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13 janvier 2008

Sous observation

Sous observation; en observationunder observation; anglicisme; calque de l'anglais.

« La petite flambée a en effet mobilisé plusieurs organisations, dont l'Agence de la santé publique du Canada, l'Agence des services frontaliers du Canada et la direction de l'aéroport Pearson. De concert, celles-ci ont ordonné la détention préventive de 75 passagers, qui ont aussitôt été placés sous observation. » (Louise-Maude Rioux Soucy.)

Marie-Éva de Villers et Camil Chouinard signalent que sous observation est le calque de l'anglais under observation; il faudrait dire plutôt en observation :

Le médecin l'a placé en observation pour quelques jours. (Chouinard.)

(Le Multidictionnaire propose également sous surveillance.)

De fait, je ne trouve pas sous observation dans le Petit Robert, dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé, mais en observation - expression qui s'emploie notamment en médecine, à propos de la « surveillance attentive d'un malade pendant un temps donné » (Lexis) :

Mis en observation au Kranken-Revier, il répondit si bien par son comportement à toutes les apparences de l'épilepsie, il triompha avec tant de naturel des différentes épreuves par où on le fit passer, que le médecin allemand n'eut aucun soupçon. (Ambrière, dans le Trésor.)

Les passagers auraient donc dû être placés en observation.

Line Gingras
Québec

« Des passagers d'un avion de ligne mis en quarantaine pour cause de gastro-entérite » : http://www.ledevoir.com/2008/01/10/171271.html

12 janvier 2008

Double standard

Double standard; anglicisme.

« Ce n'est pas gagné pour Hillary Clinton. Loin de là. Le double standard continuera de lui jouer de mauvais tours. » (Lise Payette.)

D'après le Trésor de la langue française informatisé, le nom standard peut s'employer, par analogie ou au figuré, au sens de « modèle de référence, norme adoptée par l'usage, par un groupe de personnes » (cette acception ne figure pas dans les autres dictionnaires généraux que j'ai sous la main) :

Il ne faut pas juger les Indiens d'après nos standards à nous. (Beauvoir.)

Je ne trouve cependant pas dans le Trésor l'expression double standard, également absente du Petit Robert, du Lexis et du Multidictionnaire, consultés aux articles « double » et « standard ». Bien que le Chouinard, le Colpron et le Dagenais ne donnent aucun avis là-dessus, je pense qu'il faut y voir un calque : le Robert & Collins Super Senior et le Meertens traduisent l'anglais double standard par deux poids, deux mesures; René Meertens propose encore règle ou principe appliqué de façon discriminatoire, discrimination, traitement inégal.

Madame Payette aurait peut-être pu écrire :

... On continuera de la juger d'après des critères qui ne s'appliquent pas aux autres candidats.

Line Gingras
Québec

« La bataille de Hillary Clinton » : http://www.ledevoir.com/2008/01/11/171345.html

11 janvier 2008

Soupçonné de mauvais traitements

Être soupçonné de quelque chose; soupçonner quelqu'un de quelque chose.

« Interrogé par l'AFP, le médecin Andres Artunduaga qui a reçu le 16 juin 2005 Emmanuel, présenté par José Crisanto Gomez comme son neveu et inscrit sous la fausse identité de Juan David Gomez, a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et était soupçonné de mauvais traitements par sa famille d'adoption. » (Cesar Sabogal, AFP.)

Emmanuel, soupçonné de mauvais traitements?

Soupçonner quelqu'un de quelque chose, c'est penser qu'il peut avoir fait cette chose :

Chargé du crime affreux dont vous me soupçonnez. (Racine, dans le Petit Robert.)

Évidemment il avait compris ce que je comprenais alors : que mon ami le soupçonnait de l'abominable attentat. (G. Leroux, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Cet homme est soupçonné d'actes terroristes par les services de renseignements de son pays d'origine.

De toute évidence le petit Emmanuel, qui n'a pas encore quatre ans, n'a pu faire subir de mauvais traitements à qui que ce soit. On a plutôt voulu dire :

... a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et que l'on soupçonnait sa famille d'adoption de l'avoir maltraité ou ... que l'on soupçonnait sa famille d'adoption de mauvais traitements.

... a indiqué que l'enfant souffrait de malnutrition sévère et que sa famille d'adoption était soupçonnée de l'avoir maltraité ou ... que sa famille d'adoption était soupçonnée de mauvais traitements.

(À moins qu'il n'ait arraché les membres à son ours en peluche.)

Line Gingras
Québec

« Emmanuel, l'enfant sauvage » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080110/CPMONDE/801100...
[Sauvage? À ma connaissance, rien ne justifie ce qualificatif.]

10 janvier 2008

Procrastiner, procrastination

Procrastination, procrastiner.

Un ami lecteur, Lux, me demande si procrastiner et procrastination, de plus en plus fréquents, sont admis en français ou s'ils doivent être considérés comme des anglicismes.

Disons d'abord que les dictionnaires de difficultés que j'ai consultés - le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Chouinard, le Colpron, le Dagenais, le Colin et le Girodet - sont muets là-dessus. Le Petit Robert (2007) et le Lexis reçoivent seulement procrastination (« Tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser », selon le Petit Robert), comme appartenant à la langue littéraire. Et le Robert & Collins Super Senior, s'il donne procrastination pour l'équivalent du substantif anglais, traduit procrastinate par « faire traîner les choses », « avoir tendance à tout remettre au lendemain ».

Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française, de Robert, que procrastination a été emprunté au latin à l'époque de la Renaissance; qu'il semble avoir été peu usité avant la fin du XVIIIe siècle et que, depuis le XIXe siècle, « son emploi est marqué comme plaisant ou littéraire ». On ajoute que les dérivés procrastiner et procrastinateur « se rencontrent exceptionnellement chez certains auteurs (Amiel, Colette) ».

Le Trésor de la langue française informatisé reçoit procrastination, dans la langue littéraire, avec la définition : « Tendance à différer, à remettre au lendemain une décision ou l'exécution de quelque chose. » Synonymes : ajournement, atermoiement :

Cette habitude, vieille de tant d'années, de l'ajournement perpétuel, de ce que M. de Charlus flétrissait sous le nom de procrastination. (Proust.)

Dans le même article, on signale le verbe procrastiner, comme littéraire et rare, de même que le nom procrastinateur :

Je remercie à présent chacun des contretemps qui m'empêchèrent d'approfondir ma connaissance de la forêt rambolitaine : la paresse, l'âge, le penchant à procrastiner, et aussi le plaisir que j'eus d'habiter trop peu de temps (...) un de ses sommets. (Colette.)

Les atermoyeurs, procrastinateurs et lambins de mon acabit sont justement de ceux qui ne finissent rien et même ne commencent pas davantage. (Amiel.)

Procrastiner et surtout procrastination me paraissent plus courants que ne le laissent entendre les dictionnaires; l'influence de l'anglais n'est peut-être pas étrangère à cette évolution de l'usage. Je ne pense pas qu'il faille les éviter; mais il est bon de savoir que l'on peut dire les choses autrement.

Line Gingras
Québec

09 janvier 2008

Élu pour un terme

Terme ou mandat; term of office; anglicisme; calque de l'anglais.

« À leurs yeux, le grand avantage du mode de scrutin actuel est l'alternance qui garantit aux deux grands partis de se partager le pouvoir après deux termes. C'est ce qui a fait que le gouvernement péquiste de Bernard Landry puis celui de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger. » (Bernard Descôteaux.)

Pour rendre l'idée de durée, à propos d'une fonction que l'on confie à quelqu'un, on emploie en anglais le mot term ou l'expression term of office. En français, d'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, on ne parle pas d'un terme, mais d'un mandat :

Les électeurs de la circonscription ont réélu leur député pour un troisième mandat. (Dagenais.)

* * * * *

Jean Charest n'a jamais dirigé de gouvernement péquiste, bien que la construction de la deuxième phrase de monsieur Descôteaux laisse entendre le contraire. Je verrais deux formulations possibles :

C'est ce qui a fait que le gouvernement de Bernard Landry puis celui de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger.

C'est ce qui a fait que le gouvernement péquiste de Bernard Landry puis le gouvernement libéral de Jean Charest ont prêché pour une réforme sans jamais bouger.

Line Gingras
Québec

« De quoi a-t-on peur? » : http://www.ledevoir.com/2008/01/03/170536.html

08 janvier 2008

Transports en communs

Transports en communs ou transports en commun; orthographe.

« Plus précisément, ce sont ces bandes qui prélèvent des taxes aux montants éhontés pour l'utilisation des toilettes, la consommation d'eau, l'usage des transports en communs, etc. » (Serge Truffaut.)

Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés aux articles « transport » et « commun », ne donnent que la graphie transports en commun :

Utiliser, prendre les transports en commun. (Petit Robert.)

* * * * *

« En un mot, le gouvernement sortant a montré son incapacité, voire son indifférence, à l'amélioration du quotidien de centaines de milliers de sans-grades. »

Son incapacité à l'amélioration? Je proposerais :

... son incapacité d'améliorer le quotidien de centaines de milliers de sans-grades, voire son indifférence à cet égard.

... son incapacité d'améliorer le quotidien de centaines de milliers de sans-grades, voire son indifférence à leur sort.

Line Gingras
Québec

« Le vainqueur battu » : http://www.ledevoir.com/2008/01/08/171022.html

07 janvier 2008

Utilisé à + infinitif

Utilisé à + infinitif; utiliser à + infinitif; construction du verbe utiliser; grammaire française; syntaxe du français; préposition.

« La plus grande partie des dons récoltés à Paris sera donc utilisée à boucler les fins de mois... » (Éditorial du Monde.)

D'après les quelques exemples que j'ai trouvés dans les dictionnaires, l'infinitif complément du verbe utiliser est introduit au moyen de la préposition pour :

Utiliser un réchaud électrique pour faire chauffer son petit déjeuner. (Lexis.)

Elle n'utilisait pas suffisamment le lierre pour agrémenter ses vieilles églises et ses manoirs. (Giraudoux, dans le Lexis.)

Un tel réacteur pourrait être utilisé pour fournir les impulsions nécessaires... (Goldschmidt, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

On aurait pu écrire :

... sera donc utilisée pour boucler les fins de mois...

... servira donc à boucler les fins de mois...

Line Gingras
Québec

« Aider les Palestiniens » : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-990583,...