18 février 2007
Dissous ou dissout?
« Professeur aux HEC et essayiste de gauche bien connu, il avait pourtant brigué les suffrages à deux reprises pour l'Union des forces progressistes (UFP), parti qui s'est dissout dans Québec solidaire il y a un an. » (Antoine Robitaille.)
Quel est le participe passé du verbe dissoudre? Est-ce dissout ou dissous?
D'après Marie-Éva de Villers (2003), on écrit dissous au masculin, dissoute au féminin :
Le sucre s'est dissous dans l'eau.
La poudre s'est dissoute dans le lait.
Le Petit Robert (2007), à l'article « dissoudre », donne le même avis; cependant, si on consulte le tableau de conjugaison numéro 51, à la fin de l'ouvrage (dissoudre se conjugue comme absoudre), on lit ce qui suit : « Au participe passé, on écrirait mieux absout, dissout avec un t final, sur le modèle des féminins absoute, dissoute. »
Le Hanse-Blampain (1994 et 2000), à l'article « dissoudre », admet à la fois dissous, dissoute et dissout, dissoute. Les auteurs renvoient aux rectifications de l'orthographe proposées par le Conseil supérieur de la langue française.
Je crois donc que l'on peut écrire ou bien parti qui s'est dissous, suivant l'orthographe traditionnelle, ou bien parti qui s'est dissout, suivant la nouvelle graphie proposée - étant donné que celle-ci est consignée par Hanse et Blampain dans le corps de leur ouvrage. On peut s'attendre à ce que l'équipe du Petit Robert, dont la réflexion va dans le sens de la rectification proposée, reçoive la nouvelle graphie, à l'article « dissoudre », dans une prochaine édition.
Line Gingras
Québec
« Omar Aktouf ne sera candidat ni du PQ ni de Québec solidaire » : http://www.ledevoir.com/2007/02/16/131359.html?fe=292&...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
17 février 2007
Concluons
« Pourtant, tout porte aujourd'hui à croire qu'ils ont laissé les jeunes courir à la mort sans réagir. Si telle devait être la conclusion de l'enquête, on pourrait en conclure que la colère des jeunes de Clichy-sous-Bois était finalement justifiée. » (Christian Rioux.)
... on pourrait penser...
... on pourrait estimer...
Line Gingras
Québec
« Le loup et l'agneau » : http://www.ledevoir.com/2007/02/16/131351.html
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
16 février 2007
Malgré que
Vous vous interrogez sur l'emploi de malgré que? Vous ne vous interrogez pas sur l'emploi de malgré que? Le sujet vous paraît plutôt anodin?
Peu importe, je vous propose une lecture qui... enfin, vous verrez bien : http://chouxdesiam.canalblog.com/archives/2006/01/04/1184460.htmlQui peut parler de français aux Français? Ne vous chamaillez pas trop, faudrait pas briser votre linge.
Line Gingras
Québec
17:30 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe
Précédent ou précédant?
« Le gouvernement Charest s'est lancé le défi de déposer mardi, le jour précédent le déclenchement des élections, un budget qui n'aura pas l'air trop "électoraliste" mais qui comprendra notamment... » (Antoine Robitaille.)
On écrit précédent ou précédant, selon que le mot est adjectif ou participe présent. Comment faire la distinction?
Le participe présent est un verbe; c'est dire qu'il peut s'employer avec un complément, comme on l'observe dans la phrase à l'étude : le jour qui précède quoi? le déclenchement des élections, complément d'objet direct. L'adjectif, lui, s'accorde avec le nom auquel il se rapporte; on se rend compte, si l'on remplace le jour par la journée ou la semaine, que l'on écrirait bien la semaine précédente, sans complément (on aurait affaire à l'adjectif), mais jamais la journée précédente le déclenchement des élections. Dans ce dernier cas, il faut le participe présent :
Le gouvernement Charest s'est lancé le défi de déposer mardi, le jour précédant le déclenchement des élections...
Line Gingras
Québec
« 1,3 milliard de plus pour la santé » : http://www.ledevoir.com/2007/02/15/131229.html
00:00 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
15 février 2007
Qui ça, « ils »?
« Pour le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, le choix de Bernard Drainville soulève des questions d'éthique. Ils soutiennent que M. Drainville pouvait avoir accès à de l'information privilégiée dont le Parti québécois pourrait maintenant bénéficier. » (Radio-Canada.)
Mario Dumont et le chef de l'Action démocratique du Québec, c'est une seule et même personne : Il soutient...
Line Gingras
Québec
« Bernard Drainville fait le saut en politique » : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2007/02/07...
08:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
14 février 2007
D'accord - Si vous en êtes d'accord
Une lectrice m'a demandé mon avis sur la tournure si vous en êtes d'accord, qu'elle entend de plus en plus souvent.
D'après ce que j'ai vu dans les onze ouvrages consultés, d'accord s'emploie avec des verbes comme être, tomber, se mettre, se déclarer, demeurer pour former des locutions verbales qui se construisent avec ou sans complément indiquant sur quoi on s'accorde :
- ... d'accord
Être d'accord avec quelqu'un. (Petit Robert.)
Ils se sont mis d'accord. (Petit Robert.)
On se déclare d'accord. (Hanse-Blampain.)
À part ça, je suis d'accord, ça me va. (Duhamel, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
- ... d'accord pour + infinitif
Il est d'accord pour revenir. (Multidictionnaire.)
Elles se sont mises d'accord pour partager le travail. (Multidictionnaire.)
On tombe d'accord pour faire quelque chose. (Hanse-Blampain.)
Nous sommes d'accord pour vendre notre maison de famille. (Colin.)
- ... d'accord pour que + subjonctif
Je suis d'accord pour qu'on fasse cette démarche. (Girodet.)
- ... d'accord sur quelque chose
Elle est d'accord sur ce choix. (Multidictionnaire.)
Alors, tous trois tombèrent d'accord sur la femme qu'il faudrait à Rougon... (Zola, dans le Trésor.)Mon mari et moi, nous ne sommes pas complètement d'accord sur certaines questions. (France, dans le Lexis.)
- ... d'accord que + indicatif ou conditionnel
Ils sont tombés d'accord qu'ils attendraient. (Petit Robert.)
Nous sommes d'accord que ce choix pourrait être risqué. (Multidictionnaire.)
On tombe d'accord que c'est grave. (Hanse-Blampain.)
Je suis d'accord que ce délai est trop long. (Girodet.)
- ... d'accord à propos de quelque chose
Elle est d'accord à propos de cette décision. (Multidictionnaire.)
Dans la tournure à l'étude, si vous en êtes d'accord, le pronom adverbial en remplace de cela; nous avons affaire à la construction être d'accord de, absente du Petit Robert, du Lexis et du Multidictionnaire, mais signalée par Colin et Girodet. Ces auteurs la donnent pour vieillie, et Girodet ne l'admet que suivie de l'infinitif :
Ils furent d'accord d'aller voir le gouverneur. (Girodet; celui-ci ajoute qu'on dirait de nos jours : pour aller voir...)
Nous demeurâmes d'accord de la conduite à tenir ensemble... (Restif de la Bretonne, dans le Trésor.)
Le Hanse-Blampain consigne enfin, sans mise en garde, l'expression on en tombe (ou on en demeure) d'accord.
Il me semble donc que si vous en êtes d'accord ne peut être tenu pour fautif; je crois cependant qu'on aurait avantage à le remplacer, dans la langue moderne, par si vous êtes d'accord.
Line Gingras
Québec
J'invite le lecteur qui s'interrogerait sur le tour être d'accord avec quelque chose à consulter un billet précédent : http://chouxdesiam.canalblog.com/archives/2006/07/03/2210...
07:30 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe
13 février 2007
Avec quoi s'accorde le verbe?
« ... tout ne fait pas l'affaire de tous dans les provinces de l'Ouest. Par exemple, les velléités du gouvernement de démanteler la Commission canadienne du blé, qui détient un monopole de commercialisation du grain, crée__ des remous. » (Hélène Buzzetti.)
Nous le savons tous, avec quoi s'accorde le verbe : avec son sujet, lequel n'est pas nécessairement le nom ou le pronom le plus proche. Qu'est-ce qui crée des remous? Les velléités, noyau du syntagme sujet les velléités du gouvernement de démanteler la Commission canadienne du blé, qui détient un monopole de commercialisation du grain. Il faut donc mettre le verbe à la troisième personne du pluriel : créent.
Line Gingras
Québec
« Bilan de l'an 1 - Avait-on raison d'avoir peur des bleus? » : http://www.ledevoir.com/2007/01/20/128106.html
03:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, journalisme
12 février 2007
Pas de kirpan à l'école
« Ces normes interdisent notamment à tout homme de lapider à mort une femme, ou encore que les visages soient cachés, sauf lors de la fête de l'Halloween. Elles stipulent également que les enfants ne devraient pas être en possession d'armes à feu à l'école, incluant le kirpan sikh. » (PC.)
Le kirpan n'est pas une arme à feu.
Line Gingras
Québec
« Une délégation de femmes musulmanes s'est rendue dimanche à Hérouxville » : http://www.ledevoir.com/nouvelles-en-continu.html#ID:4228...
00:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias


