18 novembre 2007
Scénario bien rôdé - avec ou sans accent?
« Ce scénario bien rôdé s'est toutefois grippé depuis juin... » (AFP.)
Rôder, avec accent circonflexe, c'est « errer » :
Il rôda au travers des bâtiments et du jardin vides, ne sachant à quoi tuer son chagrin. (Zola.)
Roder, sans accent circonflexe, c'est - dans la phrase qui nous intéresse - « mettre au point par des essais, par la pratique » (Petit Robert, seul ouvrage consulté) :
Leur spectacle n'est pas très bien rodé.
Il fallait donc écrire :
Ce scénario bien rodé s'est toutefois grippé depuis juin...
* * * * *
« ... en prônant le lancement d'un large forum réunissant les partis Flamands et francophones... »
Les adjectifs ethniques prennent toujours la minuscule en français : les partis flamands.
Line Gingras
Québec
« Belgique - Le roi s'implique dans la crise au risque d'être critiqué » : http://www.ledevoir.com/2007/11/13/164200.html
02:51 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
17 novembre 2007
Une méthode de dissuader
« La note de synthèse [...] conclut que des fouilles ciblées et aléatoires de convois constituent "une méthode efficace" de dissuader les troupes... » (Steve Rennie, PC.)
D'après les exemples que j'ai vus dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, méthode introduit son complément au moyen de la préposition de s'il s'agit d'un nom, et de la préposition pour s'il s'agit d'un verbe à l'infinitif :
Méthode de travail, d'organisation, d'enseignement, de calcul, de vente, d'évaluation, d'analyse, de raisonnement...
Indiquer à quelqu'un la méthode pour résoudre une difficulté. (Petit Robert.)
Il a trouvé la bonne méthode pour s'enrichir. (Petit Robert.)
Il [M. Chalgrin] est sur le point de trouver non pas une méthode pour traiter la coqueluche, mais une méthode pour prévenir cette odieuse maladie, une méthode prophylactique. (Duhamel, dans le Trésor.)
Il avait des idées. À dix ans il avait inventé une trappe à mouches, à douze une nouvelle méthode pour gonfler les pneus de bicyclette... (Queneau, dans le Trésor.)
« Oh! dit-il, j'ai une méthode à moi pour lire vite et tous les livres. » (Gide, dans le Trésor.)
Les fouilles constitueraient donc une méthode efficace pour dissuader les troupes...
Line Gingras
Québec
« De la drogue à la base canadienne de Kandahar? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPACTUALITES/7...
17:05 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
16 novembre 2007
Un maillot de bain, ce n'est pas un vêtement?
« À quelques reprises, des filles sont arrivées avec le maillot de bain islamique, une sorte de combinaison qui couvre bras, jambes et tête.
Généralement, elles optent plutôt pour des vêtements. » (Katia Gagnon, dans La Presse.)
Le maillot de bain est un vêtement (à plus forte raison, dirais-je, s'il s'agit du maillot de bain islamique) : il suffit de consulter le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « maillot », pour s'en convaincre. On pourrait dire, peut-être, que des élèves musulmanes optent plutôt pour des vêtements ordinaires.
Line Gingras
Québec
« À la piscine en hijab » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071112/CPACTUALITES/7...
09:24 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
15 novembre 2007
À premier titre, au premier titre
« L'idée que le principal intéressé les ait délibérément passés sous silence est troublante, à premier titre pour ceux qui lui ont toujours donné le bénéfice du doute. » (Chantal Hébert.)
Je dirais certainement au premier titre (comme au premier chef) plutôt que à premier titre (comme à juste titre, à double titre). Cependant, j'ai trouvé un seul exemple utile dans les dix ouvrages consultés :
Une philosophie qui pulvérise l'être en phénoménalités subjectives, la science en impressions fuyantes, desquelles on ne peut avec assurance rien nier ni rien affirmer, n'est-ce point là au premier titre ce que tout le monde appelle scepticisme? (G. Lyon, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « phénoménal ».)
