21 octobre 2007
Quoiqu'il arrive ou quoi qu'il arrive
« Allons, quoiqu’il arrive à ce gouvernement [le gouvernement conservateur de Stephen Harper], la campagne à la direction du Parti libéral du Canada est bien lancée… » (Michel Vastel.)
Quoique, en un seul mot, est une conjonction synonyme de bien que :
Quoiqu'il arrive à ce gouvernement de commettre des erreurs, on votera de nouveau pour lui.
Pour dire « quelle que soit la chose que ou qui » (Hanse-Blampain), il faut employer la locution pronominale quoi que, en deux mots :
Allons, quoi qu'il arrive à ce gouvernement, la campagne à la direction du Parti libéral du Canada est bien lancée...
* * * * *
« Hier soir, dans les couloirs du Parlement, le consensus était à un sursis d’au moins quelques mois pour le gouvernement. Oserai-je dire qu’il me mérite? »
Je ne crois pas qu'un gouvernement puisse mériter - ou ne pas mériter - monsieur Vastel.
Line Gingras
Québec
« Qui veut renverser un verre à moitié plein? » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=50#comments
01:41 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
20 octobre 2007
Accuser d'accuser
« Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de "tromper la population" ni de "tromper les Québécois" ni même de "tromper cette Chambre". Ou encore d’accuser quelqu’un "d’omettre sciemment de dire la vérité" ou de "sciemment induire en erreur". » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs d'accuser? Je pense qu'on a voulu dire, plutôt :
Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de « tromper la population » [...] Ni accuser quelqu'un « d'omettre sciemment de dire la vérité »...
Nos députés ne peuvent pas accuser un des leurs de « tromper la population » [...] Ils ne peuvent pas non plus accuser quelqu'un « d'omettre sciemment de dire la vérité »...
Line Gingras
Québec
« Le mot "bullshit" n'est pas encore à l'index » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071018/CPOPINIONS05/7...
05:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
19 octobre 2007
La défense qu'il a fait
« Ces chicanes de clocher donnent de la bonne copie - j'ai bien aimé la défense que François Bourque du Soleil a fait de Québec... » (Pierre Foglia, dans La Presse.)
Le verbe faire n'est pas suivi d'un infinitif (les opposants que ce dictateur a fait assassiner); il n'est pas non plus à la forme impersonnelle (les tempêtes qu'il a fait l'hiver dernier). Par conséquent, employé avec l'auxiliaire avoir, il s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci le précède :
La randonnée que j'ai faite. (Multidictionnaire.)
... j'ai bien aimé la défense que François Bourque, du Soleil, a faite de Québec...
Line Gingras
Québec
« La caravane passe » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071018/CPOPINIONS05/7...
05:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
18 octobre 2007
Faire l'affaire
« Cela rendait caduque la promesse faite par Jean Chrétien aux Québécois à la veille du référendum, ce qui, dans le fond, faisait son affaire, explique-t-il. Une résolution aux Communes ferait donc l'affaire, à moins de frais politiques. » (Vincent Marissal, dans La Presse.)
L'expression faire l'affaire est correcte, mais il vaut quand même mieux s'en servir avec modération. Je pense qu'on aurait pu la remplacer dans les deux cas :
... ce qui, dans le fond, lui convenait, explique-t-il. Une résolution aux Communes suffirait donc, à moins de frais politiques.
... ce qui, dans le fond, lui convenait, explique-t-il. On se contenterait donc d'une résolution aux Communes, à moins de frais politiques.
Line Gingras
Québec
« Citer Voltaire, suivre Machiavel » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071015/CPOPINIONS05/7...
02:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
17 octobre 2007
C'est du propre!
« Tous les ingrédients propres à cette sale affaire permettent de reprendre à notre compte le constat fait de l'autre côté de l'Atlantique. » (Serge Truffaut.)
Sourire de l'éditorialiste?
Line Gingras
Québec
« En plein vol? » : http://www.ledevoir.com/2007/10/16/160656.html
04:14 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 octobre 2007
Porter flanc à, porter le flanc à
« Que s'est-il donc passé dans la tête de Pauline Marois pour qu'elle porte ainsi flanc à plus d'inquisition journalistique? » (Denise Bombardier.)
Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « flanc », donnent l'expression prêter le flanc (à la critique, à la médisance, à la curiosité...) :
En participant à cette manifestation qui a mal tourné, il a prêté le flanc à la critique.
Je n'y trouve pas, cependant, le tour porter flanc (ou porter le flanc) - quoique l'on ait employé autrefois porter dans ses flancs ou porter dans son flanc, ce qui, bien entendu, n'a pas du tout le même sens :
Croit-on que dans ses flancs un monstre m'ait porté? (Racine, dans le Petit Robert.)
Avez-vous lieu de présumer que vous soyez le père de l'enfant que Mme Luneau porte dans son flanc? (Maupassant, dans le Trésor.)
J'aime ces voyages dans le temps...
Line Gingras
Québec
« Maudit argent » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158793.html
05:51 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 octobre 2007
Le laissez-faire ou le laisser-faire?
« Le laissez-faire en matière commerciale aura toutefois toujours tendance à servir les intérêts du plus gros et du plus fort. » (Éric Desrosiers.)
Le Trésor de la langue française informatisé consigne dans une remarque, à l'article « laisser-faire », quelques exemples d'emploi du substantif laissez-faire. Voici deux de ces citations :
... en face du système du laissez-faire de l'école de Manchester. (Jaurès.)
Regardez autour de vous, comparez l'ère du « laissez-faire » à celle des plans. (Perroux.)
L'auteur du second exemple utilise également* la graphie laisser-faire :
Sans action consciente et délibérée, les inégalités meurtrières se seraient maintenues et se maintiendraient. Des détraquements inquiétants se manifestent qu'aucun laisser-faire ne corrige.
De fait, d'après ce que j'ai vu dans les dictionnaires généraux et les ouvrages de difficultés que j'ai sous la main, on écrit normalement un laissez-passer, mais le laisser-faire, le laisser-aller. Pourquoi cela? Un laissez-passer contient un ordre à l'adresse de la personne à qui on présente le document, tandis que l'infinitif, dans laisser-aller ou laisser-faire, « exprime plutôt une attitude, une manière d'être » (Hanse et Blampain). Le Petit Robert donne effectivement de laisser-faire la définition suivante : « Attitude qui consiste à ne pas intervenir. »
Notez que ces trois noms composés sont invariables.
Line Gingras
Québec
* Les deux citations de Perroux sont tirées d'un même ouvrage, L'économie du XXe siècle, publié en 1964.
« Perspectives - C'était hier » : http://www.ledevoir.com/2007/10/09/159846.html
06:10 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse