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08 octobre 2007

Essouflé, il a failli percuté l'embarcadaire

Essouflé ou essoufflé; embarcadaire ou embarcadère; failli + infinitif ou participe passé; c'a été ou ç'a été; grammaire française; orthographe.

« L'aventurier a accosté à un embarcadaire de Greenwich... » (Agence France-Presse.)

On écrit abécédaire, mais embarcadère.

« "Je suis bouleversé. Je ne peux pas le croire... 13 ans, c'a été un long voyage. C'a été toute ma vie", a-t-il lancé sur la télévision Sky News, essouflé et visiblement épuisé. "C'a été vraiment dur au début", s'est souvenu l'aventurier à la barbe nourrie. »

Ç'a été, ça prend - ç'aurait pris - une cédille.

Essoufflé, avec deux f.

« Il s'est aussi échoué sur un récif aux Antilles, a failli percuté une baleine... »

Il a failli mourir, a failli avoir un accident, a failli percuter une baleine.

Line Gingras
Québec

« 13 ans de tour du monde à la seule force de ses muscles » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071006/CPACTUALITES/7...

07 octobre 2007

Rien avoir ou rien à voir

Rien avoir; rien à voir; orthographe.

« ... je m'y suis précipité de mon plein gré pour des raisons qui n'ont rien avoir avec Jeanson... » (Pierre Foglia.)

Ne rien avoir, c'est ne rien posséder :

Leur plus grande ambition dans la vie, c'était de ne rien avoir.

Le tour peut aussi être suivi d'un infinitif précédé de la préposition à :

Elle voudrait ne rien avoir à faire.

Quel drame de ne rien avoir à dire!

Dans la phrase qui nous intéresse, il fallait écrire pour des raisons qui n'ont rien à voir avec..., c'est-à-dire pour des raisons qui ne concernent pas... :

Il ne faut pas oublier, reprenait Villard, qu'en Belgique les industriels travaillent. - Non! - Si! - On ne sait pas... - Ça n'a rien à voir avec nous. (Van der Meersch, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Sa colère n'avait rien à voir avec ce qui s'était passé la veille.

Line Gingras
Québec

« La haine » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071006/CPOPINIONS05/7...

06 octobre 2007

Avoir vu + infinitif

Avoir vu + infinitif; voir + infinitif; avoir vu suivi de l'infinitif; voir suivi de l'infinitif; accord du participe passé du verbe voir suivi de l'infinitif; grammaire française; orthographe d'accord.

« ... elle [l'athlète Marion Jones] avait toujours tout nié par la suite, véhémentement, malgré des révélations contraires de personnes qui l'avaient côtoyée et disaient l'avoir vu agir. » (Jean Dion.)

« En 2004, il avait déclaré que Jones se dopait et l'avait même vu procéder à des injections sur elle-même. »

Les rectifications orthographiques proposées par le Conseil supérieur de la langue française ne visent nullement l'accord du participe passé du verbe voir. En l'occurrence, la règle qui s'applique demeure la suivante : le participe passé du verbe voir, employé avec l'auxiliaire avoir et suivi de l'infinitif, s'accorde en genre et en nombre avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe et fait l'action exprimée par l'infinitif.

Dans la première phrase, il faut se demander : des personnes disaient avoir vu qui? - elle [Marion Jones], représentée par le pronom complément l'; des personnes disaient avoir vu Marion Jones qui agissait - elles disaient l'avoir vue qui agissait, l'avoir vue agir.

Dans la deuxième phrase, on doit se poser la question : il avait vu qui? - [Marion] Jones, toujours, encore une fois représentée par le pronom l'; il l'avait vue qui procédait à des injections, il l'avait vue procéder à des injections.

Line Gingras
Québec

« La triple médaillée d'or aux Jeux de Sydney confesse s'être dopée - La gloire perdue de Marion Jones » : http://www.ledevoir.com/2007/10/06/159695.html?fe=2197&am...

05 octobre 2007

Sans le sous

Sans le sous ou sans le sou; être sans le sous ou être sans le sou; orthographe.

« En 1951, sans le sous, l'Italien fraîchement débarqué à Montréal ne parle ni anglais ni français... » (Isabelle Paré.)

Sans le sou :

J'ai épousé une fille sans le sou. (Renard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Les petits, les humbles, les sans le sou de ce monde. (Mirbeau, dans le Trésor.) [D'après ce que je vois dans le Petit Robert et le Multidictionnaire, on écrit plutôt, aujourd'hui, les sans-le-sou; le substantif prend des traits d'union.]

« L'affiche rose bonbon illustre un sexe de femmes en forme de serrure, surmonté d'un nombril arborant une moustache. »

Un sexe de femme. Ne pas confondre avec de la confiture de fraises.

Line Gingras
Québec

« Cure de Jouvence pour Vittorio » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158792.html

04 octobre 2007

Reconnaître son tort

Reconnaître son tort ou reconnaître ses torts; aucun autre, même les; syntaxe du français.

« Reconnaître sa responsabilité, c'est reconnaître son tort, présenter ses excuses et réparer. » (Yves Boisvert, dans La Presse.)

« Si tu veux faire un effort / Je reconnaîtrai mes torts... » (Dis-moi ce qui ne va pas, chanson de J. Demarny, J. Claudric et E. Macias.)

Je trouve reconnaître ses torts dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé (aux articles « tort » et « reconnaître »), de même que dans le Lexis et le Multidictionnaire (à l'article « reconnaître »). L'expression reconnaître son tort, d'après ce que je peux voir, n'est enregistrée que par le Trésor; elle figure seulement à l'article « reconnaître », dans les notes relatives à l'étymologie et à l'histoire.

Je pense donc qu'il convient d'employer, dans la langue moderne, le tour reconnaître ses torts; celui-ci se rencontre d'ailleurs dans trois autres articles du Trésor :

Il n'y a pas de honte à reconnaître ses torts. (À l'article « honte ».)
... reconnaître ses torts et se repentir. (À l'article « mea(-)culpa ».)
... il était tout prêt à reconnaître ses torts. (Beauvoir, à l'article « rompre ».)

* * * * *

« Mais aucun autre arrondissement, même les plus populeux, n'arrive... »

Le singulier aucun autre ne saurait comprendre un pluriel; on peut cependant l'inclure dans un pluriel :

Mais aucun autre arrondissement, même parmi les plus populeux, n'arrive...

Line Gingras
Québec

« J'offre le scotch si vous gagnez » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071003/CPOPINIONS05/7...
« Dis-moi ce qui ne va pas » : http://gauterdo.com/ref/dd/dis-moi.ce.qui.html

03 octobre 2007

Compenser quelqu'un

Compenser quelqu'un; syntaxe du français.

« Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par compenser M. Arar... » (Manon Cornellier.)

Selon Camil Chouinard, « le gouvernement peut indemniser les victimes d'une inondation; il ne peut les compenser ». De fait, d'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, une chose ou une personne peut compenser quelque chose, mais non quelqu'un :

Compenser une perte par un gain; un ennui par une satisfaction. (Petit Robert.)

Compenser un inconvénient par un avantage, un mal par un bien. (Trésor de la langue française informatisé.)

Ces jours de congé compenseront les longues heures de travail. (Multidictionnaire.)

Cet automne, du moins, compensera ces mécomptes et consolera mes ennuis. (Gide, dans le Lexis.)

La pauvre grand'mère ne croit pas à Dieu, ni que rien, au delà de la mort, compensera sa triste vie. (Gide, dans le Trésor.)

Compenser un préjudice. (Petit Robert et Trésor.)

On aurait pu écrire :

Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par dédommager M. Arar...

Quelques mois plus tard, le gouvernement Harper a fini par s'excuser et par indemniser M. Arar...

Line Gingras
Québec

« La mémoire est une faculté qui oublie » : http://www.ledevoir.com/2007/09/26/158333.html

02 octobre 2007

Les cents pas, faire les cents pas

Les cents pas; faire les cents pas; accord de cent; déterminant numéral cardinal; déterminant numéral ordinal; adjectif numéral cardinal; adjectif numéral ordinal; condo, condos; grammaire française; orthographe.

« Elle faisait les cents pas devant le condos, inquiète pour son chat qui se trouvait toujours à l'intérieur. » (Catherine Handfield, dans La Presse.)

Cent, déterminant ou adjectif numéral cardinal, prend un s uniquement lorsqu'il est multiplié par un autre nombre et qu'il se trouve à la fin du déterminant numéral :

Il y avait quatre cents personnes à leur dernier concert.
Ils étaient plus de huit cents à vouloir lui serrer la main.
La prochaine ville est à deux cent quatre-vingt-cinq kilomètres.
Ce phénomène se reproduit tous les cent ans.

Notons au passage que cent reste invariable lorsqu'il exprime le rang; il est alors employé comme adjectif ou déterminant numéral ordinal, au sens de centième :

Ouvrez votre manuel à la page trois cent.
Cela se passait dans les années mille huit cent.

* * * * *

Condo est admis dans le Petit Robert (2007) comme abréviation de condominium, terme d'usage courant au Canada pour désigner un « immeuble en copropriété ». On écrit condos au pluriel, mais condo au singulier.

Line Gingras
Québec

« Un immeuble menace de s'effondrer sur Papineau » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...

01 octobre 2007

Rentrer dans les rangs

Rentrer dans les rangs ou rentrer dans le rang.

« Mais pour qui le connaît, pas question de rentrer dans les rangs. Sans concession, Vittorio a été et restera. » (Isabelle Paré.)

Dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « rang », je trouve l'expression rentrer dans le rang :

Je rentrai dans le rang, ne craignis pas de me montrer comme un simple citoyen. (Gide, dans le Lexis.)

Les masses allemandes [...] rentrent dans le rang, quand on leur promet qu'elles vont manger. (H. Albert, dans le Trésor.)

Line Gingras
Québec

« Cure de Jouvence pour Vittorio » : http://www.ledevoir.com/2007/09/29/158792.html

30 septembre 2007

Probable - Il est probable que

Probable; il est probable que + subjonctif; il est probable que + indicatif; il est probable que + indicatif ou subjonctif; choix du mode; grammaire française; syntaxe du français.

« Or, il est fort probable que le couple ait une explication en béton à donner aux Québécois. » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)

Si c'est fort probable, c'est quasi certain; le tour il est probable que, employé à la forme affirmative, appelle l'indicatif ou le conditionnel, d'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain :

Or, il est fort probable que le couple a une explication...
Or, il est fort probable que le couple aurait une explication...

Si la probabilité est inexistante ou peu élevée, on utilise cependant le subjonctif :

Il n'est pas probable qu'on réussisse à le coincer.
Il est peu probable que la demanderesse obtienne gain de cause.

Line Gingras
Québec

« Noyer le poisson » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPOPINIONS05/7...

29 septembre 2007

Ériger un bâtiment, ériger une maison

Ériger un bâtiment; ériger une maisonériger et construireni et n'y; impropriété; grammaire française; orthographe.

« Peu après avoir acheté le terrain en 1992, M. Blanchet et Mme Marois ont construit leur manoir. Hier, Mme Marois a précisé que même si sept acres de terres publiques se trouvent sur son domaine, aucun bâtiment ni a été érigé. » (Ariane Lacoursière, dans La Presse.)

Ni? Bien entendu, c'est n'y qu'on a voulu dire : aucun bâtiment n'a été « érigé » là, aucun bâtiment n'y a été « érigé ».

Ériger, d'après le Petit Robert, c'est « construire avec solennité ». Marie-Éva de Villers signale en effet que l'on érige un monument, une statue, une église, mais que l'« on construit un barrage, un pont, un complexe immobilier, on ne les érige pas ». Je proposerais donc, de manière à éviter la répétition du verbe construire :

... même s'il y a sur son domaine sept acres de terres publiques, aucun bâtiment ne s'y trouve.

* * * * *

« Une entente signée entre M. Walsh et M. Blanchet convenait d'ailleurs de leur entente. »

Un document signé par M. Walsh et M. Blanchet faisait d'ailleurs foi de leur entente.

On pourrait employer aussi le verbe confirmer (Un document [...] confirmait d'ailleurs leur entente), s'il n'était déjà utilisé quelques lignes plus haut.

Line Gingras
Québec

« Pauline Marois se fâche... et s'explique » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070928/CPACTUALITES/7...

28 septembre 2007

Jouer un instrument

Jouer un instrument ou jouer d'un instrument; jouer la flûte ou jouer de la flûte; jouer le piano ou jouer du piano; jouer le violon ou jouer du violon; grammaire française; syntaxe du français; anglicisme; calque de structure.

« Et pour ceux qui apprennent à jouer un instrument? » (Paul Journet, dans La Presse.)

On dit très bien, en anglais, to play a musical instrument; en français, cependant, on joue de la flûte*, du piano, du violon, d'un instrument. (Voir au besoin le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire ou le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « jouer ».)

Line Gingras
Québec

« Mozart rend-il bébé plus intelligent? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPACTUEL/70925...
* « Bonhomme, bonhomme, sais-tu jouer? » : http://www.momes.net/comptines/notes/bonhomme-bonhomme-sa...

27 septembre 2007

Se prémunir de quelque chose

Se prémunir de quelque chose; se prémunir contre quelque chose; se prémunir de ou contre; prépositions; grammaire française; syntaxe du français.

« Mais l'on peut être sûr que c'est un piège dont M. Harper a déjà commencé à se prémunir... » (Lysiane Gagnon, dans La Presse.)

D'après les exemples que j'ai vus dans les dictionnaires, on ne se prémunit pas de quelque chose, mais contre quelque chose :

Ils se sont prémunis contre le froid. (Multidictionnaire.)

Je dois pourtant me prémunir contre la curiosité naturelle à leur sexe. (Duhamel, dans le Petit Robert et le Lexis.)

... les alliés s'étaient prémunis contre leurs propres défaillances. (Bainville, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Contre les risques d'une intrigue ou d'un coup d'État militaire [...], l'aristocratie d'Orsenna n'a pas cru se prémunir assez... (Gracq, dans le Trésor.)

Sans être prémunis contre la contagion. (Carrel, dans le Petit Robert.)

Il fallait donc écrire :

Mais l'on peut être sûr que c'est un piège contre lequel M. Harper a déjà commencé à se prémunir...

Line Gingras
Québec

« Des élections automnales? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070925/CPOPINIONS02/7...

26 septembre 2007

Think thank you

Think thank ou think tank.

« Un sondage de l'Institut de recherche en politiques publiques [...] Le think thank montréalais lance sa publication lors d'un déjeuner-causerie organisé à la Grande Bibliothèque. » (Stéphane Baillargeon.)

Si l'on tient à montrer que l'on connaît l'anglais, il vaut mieux écrire think tank. Mon billet du 30 mai 2006 propose des solutions de rechange. Mais dans le contexte, on aurait pu parler simplement de l'organisme montréalais.

Line Gingras
Québec

« Un refus massif des accommodements raisonnables » : http://www.ledevoir.com/2007/09/25/158184.html

25 septembre 2007

Augmenter à cinquante-six disgressions

Augmenter à; disgression ou digression; t euphonique; virgule et proposition relative explicative; grammaire française; syntaxe du français; ponctuation; orthographe.

« ... la candidate avait largement dépassé la majorité de 1663 voix obtenue par Rosaire Bertrand en mars 2007, augmentant cette majorité à 4225 voix. » (Robert Dutrisac.)

Le verbe augmenter marque la progression, et non pas l'aboutissement; on peut dire, par exemple, que la température a augmenté de deux degrés si elle est passée de vingt-cinq à vingt-sept, mais non qu'elle a augmenté à vingt-sept degrés. Je proposerais :

... portant cette majorité à 4225 voix.

* * * * *

« Mais il semble que ces disgressions immobilières aient eu peu d'influence sur le vote des Charlevoisiens. »

Disgression ne se trouve pas dans le Petit Robert, dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé; on dit et on écrit disgrâce, mais digression.

* * * * *

« "... nous n'en sommes pas là", avait-t-elle déclaré. »

Le t intercalaire, ou t euphonique, est employé pour... l'euphonie - pour que la prononciation soit plus harmonieuse. On l'ajoute donc après les lettres a, e ou c, mais jamais après un t ni un d :

A-t-on jamais vu chose pareille? fit-il.
Aime-t-elle le caviar?
Vainc-t-il déjà toute sa famille aux échecs?
Votre poule pond-elle vraiment trois fois par jour?

Nous n'en sommes pas là, avait-elle déclaré.

* * * * *

« Elle donne au Parti québécois une cinquième victoire dans ce comté, représenté depuis 1994 par Rosaire Bertrand qui lui avait cédé la place pour prendre sa retraite. »

La proposition relative qui lui avait cédé la place n'apporte pas une information dont on aurait besoin pour distinguer entre deux personnes du nom de Rosaire Bertrand; elle donne plutôt une explication, utile mais accessoire. Il s'agit donc d'une relative non pas déterminative, mais explicative, que l'on fait normalement précéder de la virgule :

... représenté depuis 1994 par Rosaire Bertrand, qui lui avait cédé la place...

* * * * *

« ... Pauline Marois avait dû ouvrir les portes de son chalet, sis à Saint-Iréné... »

Le village s'appelle Saint-Irénée.

* * * * *

« ... une dizaine de députés s'étaient déplacé... »

Déplacés.

« ... l'autre partie était construite sur des terres agricoles dont le zonage avait été modifiée de façon irrégulière. »

Modifié.

« Cette élection partielle fut une lutte à deux puisque Jean Charest avait décidé que le Parti libéral du Québec ne présenterait pas de candidat contre Mme Marois. En 2007, le candidat libéral est arrivé troisième, derrière le péquiste et l'adéquiste, et rien n'indiquerait que le PLQ aurait pu améliorer ce score. »

... rien n'indiquait...

« L'équipe de Mme Marois considérait que cette élection n'était pas sans risque pour la chef péquiste puisque le vote combiné des adéquistes et les libéraux avait atteint 65 % en mars 2007. »

... le vote combiné des adéquistes et des libéraux...

« En toute fin de campagne, Pauline Marois a dû faire face à autre controverse. »

... à une autre controverse.

« Mais dans les deux MRC plus à l'est [...], la tendance est différence. »

... la tendance est différente.

Line Gingras
Québec

« Marois : victoire éclatante » : http://www.ledevoir.com/2007/09/25/158188.html

24 septembre 2007

Du rouge au orange

Du rouge au orange; passer au orange; du rouge à l'orange; passer à l'orange; au orange, à l'orange; élision devant orange; grammaire française; orthographe.

« Outremont vient de passer du rouge au orange. » (Jean-Jacques Stréliski.)

D'après les exemples que je vois dans le Petit Robert et le Trésor de la langue française informatisé, on fait l'élision devant le nom orange désignant la couleur :

Passer à l'orange. (Petit Robert.)

La baisse du voltage fait virer la lumière à l'orange, puis au rouge. (Serrière, dans le Trésor.)

Line Gingras
Québec

« Question d'images - Une belle tête de vainqueur » : http://www.ledevoir.com/2007/09/24/158026.html?fe=2094&am...

23 septembre 2007

Le « nous » québécois

Le nous québécois; identité québécoise; Québécois et Canadiens français; langue française.

[Réponse à une lectrice française, Rosa, qui m'interrogeait sur le nous québécois.]

La question du nous est délicate, parce qu'elle touche à notre identité collective. Qui sommes-nous? Qui peut se dire Québécois?

Lorsque j'étais enfant, on appelait Québécois, dans la langue courante, les habitants de la ville de Québec; à l'échelle de la province, on se divisait essentiellement entre Canadiens anglais et Canadiens français. Nous, les Canadiens français, étions attachés à ce que nous nommions le Canada; mais cette terre de nos aïeux était associée au fleuve géant (le Saint-Laurent), comme le précise notre hymne national. À l'église, un de nos cantiques, Notre-Dame du Canada, reprenait cette idée : Regarde avec amour, sur les bords du grand fleuve / Ce peuple jeune encore qui grandit frémissant / Tu l'as plus d'une fois consolé dans l'épreuve / Ton bras fut sa défense, et ton bras est puissant...

Notre peuple était canadien, de langue française et de religion catholique. (Je simplifie, bien sûr.) Deux siècles après la défaite des plaines d'Abraham, il était pauvre, se croyait né pour un p'tit pain. Replié sur lui-même, il comptait sur une élite de prêtres, de médecins, de notaires et d'avocats pour le diriger. Il avait lutté pour sa survie en faisant des enfants, beaucoup d'enfants.

Un jour, à l'adolescence, j'ai remplacé plus ou moins discrètement, dans le refrain du cantique, du Canada par des Québécois.

La Révolution tranquille a transformé notre société, qui s'est affranchie de la tutelle de l'Église; l'argent détestable nous a paru, de plus en plus, désirable; le monde des affaires, attirant. L'exposition universelle de 1967 nous a ouverts au monde et nous a montré que nous étions capables, nous aussi, d'audace et de grandes réalisations. Le Parti québécois nous a entraînés dans son rêve immense. Le français s'est imposé jusque dans les commerces de Montréal.

Et aujourd'hui, qui sommes-nous? Les Québécois de vieille souche ne font plus assez d'enfants; notre société doit accueillir des immigrants et favoriser leur intégration. Francophones et anglophones, Québécois de vieille souche ou de souche récente, nous avons en commun la langue française, paraît-il. L'aimons-nous comme un bien précieux? Dans l'expression Français d'Amérique, quel mot trouvons-nous le plus important?

Après le référendum de 1995, on a proclamé que le terme Québécois s'appliquait à tous les habitants du Québec - et à eux seuls. Moi qui vivais à Ottawa, je me trouvais soudain du mauvais côté de la rivière - rejetée. Je ne me suis jamais sentie Franco-Ontarienne. Je n'étais plus Québécoise. Alors qu'un immigré de fraîche date, ne sachant rien de l'histoire du Québec, ne parlant peut-être même pas français, pouvait se dire Québécois, lui.

Les choses n'ont pas changé de ce côté; seulement, je suis revenue m'établir à Québec. Suis-je donc Québécoise, à nouveau? Comment pourrais-je appartenir, véritablement, à un peuple qui se définit de façon si superficielle? - qui m'accueille aujourd'hui, qui me repousserait aussi facilement demain? Pourquoi voudrais-je, même, lui appartenir? Quelle signification cela pourrait-il avoir?

Je suis Québécoise, malgré tout. Je ne peux pas rejeter le nous comme le nous a prétendu me rejeter. Mes racines sont plus fortes, plus profondes que cela. Elles plongent dans le terreau de la langue, de l'histoire, de la culture. Je ne me laisserai plus exclure. Mais le peuple québécois, avec tous les éléments qui le composent, anciens et nouveaux, ne survivra que s'il définit clairement les caractéristiques communes qui le distinguent des autres peuples d'Amérique - et s'il s'attache à les mettre en valeur.

L'identité, l'appartenance à un peuple, ce n'est pas une simple question de domicile.

Line Gingras
Québec

22 septembre 2007

De tout évidence

De tout évidence; de toute évidence; grammaire française; orthographe.

« En 2007, à Montréal, le mot carême n'avait de tout évidence rien à voir avec jeûne, et tout avec abstinence. » (Rafaële Germain, dans La Presse.)

Dans la locution adverbiale de toute évidence, tout est adjectif et se rapporte au nom évidence, avec lequel il s'accorde :

De toute évidence, il nous a menti. (Petit Robert.)

Line Gingras
Québec

« Quarante jours sans sexe? » : http://www.cyberpresse.ca/article/20070914/CPOPINIONS05/7...

21 septembre 2007

À répétition

Répétitions fâcheuses. 

« La colère populaire ne s'était pas exprimée avec autant d'ampleur depuis 1988, alors que le régime d'alors [...] avait fait l'unanimité de la rue contre lui. » (Guy Taillefer.)

... depuis 1988; le régime d'alors...

« Suivent ensuite les résultats aux examens de lecture à 15 ans (15 %) et les méthodes de travail (11 %). » (Clairandrée Cauchy.)

Suivent les résultats aux examens...
Viennent ensuite les résultats aux examens...

« Le Parti conservateur transférait des dizaines de milliers de dollars à des candidats qui avaient peu de chances de dépenser la totalité des dépenses électorales auxquelles ils avaient droit. » (Manon Cornellier.)

... qui avaient peu de chances de faire la totalité des dépenses...

« Les modes d'écoute sont multiples et non limitatifs : chacun pourra s'exprimer comme bon lui semble. Tout semble en place pour une bonne conduite et un travail efficace. » (Marie-Andrée Chouinard.)

... comme bon lui semble. Tout paraît en place...

Line Gingras
Québec

« La révolte des moines » : http://www.ledevoir.com/2007/09/21/157731.html
« Statistique Canada - Il y a plus de filles que de gars à l'université... » : http://www.ledevoir.com/2007/09/21/157721.html
« Risquer d'être jugé » : http://www.ledevoir.com/2007/09/05/155574.html
« Passion vs raison » : http://www.ledevoir.com/2007/08/16/153498.html

20 septembre 2007

Où Ségolène Royal et Stephen Harper se rencontrent

Accord du participe passé employé avec l'auxiliaire être; grammaire française; orthographe.

« La dernière journée de Ségolène Royal en terre québécoise sera marqué aujourd'hui par des rencontres avec des syndicalistes et par un rassemblement de partisans à l'Union française. » (Claude Lévesque.)

Le participe passé employé avec l'auxiliaire être, à la forme passive, s'accorde en genre et en nombre avec le sujet du verbe. Qu'est-ce qui sera marqué par des rencontres? La dernière journée : sera marquée.

Autre exemple :

« L'intervention canadienne en Afghanistan et l'indifférence de Stephen Harper en matière de protection de l'environnement, qui auraient dû indigner les Québécois autant que le plan B de M. Dion, semblent être considérés comme des péchés véniels. » (Michel David.)

Le groupe sujet est ici nettement plus long, et inclut une subordonnée relative explicative, entre virgules comme il se doit, équivalant à une parenthèse; cela ne doit pas nous empêcher de trouver le ou les éléments qui constituent le noyau du groupe, et commandent donc l'accord. Qu'est-ce qui semble être considéré comme des péchés véniels? L'intervention... et l'indifférence... : semblent être considérées.

Line Gingras
Québec

« À l'Université de Montréal - Ségolène fait un tabac » : http://www.ledevoir.com/2007/09/20/157574.html
« Panne de désir » : http://www.ledevoir.com/2007/09/20/157575.html?fe=2064&am...

19 septembre 2007

Sujet inversé

Sujet inversé; sujets inversés; accord du verbe avec le sujet inversé; grammaire française; orthographe.

« Il a ajouté qu'il serait grand temps de connaître la date précise à laquelle se tiendra ce vote dont parle les conservateurs. » (Lisa-Marie Gervais.)

Ce n'est pas le vote qui parle, mais les conservateurs : ... ce vote dont parlent les conservateurs.

« Pour tirer leurs conclusions, les analystes ont mesuré l'âge auquel se produisait cinq "transitions"... » (Même journaliste, autre article.)

Encore un sujet inversé : ... l'âge auquel se produisaient cinq «transitions»...

Line Gingras
Québec

« Fin de la mission canadienne en Afghanistan? » : http://www.ledevoir.com/2007/09/04/155498.html
« Majeurs, vaccinés, mais pas encore "adultes" » : http://www.ledevoir.com/2007/09/19/157437.html

18 septembre 2007

Le Québec reconnue en tant que nation

Parenthèse et point final; virgule et complément d'objet direct; virgules et complément circonstanciel intercalé; infinitif ou participe passé; Jeanne D'arc ou Jeanne d'Arc; ponctuation; orthographe; grammaire française.

« Aujourd'hui, les choses ont évolué, il y a une motion qui a été votée sur le Québec reconnue en tant que nation. » (Ségolène Royal, citée par Antoine Robitaille.)

Ce n'est pas la motion qui a été reconnue en tant que nation, mais le Québec : reconnu.

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« "Mais qui peut s'arroger le droit de juger de cette façon-là?", s'est-elle indignée, entourée d'une meute de journalistes en pleine salle du conseil municipal de Québec (elle sortait d'une brève rencontre avec le maire suppléant de Québec, Jacques Joli-Cœur.) »

Le point final ne peut pas s'utiliser à l'intérieur de la parenthèse si le premier mot que renferme cette dernière commence par une minuscule :

... en pleine salle du conseil municipal de Québec (elle sortait d'une brève rencontre avec le maire suppléant de Québec, Jacques Joli-Cœur).

On pourrait écrire également :

... en pleine salle du conseil municipal de Québec. (Elle sortait d'une brève rencontre avec le maire suppléant de Québec, Jacques Joli-Cœur.)

Dans ce cas-ci, la parenthèse est précédée d'une phrase complète, se terminant par un point.

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« La politicienne française dit avoir été désolée d'apprendre au surplus_ dans le livre de M. Jospin, que certains "éléphants"... »

La politicienne a été désolée d'apprendre que certains « éléphants »... Normalement, on ne met pas de virgule entre le verbe et son complément d'objet direct. Mais si un complément circonstanciel vient s'intercaler entre les deux, on l'encadre au moyen de deux virgules, sauf, éventuellement, s'il est très court (on peut dans ce cas se passer de virgules) :

La politicienne française dit avoir été désolée d'apprendre au surplus, dans le livre de M. Jospin, que certains « éléphants »...

La politicienne française dit avoir été désolée d'apprendre au surplus que certains « éléphants »...

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« Après l'avoir entendue traiter l'ancien premier ministre de raciste, cité Jésus et s'être comparée à Jeanne D'arc... »

On l'a entendue citer Jésus, reprendre les paroles de Jésus.

L'infinitif passé avoir entendue étant suivi - ou devant être suivi - des infinitifs présents traiter et citer, à la forme active, il me semble que le troisième verbe coordonné, le pronominal se comparer, devrait s'employer au même temps :

Après l'avoir entendue traiter l'ancien premier ministre de raciste, citer Jésus et se comparer à Jeanne d'Arc...

Le Petit Robert des noms propres et le Petit Larousse illustré donnent la graphie Jeanne d'Arc.

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« Elle a déploré hier un certain retard pris par la France dans l'organisation d'un de ses cadeaux et a promis "d'en parler" à Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français et président du Comité français d'organisation du 400e. »

Je n'ai rien contre l'organisation, mais on pourrait varier un peu; je suggérerais :

Elle a déploré hier un certain retard pris par la France dans la préparation d'un de ses cadeaux...

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« Après avoir rencontré les journaliste_, la politicienne s'est rendue au bureau de Mario Dumont... »

« M. Dumont a le projet de se rendre en France au début de l'Année... »

Je ne vois pas ce qui pourrait justifier la majuscule.

Comme les deux phrases se suivent, je proposerais d'écrire que M. Dumont a le projet d'aller en France...

Line Gingras
Québec

« À Québec, Ségolène Royal riposte au brûlot de Lionel Jospin » : http://www.ledevoir.com/2007/09/18/157312.html?fe=2041&am...