10 août 2007
Décès d'une baleine
« Les fréquentes collisions avec de grands navires constituent sans contredit la plus grande cause de mortalité. En fait, la moitié des décès de baleines noires survenus au cours de la dernière décennie sont attribuables à des rencontres malheureuses avec des bateaux. » (Alexandre Shields.)
D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, décès, terme de la langue administrative et juridique, s'emploie uniquement à propos de la mort d'une personne :
J'ai été à la mairie, mais on n'a pas trouvé trace du décès d'un nommé Mouilleminche. (Queneau, dans le Lexis.)
... le peuple français, en moyenne le plus vieilli, le seul où, depuis le début du siècle, les décès l'aient constamment emporté sur les naissances... (De Gaulle, dans le Trésor.)
Il faudrait reformuler :
Les fréquentes collisions avec de grands navires constituent sans contredit le danger le plus important. En fait, la moitié des baleines noires qui sont mortes au cours de la dernière décennie ont eu une rencontre malheureuse avec un bateau / ont succombé à un tel accident. [Le verbe heurter est employé plus loin.]
Line Gingras
Québec
« Le géant à bout de souffle » : http://www.ledevoir.com/2007/08/09/152866.html
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09 août 2007
Dénoter
« "À mon sens, l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'on ne dénote aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos. On voit même que cela peut nuire à l'apprentissage des jeunes enfants", précise le professeur Frederick Zimmerman, de l'Université de Washington (UW). » (Louise-Maude Rioux Soucy.)
D'après ce que je vois dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main, dénoter ne veut pas dire « noter », « remarquer », « déceler », mais plutôt « indiquer, désigner par quelque caractéristique » (Petit Robert), « être le signe de quelque chose » (Trésor de la langue française informatisé). Dans la langue courante, le sujet désigne une chose :
Les traces qui dénotent le passage de quelque chose ou de quelqu'un. (Trésor.)
Les frissons qui dénotent la fièvre. (Trésor.)
Son attitude dénote un certain courage. (Petit Robert.)
Des aquarelles qui dénotent un grand talent. (Multidictionnaire.)
[Toutes ces peintures] dénotaient de la façon la plus évidente, pour un œil exercé, la plus belle période de l'art égyptien. (Gautier, dans le Petit Robert.)
La journaliste (je présume que les propos de monsieur Zimmerman ont été traduits) aurait pu écrire :
... l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'on ne remarque aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos.
... l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'elle ne signale aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos.
Line Gingras
Québec
« La télé éducative au berceau, un leurre? » : http://www.ledevoir.com/2007/08/08/152750.html
20:30 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
08 août 2007
Ils se sont promené
« ... les touristes se sont promené dans le Bas-Saint-Laurent la semaine dernière... » (PC.)
Comme le fait observer Marie-Éva de Villers, le participe passé du verbe pronominal se promener s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet : ... les touristes se sont promenés...
Line Gingras
Québec
« Des Allemands sillonnent le Québec à bord d'un hôtel roulant » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070807/CPVOYAGES/7080...
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07 août 2007
Négligence excusable?
« Les machines, qui ne sont pas tout à fait des guichets bancaires puisqu’ils ne permettent pas___ retirer de billets... » (Tristan Péloquin.)
Le pronom ils ne remplace pas guichets bancaires, puisque ces guichets, justement, permettent de retirer des billets; il renvoie plutôt à machines, féminin pluriel.
Et le verbe permettre, suivi d'un infinitif complément, s'emploie avec la préposition de.
Tout le monde le sait? Oui, tout le monde le sait - enfin, je le suppose. Mais cela ne dispense personne de se relire; et les professionnels de l'écriture, à cet égard, doivent donner l'exemple. Dans le cas présent, la négligence ne peut s'excuser ni par l'urgence de la nouvelle, ni par la situation périlleuse où se trouverait le journaliste.
La forme du message doit correspondre au contenu.
J'apprécie le naturel, et plus qu'un soupçon de désinvolture à l'occasion; l'erreur est humaine, je ne le sais que trop; mais j'ai horreur du laisser-aller.
* * * * *
Note du 8 août 2007, à 2 h 40 : Monsieur Péloquin a remplacé le pronom ils par elles; apparemment il n'a pas cru bon d'introduire l'infinitif complément du verbe permettre au moyen de la préposition de, toutefois. Celle-ci est pourtant toujours utilisée en français correct, comme on s'en rendra compte en consultant, à l'article « permettre », le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis, le Trésor de la langue française informatisé, le Colin, le Girodet ou le Thomas.
Line Gingras
Québec
« Des guichets automatiques dans les églises. Alléluia! » : http://blogues.cyberpresse.ca/peloquin/?p=247
16:05 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, médias
06 août 2007
Différent ou différend?
