08 octobre 2006
Gruppo!
Personne n'est intervenu; un peu tard les regards se croisent, incrédules, interrogateurs, courroucés, amusés... : quelqu'un a vu un groupe, au cours de la dernière demi-heure?
Dans le p'tit rang croche, cela s'appelait avoir du front tout le tour de la tête. (L'expression demeure très employée au Québec, dans un registre familier; c'est le p'tit rang croche qui justifie l'imparfait.)
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«... l'ajout, en 2003, de l'orientation sexuelle sur la liste des groupes protégés contre la propagande haineuse n'a pas entraîné l'interdiction de la Bible ou du Coran...» (Josée Boileau.)
Eh! non, l'orientation sexuelle n'est pas un groupe. Cela dit, doit-on comprendre que la propagande haineuse est autorisée dans certains cas, ou à l'endroit de certains groupes?
Line Gingras
Québec
«Intolérance» : http://www.ledevoir.com/2006/10/06/119877.html
02:00 Publié dans Le billet du dimanche, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : journalisme, presse, médias, langue française
07 octobre 2006
Êtes-vous civique? de bon aloi?
«Bégin reproche aussi à Ignatieff d'avoir sali les souverainistes québécois à l'étranger en les dépeignant [...] comme des nationalistes belliqueux et réactionnaires, alors que les nationalistes canadiens et britanniques, eux, seraient civiques et de bon aloi.» (Louis Cornellier.)
Civique se dit, d'après le Petit Robert, de ce qui est «relatif au citoyen» ou de ce qui est «propre au bon citoyen». D'après les cinq ouvrages généraux que j'ai consultés, cet adjectif ne peut pas figurer au nombre des qualités d'une personne, bien qu'il entre dans le terme garde civique, désignant la «garde nationale» selon le Lexis («garde composée de citoyens», précise le Trésor de la langue française informatisé). Je l'ai trouvé, par contre, avec des noms comme droits, devoirs, courage, vertus, instruction, sens, esprit, zèle :
Mathieu se sentit accablé par une nuée de responsabilités civiques. (Sartre, dans le Lexis.)
La littérature est devenue sociale, humanitaire, éducatrice, même pis : civique! (Léautaud, dans le Trésor.)
D'après le Multidictionnaire, le mot aloi se rencontre uniquement dans les locutions de bon aloi et de mauvais aloi : plaisanterie, luxe de mauvais aloi; succès, gaieté de bon aloi. Le Petit Robert consigne toutefois une variante avec le superlatif de bon :
Une gloire du meilleur aloi. (Caillois.)
Et le Trésor fait état d'un emploi, peu fréquent semble-t-il, où l'expression - à vrai dire une autre variante - se rapporte à une personne; il n'en cite qu'un exemple : homme de bas aloi, «qui est de basse condition, d'une profession vile, ou qui est méprisable par lui-même» (Académie, 1835). La neuvième édition du Dictionnaire de l'Académie, consultée en ligne, ne mentionne pas cet usage.
Il me semble donc qu'on ne saurait en aucun cas être civique, et qu'il faut estimer inapproprié, de nos jours, de présenter quelqu'un comme étant de bon aloi.
Je crois que le passage à l'étude pourrait être interprété comme suit :
... alors que les nationalistes canadiens et britanniques, eux, seraient courtois et pondérés.
Line Gingras
Québec
«Essais québécois - Faut-il avoir peur de Michael Ignatieff?» : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119415.html?338
05:50 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
06 octobre 2006
L'adoption à la Charte
«J'évoquais alors le rôle qu'avaient joué dans la définition du Québec actuel l'adoption et les modifications faites à la Charte de la langue française.» (Michel Venne.)
Bien entendu, on n'écrirait pas l'adoption à la Charte de la langue française - c'est la préposition de qui convient. Je proposerais :
... l'adoption de la Charte de la langue française et les modifications qui y avaient été apportées.
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«... Pierre Elliott Trudeau a amener les Canadiens à redéfinir leur pays.»
... a amené...
Line Gingras
Québec
«Relire Larose» : http://www.ledevoir.com/2006/10/02/119519.html
03:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, presse
05 octobre 2006
Le premier ne sera pas le seul
«L'ancien premier Pierre-Marc Johnson présidera bel et bien la Commission d'enquête sur l'affaissement du viaduc de la Concorde survenu samedi dernier, mais ô surprise! il sera secondé par deux ingénieurs connus, MM. Roger Nicolet et Armand Couture.» (Jean-Robert Sansfaçon.)
«... Prime Minister Stephen Harper and Quebec Premier Jean Charest signed an agreement...» (Communiqué.)
En anglais, les premiers ministres provinciaux portent le titre de Premier, qui les distingue du Prime Minister, le premier ministre du Canada. Cet usage n'est pas admis en français : je lis dans le Petit Robert (2007) que premier s'utilise comme nom afin de désigner le premier ministre de Grande-Bretagne, mais que cet emploi, déjà considéré comme un anglicisme, est abusif pour d'autres pays.
Line Gingras
Québec
«Un départ raté» : http://www.ledevoir.com/2006/10/04/119715.html
http://www.pm.gc.ca/eng/media.asp?id=1151
00:55 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, médias
04 octobre 2006
Rencontre
«Après la rencontre, Bob Rae refuse de rencontrer les journalistes en compagnie de son visiteur.» (Mario Cardinal, journaliste, auteur et ancien ombudsman de Radio-Canada.)
Après l'entrevue ou Après l'entretien...
Line Gingras
Québec
«Bob Rae et le Québec» : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://...
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française
03 octobre 2006
De craintes de représailles
«... c'est une victoire du terrorisme quand l'Opéra de Berlin, de craintes de représailles, retire de son affiche un opéra de Mozart.» (Gil Courtemanche.)
D'après ce que j'ai vu dans les cinq ouvrages généraux que j'ai consultés, le nom crainte s'emploie dans les locutions prépositives de crainte de et par crainte de; on le trouve aussi dans les locutions conjonctives de crainte que et par crainte que :
Par crainte des représailles. (Petit Robert et Trésor de la langue française informatisé.)
Par crainte de laisser échapper des bêtises. (Zola, dans le Trésor.)
Il marche lentement, de crainte de tomber. (Lexis.)
Il n'ose partir de crainte qu'elle ne vienne pendant ce temps. (Multidictionnaire.)
Il se taisait, (de) crainte / dans la crainte / par crainte de les importuner. (D'après le Hanse-Blampain.)
De crainte du feu. (Zola, dans le Trésor.)
Selon tous les exemples que j'ai rencontrés, crainte s'écrit au singulier dans ces expressions.
Line Gingras
Québec
«La tyrannie légalisée» : http://www.ledevoir.com/cgi-bin/ledevoirredir.cgi?http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119484.html?338
05:30 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, orthographe
02 octobre 2006
Leur inspiration, idéologie et tactiques
«Elles trouvent leur inspiration, idéologie et tactiques sur les quelque 5000 sites Internet islamistes, ajoute le journal de la capitale américaine.» (Le Devoir.)
Un adjectif ou déterminant possessif singulier ne peut se rapporter à trois noms coordonnés désignant des réalités distinctes - à plus forte raison lorsqu'un de ces noms est au pluriel. Mais il ne suffirait pas de mettre leur au pluriel pour que la phrase soit correcte, puisque le déterminant possessif, comme l'article, «se répète normalement devant les noms d'une série» (Hanse et Blampain) :
Elles trouvent leur inspiration, leur idéologie et leurs tactiques...
Bien entendu, en anglais on n'a employé l'adjectif their, d'ailleurs invariable, que devant le premier nom :
... their inspiration, ideology and tactics...
Tout s'explique...
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«Il présentait alors la guerre en Irak comme "le front principal de la guerre comme le terrorisme"...»
On nous parle assez souvent de la guerre contre le terrorisme...
Line Gingras
Québec
«Irak : un rapport secret écorche la logique Bush» : http://www.ledevoir.com/2006/09/25/119009.html
10:10 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, syntaxe, grammaire, anglicisme


