela comme impossible. (Hanse-Blampain.)
Il se considère comme l'héritier légitime. (Hanse-Blampain.)
Le directeur la considère comme compétente. (Multidictionnaire.)
Il considère cette théorie comme une absurdité. (Petit Robert.)
La répétitivité des tâches est considérée comme un facteur aggravant l'absentéisme [...] (Grand Robert, « absentéisme ».)
Il fallait écrire :
On en a marre de se faire traiter de pleutres parce que l’on considère la tolérance non seulement comme une vertu, mais comme une bonne façon de concevoir la démocratie.
* * * * *
-
D’ailleurs, malgré les prétentions contraires, la France n’est pas LE pays de la liberté d’expression; les États-Unis, grâce à leur premier amendement constitutionnel, lui damnent le pion à cet égard.
« Enfer et damnation! », pourrait s'écrier celui à qui l'on vient de damer le pion. Damer signifie au sens propre, dans la langue des dames et des échecs, « transformer (un pion) en dame, ou en une figure de son camp ». Damer le pion à quelqu'un, c'est « l'emporter sur lui, le surpasser, répondre victorieusement à ses attaques ». (Source : Petit Robert.)
Il fallait écrire :
D’ailleurs, malgré les prétentions contraires, la France n’est pas LE pays de la liberté d’expression; les États-Unis, grâce à leur premier amendement constitutionnel, lui dament le pion à cet égard.
Line Gingras
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« Laïcité, prise 2 » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/430...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:50 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
27 janvier 2015
Quelle affaire!
- Au nom du patriotisme et de la liberté d’expression, des foules occidentales en ruée vers le douteux film The Interview se seraient-elles fait manipuler à leur tour? Il est facile d’identifier un bon et un méchant quand un film se voit menacé de censure. Surtout s’il met en cause la Corée du Nord, terrible dictature, contre les États-Unis, qui posent en champions de la démocratie. Mais en cette affaire, nos puissants voisins du Sud semblent moins nets qu’il n’y paraît et l’affaire, plus complexe.
(Odile Tremblay, dans Le Devoir du 31 décembre 2014.)
En cette affaire, l'affaire? Je suggérerais :
Mais en cette affaire, nos puissants voisins du Sud semblent moins nets qu’il n’y paraît et la réalité, plus complexe.
Line Gingras
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« Entre propagande et désinformation » : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/427927/the-intervi...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
26 janvier 2015
Abandon
- Au printemps, les Allemands envahissent aussi le village de Michael, abandonnés par l’armée russe.
(Isabelle Paré, dans Le Devoir du 24 janvier 2015.)
Ce ne sont pas les Allemands qui ont été abandonnés par l'armée russe, mais le village :
Au printemps, les Allemands envahissent aussi le village de Michael, abandonné par l’armée russe.
* * * * *
- [...] des bataillons de miliciens chargés d’éliminer les Juifs, les Tziganes, les handicapés, les Russes et tous les opposants au IIIe Reich en l’Europe de l’Est.
On dit en Amérique du Nord, et non pas en l'Amérique du Nord :
[...] des bataillons de miliciens chargés d’éliminer les Juifs, les Tziganes, les handicapés, les Russes et tous les opposants au IIIe Reich en Europe de l’Est.
* * * * *
- Grâce à son polonais sans accent et ses yeux bleus, Arthur survivra à la contrebande, en rampant dans des tunnels clandestins pour aller et venir du ghetto, comme d’autres enfants qui blanchissent leurs cheveux au peroxyde pour se donner l’air de vrais Polonais.
Deux observations :
- La préposition à se répète normalement devant chacun des compléments.
- On peut venir du ghetto, mais on ne peut pas aller du ghetto (sauf dans une tournure du type aller de Québec à Montréal).
Je suggérerais :
Grâce à son polonais sans accent et à ses yeux bleus, Arthur survivra à la contrebande, en rampant dans des tunnels clandestins pour sortir du ghetto et y rentrer, comme d’autres enfants qui blanchissent leurs cheveux au peroxyde pour se donner l’air de vrais Polonais.
Line Gingras
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« Survivre à l'horreur » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/429...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
23:53 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
25 janvier 2015
Un renvoie devant un juge
Un renvoie ou un renvoi; orthographe.
- Elle requiert huit mois de prison, « ce qui [lui] paraît justifié », ainsi qu’un renvoie devant un juge d’application des peines.
(Hélène Deplanque dans le site de Libération, le 20 janvier 2015 à 17 h 1.)
Nous n'avons pas affaire au verbe renvoyer, mais au nom renvoi :
Ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. (Petit Robert.)
Elle requiert huit mois de prison, « ce qui [lui] paraît justifié », ainsi qu’un renvoi devant un juge d’application des peines.
Line Gingras
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« "Le tribunal a jugé votre comportement inadmissible, compte tenu des faits récents d'attentat" » : http://www.liberation.fr/societe/2015/01/20/le-tribunal-a...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:11 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
23 janvier 2015
Odieux
- On peut certes trouver odieux la tentative de récupération de cet événement tragique par le parti de M. Harper [...]
(Amir Khadir, dans Le Devoir du 14 janvier 2015.)
On peut trouver que la tentative de récupération est odieuse; on peut trouver la tentative odieuse. L'adjectif attribut du complément d'objet direct doit s'accorder avec ce complément, même s'il y a inversion :
On peut certes trouver odieuse la tentative de récupération de cet événement tragique par le parti de M. Harper [...]
* * * * *
- Mais je voudrais nous rappeler qu’un régime similaire existe déjà. Il s’appelle l’Arabie saoudite. Où, pour la seule période du 4 et 22 août 2014, Amnistie internationale y dénonce pas moins de 22 exécutions, la plupart par décapitation!
Trois observations :
- Je ne dirais pas que le régime s'appelle l'Arabie saoudite, mais qu'il est celui de l'Arabie saoudite.
- Il s'agit évidemment de la période du 4 au 22 août.
- Les pronoms où et y font double emploi.
On aurait pu écrire :
Mais je voudrais nous rappeler qu’un régime similaire existe déjà. C'est celui de l’Arabie saoudite. Où, pour la seule période du 4 au 22 août 2014, Amnistie internationale y dénonce pas moins de 22 exécutions, la plupart par décapitation!
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Un "Charlie" nommé Badawi » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/428819/un-charli...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:16 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
22 janvier 2015
L'adjectif ne remplace pas le nom
- Il y a subtilement la tentation de faire porter aux victimes un peu du poids d'assassinats insensés. De leur trouver une logique, comme si on avait pu les éviter. Il y a risque d'internaliser la mécanique terroriste, de les croire sur parole.
(Yves Boisvert, dans La Presse du 10 janvier 2015.)
Il y a risque de croire non pas les victimes, non pas les assassinats, mais les terroristes; cependant, l'adjectif terroriste ne peut pas renvoyer au nom. Je suggérerais :
Il y a risque d'internaliser la mécanique terroriste, de croire les tueurs sur parole.
* * * * *
-
Ce qui est visé, ce n'est pas la politique de Harper ou d'Obama ou des socialistes français – un des seuls pays occidentaux à avoir soutenu les démarches de l'Autorité palestinienne, par exemple.
Les socialistes et autres -istes, de quelque nationalité qu'ils soient, ne sont pas un pays; les adjectifs de nationalité non plus. On pouvait écrire :
Ce qui est visé, ce n'est pas la politique de Harper ou d'Obama ou des socialistes français – la France est un des seuls pays occidentaux à avoir soutenu les démarches de l'Autorité palestinienne, par exemple.
Line Gingras
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« C'est le fanatisme, pas la religion » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/yves-boisvert/20...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:07 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
21 janvier 2015
Les pays musulmans et ses fatwas
- Deux semaines après les attentats contre Charlie Hebdo, il est de plus en plus tentant de voir le monde divisé en deux : l’Occident et ses libertés d’un côté, les pays musulmans et ses fatwas de l’autre.
(Francine Pelletier, dans Le Devoir du 21 janvier 2015.)
Deux possibilités :
[...] l’Occident et ses libertés d’un côté, les pays musulmans et leurs fatwas de l’autre.
[...] l’Occident et ses libertés d’un côté, le monde musulman et ses fatwas de l’autre.
* * * * *
-
Notre incapacité de juger adéquatement des événements est particulièrement mise à épreuve maintenant qu’arrive ce qui ne devait pas arriver : le combat terrestre.
D'après tous les exemples que je trouve dans le Petit Robert, on dit et on écrit mise à l'épreuve. Par ailleurs, il me semble que c'est notre capacité, plutôt que notre incapacité de juger adéquatement, qui est mise à l'épreuve, c'est-à-dire qui est soumise à un test devant permettre de se faire une opinion sur sa valeur :
Notre capacité de juger adéquatement des événements est particulièrement mise à l'épreuve maintenant qu’arrive ce qui ne devait pas arriver : le combat terrestre.
Line Gingras
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« Le choc des civilisations » : http://www.ledevoir.com/international/actualites-internat...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:53 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
20 janvier 2015
Il se moque
- Il se moque des économistes qui se proposent de quantifier le bonheur avec le PIB, et les altermondialistes qui en font autant du développement durable.
(David Desjardins, dans Le Devoir du 17 janvier 2015.)
Il ne s'agit pas de quantifier les altermondialistes, mais de se moquer d'eux :
Il se moque des économistes qui se proposent de quantifier le bonheur avec le PIB, et des altermondialistes qui en font autant du développement durable.
* * * * *
-
Et que l’on se rend compte que, malgré toute notre volonté de demeurer critique, la morale qu’elle sous-tend nous a souvent infectés.
Le sujet implicite de demeurer, verbe attributif, c'est nous (un nous pluriel, comme l'indique l'accord du participe infectés) :
Et que l’on se rend compte que, malgré toute notre volonté de demeurer critiques, la morale qu’elle sous-tend nous a souvent infectés.
Line Gingras
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« Leur règne absolu » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/429...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:00 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
19 janvier 2015
L'association s'est indigné
- [...] l’association Dessins pour la paix, mise au monde par le caricaturiste du quotidien Le Monde Plantu, et dont Cabu était membre, s’est indigné devant l’attaque terroriste dont a été victime la rédaction de Charlie Hebdo, appelant à la résistance face à l’obscurantisme [...]
(Fabien Deglise, dans Le Devoir du 8 janvier 2015.)
Comme le signale Marie-Éva de Villers, le participe passé du verbe pronominal s'indigner s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet du verbe :
[...] l’association Dessins pour la paix, mise au monde par le caricaturiste du quotidien Le Monde Plantu, et dont Cabu était membre, s’est indignée devant l’attaque terroriste dont a été victime la rédaction de Charlie Hebdo, appelant à la résistance face à l’obscurantisme [...]
Line Gingras
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« Indignation et résistance » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/428...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:08 Publié dans Cultiver le doute, Le billet du dimanche, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
18 janvier 2015
Provocation
- Il fallait quitter le quartier pour entendre des couacs. Le chauffeur de taxi iranien a abordé le sujet en premier. En gros, il avait été révolté par les meurtres de Charlie Hebdo, tout en trouvant, comme d’autres le chuchotent, qu’ils avaient trop provoqué les extrémistes. Et joué leur jeu.
(Odile Tremblay, dans Le Devoir du 17 janvier 2015.)
Ils? Non, ce ne sont pas les meurtres qui « avaient trop provoqué les extrémistes ». Je suggérerais :
En gros, il avait été révolté par les meurtres de Charlie Hebdo, tout en trouvant, comme d’autres le chuchotent, que ses artisans avaient trop provoqué les extrémistes.
En gros, il avait été révolté par les meurtres de Charlie Hebdo, tout en trouvant, comme d’autres le chuchotent, que la publication avait trop provoqué les extrémistes.
Il est vrai que, si des articles réclamant une plus grande liberté de religion valent mille coups de fouet à leur auteur, et dix ans de prison, et dix ans d'interdiction de voyage, et 300 000 $ d'amende...
Line Gingras
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« Sous le crachin et les roses de Charlie » : http://www.ledevoir.com/culture/cinema/429078/sous-le-cra...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
21:05 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 janvier 2015
Je suis Charlie, je suis le mouvement?
- Au fil des décennies qui ont suivi, cette devise simple [« Nous sommes tous des Juifs allemands »], faite d'un sujet, d'un verbe et d'un complément, allait se décliner en d'innombrables avatars.
(Agnès Gruda, dans La Presse du 17 janvier 2015.)
La devise est simple, sans doute, mais elle est faite d'un sujet, du verbe être et d'un attribut du sujet.
Line Gingras
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« Je suis celui qui souffre » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/agnes-gruda/2015...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
16:06 Publié dans Cultiver le doute, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 janvier 2015
De fait
- L’attentat sordide et 12 fois mortel commis par deux abrutis contre les bureaux de Charlie Hebdo n’a pas manqué de fait ressortir ces profiteurs de l’horreur qui ont pris des formes assez étonnantes et parfois même bizarres dans les derniers jours.
(Fabien Deglise, dans Le Devoir du 12 janvier 2015.)
L’attentat sordide et 12 fois mortel commis par deux abrutis contre les bureaux de Charlie Hebdo n’a pas manqué de faire ressortir ces profiteurs de l’horreur, qui ont pris des formes assez étonnantes et parfois même bizarres dans les derniers jours.
* * * * *
-
[...] pour leur faire comprendre que les gestes guidés par la connerie n’ont pas toujours besoin d’être armés et teintés de références religieuses plus ou moins foireuses, pour être lourd de conséquences.
Le sujet implicite du verbe être, avec lequel doit s'accorder l'attribut lourd, c'est gestes :
[...] pour leur faire comprendre que les gestes guidés par la connerie n’ont pas toujours besoin d’être armés et teintés de références religieuses plus ou moins foireuses, pour être lourds de conséquences.
Line Gingras
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« Mort aux enfumeurs » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/428...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
18:21 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 janvier 2015
Grosse fatigue
- Mais trop manger, trop boire et se coucher tard pendant 15 jours, sans arrêt, ça tue. Ça tue, mais vous êtes trop fatigués pour mourir. Vous êtes un zombie.
(Stéphane Laporte, dans La Presse du 3 janvier 2015.)
Un zombie ne peut être fatigué qu'au singulier :
Mais trop manger, trop boire et se coucher tard pendant 15 jours, sans arrêt, ça tue. Ça tue, mais vous êtes trop fatigué pour mourir. Vous êtes un zombie.
Line Gingras
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« Le vide du 3 janvier » : http://www.lapresse.ca/debats/chroniques/stephane-laporte...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
08:14 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
11 janvier 2015
Qu'est-ce qu'on attend?
- On me dira que cette violence faite à l’intelligence n’est pas du même ordre qu’un attendant sanglant.
(Jean-François Nadeau, dans Le Devoir du 8 janvier 2015.)
Un attentat attendu?
On me dira que cette violence faite à l’intelligence n’est pas du même ordre qu’un attentat sanglant.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Bête et méchant » : http://www.ledevoir.com/international/europe/428361/bete-...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
19:08 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Tags : journalisme, presse, médias
10 janvier 2015
Chantons en coeur
- À la fin du discours, les participants [...] ont chanté en cœur La marseillaise.
(Daphnée Hacker-B., dans Le Devoir du 8 janvier 2015.)
L'hymne national français, que l'on chante en chœur avec cœur, prend deux majuscules, selon le Petit Robert :
À la fin du discours, les participants [...] ont chanté en chœur La Marseillaise.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
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« Des milliers de "Charlie" rendent hommage » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/428...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
10:31 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 janvier 2015
Exprimez-vous
- Durant ce temps, les suspects ont été identifiés comme étant Saïd et Cherif Kouachi, deux frères de 32 et 34 ans, de même que de Hamyd Mourad (18 ans), qui aurait agi comme chauffeur.
(Christian Rioux, dans Le Devoir du 8 janvier 2015.)