Line Gingras
Québec
« Le chapitre manquant » : http://www.ledevoir.com/2007/11/05/163194.html
06:07 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
14 novembre 2007
Livraison de l'école au populisme
Le verbe livrer peut vouloir dire « Abandonner à l'action de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé) :« ... il faut reconnaître au président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, une lecture tout à fait juste lorsqu'il a dénoncé cette semaine la pénible livraison de l'école au populisme et à l'électoralisme. » (Marie-Andrée Chouinard.)
Votre précepte si vanté [...] livre le monde au désordre, à la tyrannie. (Volney, dans le Trésor.)
Livrer une ville au pillage, à l'émeute. (Lexis.)C'est une acception que ne possède pas le substantif livraison, qui désigne plutôt l'action de remettre une personne ou une chose (par exemple une marchandise) à la disposition de quelqu'un :
Si les conditions du traité (toutes les conditions : désarmement, livraison des coupables, réparations) sont fidèlement observées. (Barrès, dans le Trésor.)
La livraison des marchandises, des otages. (Hanse-Blampain.)
Mlle Hortense préparait les colis pour la livraison. (Troyat, dans le Lexis.)
On aurait pu écrire :
... lorsqu'il a dénoncé cette semaine l'abandon de l'école au populisme et à l'électoralisme.
Line Gingras
Québec
« L'école en otage » : http://www.ledevoir.com/2007/11/10/163917.html
06:41 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
13 novembre 2007
Inquiet par ou inquiet de
« Évidemment inquiets par l'inertie des militaires pakistanais, des élus américains se sont rendus sur place. » (Serge Truffaut.)
D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il n'est pas admis d'introduire le nom ou le pronom complément de l'adjectif inquiet, indiquant le motif de l'inquiétude, au moyen de la préposition par; on doit dire plutôt inquiet de quelqu'un ou quelque chose (ou dans certains cas inquiet pour, inquiet sur - cette dernière construction est cependant vieillie, selon le Trésor) :
Elle est inquiète de votre silence. (Petit Robert.)
Être inquiet du mauvais temps, des affaires de quelqu'un. (Trésor.)
J'allais chez Popelin, que je trouvais [...] très soucieux, très inquiet d'un vertige qu'il avait eu à déjeuner. (Goncourt, dans le Trésor.)
La pression du public de plus en plus inquiet des retombées radioactives. (Goldschmidt, dans le Trésor.)
Il est vrai qu'Eisenhower [...] inquiet du trouble qu'il percevait dans les esprits... (De Gaulle, dans le Trésor.)
On est toujours inquiet de moi et pour moi. (Amiel, dans le Trésor.)
Être inquiet pour l'avenir de son fils. (Lexis.)
Sophie est inquiète de l'avenir, pour lui, sur son sort. (Multidictionnaire.)
Line Gingras
Québec
« La rupture » : http://www.ledevoir.com/2007/11/06/163280.html
08:05 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
12 novembre 2007
Faire sa part
« Le milieu du travail devra aussi faire sa part. Sur ce point, le Dr Davignon montre directement du doigt l'organisation du travail qui, plutôt que d'aplanir les différences intergénérationnelles, les accentue. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
L'expression faire sa part est très souvent utilisée au Québec, au sens d'« apporter sa contribution ». Cependant, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, il s'agirait du calque de l'anglais to do one's part - que l'on pourrait éviter en disant plutôt collaborer, contribuer, participer, appuyer, fournir sa part (d'efforts), faire son devoir, y mettre du sien (voir aussi la Banque de dépannage linguistique) :
Toute la population doit *faire sa part* afin de préserver l'environnement = Toute la population doit fournir sa part d'efforts afin de préserver l'environnement / Toute la population doit contribuer à la préservation de l'environnement.
J'ai consulté le Petit Robert (2007), à l'article « part » : faire sa part ne s'y trouve pas. Le Hanse-Blampain, la Banque de dépannage linguistique et le Trésor de la langue française informatisé signalent par ailleurs faire sa part à quelque chose, « lui attribuer sa place, l'importance méritée » (Hanse-Blampain).
Line Gingras
Québec
« Étranger dans sa propre maison » : http://www.ledevoir.com/2007/10/27/162189.html
06:33 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse