04 novembre 2007
Le refus de ne pas modifier
« Le refus manifesté par les responsables chinois de ne pas modifier leur politique économique... » (Serge Truffaut.)
Refuser de ne pas faire quelque chose, c'est tenir à le faire, contre vents et marées. Or, la phrase à l'étude commence le dernier paragraphe d'un texte où il est question de la volonté de ne rien changer - ou du refus de changer quoi que ce soit - à la politique économique de la Chine. On aurait pu écrire :
La volonté manifestée par les responsables chinois de ne pas modifier leur politique économique...
Le refus manifesté par les responsables chinois de modifier leur politique économique...
Line Gingras
Québec
« Falsification chinoise » : http://www.ledevoir.com/2007/10/22/161433.html
04:47 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
03 novembre 2007
Combien de sujets?
« Que cela vous plaise ou non, la séparation de l'État et de l'Église, de l'école et de la religion, sont fondatrices de la société qu'une majorité de Québécois souhaitent aujourd'hui. » (Pierre Foglia.)
Il n'y a qu'un seul sujet, singulier, auquel se rattachent les compléments qui suivent :
Que cela vous plaise ou non, la séparation [...] est fondatrice...
Line Gingras
Québec
« L'intégrisme de Son Éminence » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071101/CPOPINIONS/711...
05:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
02 novembre 2007
Interraction, interragir
« "Maintenant, j'interragis avec eux, au moyen de questions et réponses", se félicite Fazeelat Rasool. » (Hélène Buzzetti.)« Toutes font valoir les vertus d'un plan de classe en U qui favorise les interractions. »
Dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis, le Girodet et le Trésor de la langue française informatisé, je ne trouve que les graphies interagir, interaction.
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« Lorsqu'on leur demande qu'elle est leur matière préférée, c'est sans hésitation qu'elles répondent presque toutes "islamyat", le cours de religion. »
Bien entendu, il fallait employer l'adjectif interrogatif quelle. On pourrait dire, en effet :
On leur demande laquelle est leur matière préférée.
On leur demande quel est leur cours préféré.
Mais non :
* On leur demande qu'il est leur cours préféré.
Line Gingras
Québec
« "De l'amour, pas des châtiments" » : http://www.ledevoir.com/2007/11/02/162841.html
04:20 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, grammaire, journalisme
01 novembre 2007
L'abîme dans laquelle...
« ... cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans laquelle la nomenclatura du gouvernement du Québec nous a entraîné. » (Michel Vastel.)
Abîme est un nom masculin :
Il y a un abîme entre ces deux opinions. (Petit Robert.)
Dans quoi avons-nous été entraînés? dans l'abîme, qui est profond.
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D'origine russe, le nom nomenklatura est admis dans le Petit Robert (2007), sans variante orthographique.
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Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Le gouvernement du Québec a entraîné qui? nous, masculin pluriel parce qu'il représente l'ensemble de la population : nous a entraînés.
La phrase à l'étude aurait donc dû se lire :
... cela nous a permis de constater la profondeur de l’abîme dans lequel la nomenklatura du gouvernement du Québec nous a entraînés.
Line Gingras
Québec
« Quel boulet, cette ministre! » : http://blogues.lactualite.com/vastel/?p=52
05:46 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
31 octobre 2007
Compléter une déclaration de revenu
« ... tous les citoyens verront la différence en complétant leur déclaration de revenu. » (Manon Cornellier.)
Selon le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, compléter est un anglicisme au sens de remplir : on remplit un formulaire, un questionnaire, une déclaration de revenus (revenus avec un s, d'après ce que je vois dans le site de l'Agence du revenu du Canada et dans le Grand dictionnaire terminologique).
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« M. Dion a dénoncé l'énoncé [il s'agit de l'énoncé économique présenté par le gouvernement conservateur], mais pour ajouter du même souffle que ça ne justifiait pas de provoquer des élections dont les Canadiens ne veulent pas. »
M. Dion a vivement critiqué ou a désapprouvé l'énoncé...
Line Gingras
Québec
« Harper maintient la pression » : http://www.ledevoir.com/2007/10/31/162583.html
05:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
30 octobre 2007
Être éligible à des points
« Pour revenir à ce pouding, à ma grande surprise, certains des commentaires les plus enflammés ne concernaient pas tant le "Nous" que ce dessert né d'une crise économique. En tant qu'aspirante au "Nous", je mentionnais avoir tenté la chose en y mettant beaucoup de sirop d'érable. Je demandais si ça me rendait éligible à des points "AéroNous". Sans le savoir, je m'aventurais en terrain glissant. » (Rima Elkouri, dans La Presse.)
On emploie souvent être éligible, au Québec, au sens de être admissible, avoir droit. Il s'agit toutefois d'un anglicisme, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais. De fait, le Petit Robert définit éligible uniquement de la façon suivante : « Qui remplit les conditions requises pour pouvoir être élu, et spécialement pour être élu député. »
Il faudrait donc écrire :
Vous êtes admissible [et non éligible] à ce concours, au régime d'assurance maladie.
Je demandais si ça me donnait droit à des points « AéroNous ».
Je demandais si je gagnais des points « AéroNous ».
Line Gingras
Québec
« Pouding chômeur » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071027/CPOPINIONS05/7...
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29 octobre 2007
Mes favoris de préférence
« On nous reproche souvent, aux gens de ma génération et à ceux qui nous ont précédés, d'avoir manqué à notre devoir de transmission. Transmettre des notions de grammaire, communiquer le goût de consulter les dictionnaires, inciter les gens à se relire, développer l'esprit critique, c'est ce que je cherche à faire dans mon blogue. Et qui sont mes victimes favorites, celles par qui l'exemple authentique arrive? Des journalistes, de préférence - ce qui me permet, en même temps, de suivre l'actualité. »
Il n'est pas beau, le pléonasme? C'est moi-même qui l'ai fait, sans aide. Je m'étais relue, pourtant - une fois, deux fois même. Pas trois ou quatre, comme ici. Et puis j'avais l'esprit critique endormi, bercé par la subtile évocation du Nouveau Testament.
On ne se relit jamais trop. On n'est jamais trop vigilant. À l'obsession de la vitesse qui caractérise notre monde moderne, pourquoi n'opposerions-nous pas l'exigence tranquille de l'artisan.
Line Gingras
Québec
16:59 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, écriture