19 août 2007
Des gens subtiles
« ... les militaires n'ont pas la réputation d'être des gens très subtiles, ni rapides d'esprit. » (Michel Vastel.)
L'adjectif qui se rapporte au mot gens, s'il est placé après le nom, doit se mettre au masculin : ... des gens très subtils...
« Dans son premier mandat, Robert Bourassa se laissait aller à la même familiarité, et il l'a payé très cher lorsque les mêmes journalistes ont décidé de le démollir parce qu'ils jugeaient qu'ils l'avaient assez vu. »
Démolir. Rien à voir avec les fromages à pâte molle.
« Ce ne sont pas "que" deux exemples de déparages des journalistes. Je trouve que mes collègues se laissent un peu trop aller ces temps-ci et les exemples ne manquent pas. »
Ça dépare sans doute, mais monsieur Vastel a voulu dire dérapages. J'ajouterais que le laisser-aller peut se manifester de bien des façons...
Line Gingras
Québec
« Certains journalistes sont effrontés! » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
23:46 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 août 2007
Elle s'est attirée les foudres...
« ... l'unilingue et butée Bev Oda ne s'est attirée que des foudres, ou presque. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Pour savoir s'il faut accorder ou non le participe passé d'un verbe pronominal - et avec quoi, le cas échéant -, le plus simple, à mon avis, est de se demander d'abord si le verbe a un complément d'objet direct, à l'exclusion du pronom réfléchi (s', dans le cas présent). Dans l'affirmative, nul besoin de chercher plus loin : le participe passé s'accorde avec ce complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe :
On aurait dû prévoir les foudres que la ministre s'est attirées. (La ministre s'est attiré quoi? les foudres.)
Si le complément d'objet direct vient après le verbe, le participe reste invariable :
... Bev Oda ne s'est attiré que des foudres...
Notez que le pronom réfléchi, s', a ici fonction de complément d'objet indirect : s'attirer quelque chose, c'est attirer quelque chose à soi.
Line Gingras
Québec
« Une ministre attendue » : http://www.ledevoir.com/2007/08/18/153797.html
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17 août 2007
Suivit ou suivi?
« ... le dîner au profit de Centraide [...] suivit du film "La Vita è bella"... » (Évelyne Moisan.)
On écrit le dîner suivit le film, mais le dîner suivi du film.
Le dîner suivit le film : le verbe, au passé simple, dit le contraire de précéda.
Le dîner suivi du film : nous avons affaire au participe passé, dont l'antonyme serait précédé. Et je n'apprendrai à personne que ce participe passé, au féminin, ne fait pas suivite.
Line Gingras
Québec
« L'Italie au centre-ville » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070816/CPNOUVELLISTE/...
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16 août 2007
Indication de la date
« Sœur Estelle Lauzon, religieuse de la congrégation de la Providence, a été assassinée lundi le 13 août dans le centre d'hébergement où elle travaillait... » (Jean-Guy Roy, directeur général de CIRA-FM.)
On doit mettre l'article devant le jour de la semaine, et non après :
... a été assassinée le lundi 13 août...
Voir au besoin le Multidictionnaire ou Le français au bureau.
Line Gingras
Québec
« Lettres : Mourir au combat » : http://www.ledevoir.com/2007/08/16/153493.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, presse, médias
15 août 2007
En campagne ou à la campagne?
« À Trois-Rivières, dans ce quartier où Cédrika a été enlevée, la paranoïa s’est installée. On craint de laisser les enfants sortir. On dévisage les étrangers. Une maman, dont la fille connaissait Cédrika, m’a dit qu’elle songeait à envoyer sa fille vivre chez son père, en campagne. "Il ne se passe pas des choses comme ça, en campagne." » (Patrick Lagacé.)
Selon Camil Chouinard et les linguistes de l'Office québécois de la langue française, l'expression en campagne s'emploie lorsqu'on parle d'opérations militaires ou d'une entreprise comme une campagne électorale ou publicitaire; au sens de « en région rurale », il faut dire à la campagne. Les exemples que donnent les dictionnaires correspondent effectivement à cette distinction :
En campagne
Les troupes de l'ONU sont en campagne. (Multidictionnaire.)
Tous ses amis s'étaient mis en campagne pour lui procurer les fonds nécessaires. (Lexis.)
À la campagne
Passer le week-end à la campagne. (Petit Robert.)
Mes grands-parents habitent à la campagne. (Multidictionnaire.)
Aller en vacances à la campagne. (Trésor de la langue française informatisé.)
Ce village est-il situé à la campagne, en montagne ou au bord de la mer? (Lexis.)
* * * * *
J'avais huit ou neuf ans lorsque mes parents m'ont fait visiter, avec mon frère et ma sœur plus jeunes, la vieille maison délabrée où Léopold Dion, « le monstre de Pont-Rouge », avait séquestré, agressé sexuellement et tué des enfants, peu de temps auparavant.
Pont-Rouge, c'est un village voisin de Saint-Raymond de Portneuf - là d'où je viens et où se trouvait, au fond d'un rang j'imagine, ce haut lieu du tourisme éducatif. Voilà pour la vie saine et paisible de la campagne, où, croit-on, « il ne se passe pas des choses comme ça ».
Line Gingras
Québec
« Retour sur Cédrika » : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720240
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14 août 2007
Ces individus...
« ... ces individus ont été condamnés à mort à deux reprises. La première fois fut en 2001. On souligne ce fait afin que l'on sache que, depuis lors, leur santé psychologique s'est passablement dégradée. Car, on le répète, elles n'ont rien fait de répréhensible... » (Serge Truffaut.)
Individus est un nom masculin, même lorsqu'il désigne cinq infirmières... et un médecin; le pronom qui le remplace doit être du même genre :
Car, on le répète, ils n'ont rien fait de répréhensible...
Line Gingras
Québec
« L'escroc libyen » : http://www.ledevoir.com/2007/07/13/150287.html
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13 août 2007
Une gifle en plein visage
« Risque de fermeture, activités réduites, c'est une gifle en plein visage qu'ont reçu les organismes culturels en apprenant que le gouvernement fédéral ne leur accordait pas de subvention pour engager des étudiants. » (Marie-Ève Lafontaine.)
Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Les organismes culturels ont reçu quoi? Pas un visage, mais une gifle : qu'ont reçue.
Line Gingras
Québec
« Subventions coupées : les organismes culturels durement touchés » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070518/CPNOUVELLISTE/...
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