... identifiés comme étant... de Hamyd Mourad? On pouvait écrire :
Durant [ou Pendant] ce temps, les suspects ont été identifiés comme étant Saïd et Cherif Kouachi, deux frères de 32 et 34 ans, de même que de Hamyd Mourad (18 ans), qui aurait agi comme chauffeur.
Durant [ou Pendant] ce temps, les suspects ont été identifiés : il s'agit de Saïd et Cherif Kouachi, deux frères de 32 et 34 ans, de même que de Hamyd Mourad (18 ans), qui aurait agi comme chauffeur.
* * * * *
-
La presse française et internationale a exprimé sa solidarité avec l’hebdomadaire. « Nous sommes tous Français », a déclaré en français le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Même le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’est exprimé pour l’occasion dans la langue de Molière. Les premiers ministres canadien et québécois ont aussi exprimé leur solidarité.
Tâchons de varier un peu l'expression :
La presse française et internationale a manifesté sa solidarité avec l’hebdomadaire. « Nous sommes tous Français », a déclaré en français le président du Conseil italien, Matteo Renzi. Même le secrétaire d’État américain, John Kerry, s’est exprimé pour l’occasion dans la langue de Molière. Les premiers ministres canadien et québécois ont aussi affirmé leur solidarité.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« La France visée en plein cœur » : http://www.ledevoir.com/international/europe/428362/atten...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
09:24 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
07 janvier 2015
De la lecture et de la relecture
- La résolution du PLQ met en lumière l’existence de moyens prometteurs, renvoyant à des expériences d’implantation d’approches efficaces pour l’enseignement de la lecture lors d’expériences qui ont eu lieu au Québec et qui ont justement permis de réduire de façon significative le nombre d’élèves considérés comme en difficulté en lecture, et de réduire les écarts de réussite en filles et garçons et entre élèves issus de milieux favorisés et défavorisés.
(Marc St-Pierre, dans Le Devoir du 15 décembre 2014.)
Je proposerais :
La résolution du PLQ met en lumière l’existence de moyens prometteurs, renvoyant à des expériences d’implantation d’approches efficaces pour l’enseignement de la lecture lors d’expériences qui ont eu lieu au Québec et qui ont justement permis de réduire de façon significative le nombre d’élèves considérés comme en difficulté en lecture, et de réduire les écarts de réussite entre filles et garçons et entre élèves issus de milieux favorisés et défavorisés.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Un plan pour l’amélioration du français : du neuf enfin? » : http://www.ledevoir.com/societe/education/426710/un-plan-...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
17:08 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, presse, médias
05 janvier 2015
Une entente que prévoit une allocation
- Aux prises avec une dette de 800 000 $ envers le propriétaire, le RPC a conclu une entente avec ce dernier que prévoit une allocation (une forme de prêt) d’un million de dollars à rembourser sur 25 ans à un taux de 6 % pour les sept premières années.
(Frédérique Doyon, dans Le Devoir du 10 décembre 2014.)
Ce n'est pas l'allocation qui prévoit une entente, mais l'entente qui prévoit une allocation :
Aux prises avec une dette de 800 000 $ envers le propriétaire, le RPC a conclu une entente avec ce dernier qui prévoit une allocation (une forme de prêt) d’un million de dollars à rembourser sur 25 ans à un taux de 6 % pour les sept premières années.
Il serait souhaitable, par ailleurs, de rapprocher le pronom relatif de son antécédent :
Aux prises avec une dette de 800 000 $ envers le propriétaire, le RPC a conclu avec ce dernier une entente qui prévoit une allocation (une forme de prêt) d’un million de dollars à rembourser sur 25 ans, à un taux de 6 % pour les sept premières années.
Line Gingras
Traductrice agréée (OTTIAQ, ATIO)
Réviseure pigiste
Québec
« Des locataires du regroupement Pied carré déchantent » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/42...
Il n'y a pas que ce que l'on dit; la manière dont on le dit, c'est un message aussi.
14:51 Publié dans On ne se relit jamais trop, Questions de langue | Lien permanent | Tags : langue française, journalisme, presse, médias