« ... le groupe Rabaska leur a proposé d'oublier cette somme en échange d'un engagement à ne plus jamais évoquer publiquement le différent portant sur le zonage. » (Guillaume Bourgault-Côté.)
Le « [d]ésaccord résultant d'une différence d'opinions, d'une opposition d'intérêts entre deux ou plusieurs personnes » (Petit Robert) est un différend.
Line Gingras
Québec
« De la nécessité de protéger la parole » : http://www.ledevoir.com/2007/08/04/152373.html
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05 août 2007
Elle s'est laissée tenter
« Annie, mon invitée, s'est laissée tenter par la superbe salade de roquette... » (Philippe Mollé.)
On respecte habituellement la règle suivante : « Le participe passé de la forme pronominale suivi d'un infinitif s'accorde avec le complément direct lorsque celui-ci fait l'action exprimée par l'infinitif. » (Multidictionnaire.)
Dans la phrase à l'étude, le participe passé a pour complément direct le pronom réfléchi s', qui représente Annie; comme celle-ci ne fait pas l'action exprimée par l'infinitif, le participe reste invariable :
Annie, mon invitée, s'est laissé tenter par la superbe salade de roquette...
Line Gingras
Québec
« Méchant Bœuf, méchant resto » : http://www.ledevoir.com/2007/08/03/152233.html
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04 août 2007
En est un de, en est un en
« Le marché des boissons énergisantes en est un en constante évolution. » (Fabien Deglise.)
La construction en est un de... est donnée comme anglicisme dans le Colpron :
* La question en est une d'importance. (= C'est là une question importante.)
* Notre attitude en est une de collaboration. (= Notre attitude est celle de la collaboration.)
Les linguistes de l'Office québécois de la langue française y voient eux aussi un calque de l'anglais. (Banque de dépannage linguistique : http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=2450.)
Doit-on également se méfier de en est un en...? Ce tour ne me paraît pas plus idiomatique. Par curiosité, j'ai tapé dans Google « is one in constant evolution »; j'ai obtenu un texte de l'OTAN :
Mr Çandar emphasized that the phenomenon of political Islam was not a new phenomenon but has always been a part of the political culture of the Muslim world and it is one in constant evolution.
http://www.nato-pa.int/Default.asp?CAT2=909&CAT1=743&CAT0=2&COM=939&MOD=0&SMD=0&SSMD=0&STA=&ID=0&PAR=0&LNG=0
M. Çandar souligne que le phénomène d'un islam politique n'est pas nouveau, mais qu'il a toujours fait partie de la culture politique du monde musulman et qu'il est en constante évolution.
http://www.nato-pa.int/Default.asp?CAT2=909&CAT1=743&CAT0=2&COM=939&MOD=0&SMD=0&SSMD=0&STA=0&ID=0&PAR=0&LNG=1
Au mieux, la construction à l'étude est inutile, mais je pense qu'il s'agit bien d'un anglicisme; on aurait pu écrire, tout simplement :
Le marché des boissons énergisantes est en constante évolution.
Line GingrasQuébec
« Les boissons énergisantes sur la sellette » : http://www.ledevoir.com/2007/08/04/152429.html
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03 août 2007
Le rôle de l'épouse
« ... le rôle de l’épouse d’un chef d’État ou de gouvernement est de veiller à la bonne tenue de la résidence officielle, au confort de ses invités, et à contribuer à une image positive de son époux!
"Cécilia, à vos chaudrons!" si vous voyez ce que je veux dire...
Je blague bien sûr... » (Michel Vastel.)
... le rôle de l'épouse [...] est de veiller [...] et de contribuer...
Enfin, si vous voyez ce que je veux dire...
Line Gingras
Québec
« Cécilia à vos chaudrons! » [Noter qu'il faudrait une virgule après « Cécilia », nom mis en apostrophe] : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
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02 août 2007
Et d'admirer la jolie robe...
« Pour marquer les noces de diamant de la reine Elizabeth et du prince Philip, le palais de Buckingham organise à partir de samedi une exposition sur le jour J qui nous fait entrer dans les coulisses du 20 novembre 1947 et d'admirer la robe et les joyaux exceptionnels de la mariée. » (Élodie Mazein, de l'Agence France-Presse.)
Je suppose que la robe, elle, ne s'est pas décousue : ... qui nous fait entrer [...] et admirer...
Line Gingras
Québec
« Buckingham Palace fait revivre le mariage de la reine Elizabeth » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070727/CPINSOLITE/707...
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
01 août 2007
Vive la Lybie!
« Nicolas Sarkozy s'occupe de la Lybie, lui! » (Michel Vastel.)
Libye.
Sources : Le Petit Robert des noms propres, Le Petit Larousse illustré et L'état du monde. Une recherche Google montre que la faute est fréquente...
Line Gingras
Québec
« La stratégie militaire des États-Unis » : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
23:42 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, médias