06 janvier 2008
Réformer l'abolition...?
« ... il fallait réformer la bureaucratie, le système de santé, le système carcéral, le système du bien-être social, la politique de l'immigration et l'abolition des commissions scolaires dans le but de rendre plus humaine l'éducation. » (Victor-Lévy Beaulieu.)
M. Beaulieu, arrivé à la fin de son énumération, a manifestement perdu le fil de ses idées : réformer l'abolition des commissions scolaires, cela n'a aucun sens (et je ne fais pas de politique ici). J'ai tout lieu de croire qu'il a voulu dire :
... il fallait réformer la bureaucratie, le système de santé, le système carcéral, le système du bien-être social et la politique de l'immigration, et abolir les commissions scolaires dans le but de rendre plus humaine l'éducation.
Line Gingras
Québec
« Se déprendre de soi-même » : http://www.ledevoir.com/2008/01/07/170900.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, syntaxe, presse, médias
05 janvier 2008
Sens devant derrière, sens dessus dessous
On prit un coup, la belle affaire
Sens dessus dessous, sens devant derrière
Y avait du bon p'tit caribou
Sens devant derrière, sens dessus dessous
(Extrait de la chanson Marie Calumet.
À lire : le savoureux roman du même titre,
de Rodolphe Girard.)
« Jean-François Lisée, alors conseiller auprès du premier ministre Bouchard, abonde dans ce sens. Il soutient par ailleurs que la présence de M. Caillé tombait sous le sens... » (Kathleen Lévesque.)
On pourrait dire, pour éviter la répétition, que la présence de M. Caillé allait de soi ou s'imposait.
Line Gingras
Québec
« Autopsie d'un cauchemar de glace » : http://www.ledevoir.com/2008/01/05/170810.html
Texte de la chanson : http://www.frmusique.ru/texts/t/thibeault_fabienne/mariec...
Présentation du roman et de l'auteur : http://www.livres-bq.com/Auteurs.asp?36
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
04 janvier 2008
Blanc de mémoire
« Pour ma mère, des pans de l'histoire ont disparu, l'encre s'est effacée. Le verglas n'est plus qu'un blanc de mémoire. » (Michèle Ouimet, dans La Presse. La journaliste fait allusion à la « crise du verglas » de janvier 1998.)
Ce blanc de mémoire est assez évocateur des visions de glace, d'une beauté terrifiante, qui m'ont assaillie dans les rues d'Ottawa lorsque, la tempête enfin terminée (je fais partie des privilégiés qui n'ont pas manqué d'électricité), je suis sortie retrouver des amis, dans le silence du centre-ville que rompaient des craquements de branches. Cependant, le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais donnent cette expression pour le calque de memory blank; jeune traductrice, j'ai appris à l'éviter; et l'on voit plusieurs condamnations dans Internet.
Le Petit Robert (2007) reçoit blanc, il est vrai, au sens de trou de mémoire, à titre de régionalisme utilisé au Canada et en Suisse. Mais je ne peux que déconseiller cet emploi - comme celui de blanc de mémoire, à l'extérieur du contexte très particulier où il se rencontre ici.
Line Gingras
Québec
« La tribu » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080104/CPOPINIONS05/8...
23:55 | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : langue française, anglicisme, journalisme, presse
03 janvier 2008
Hugo Boss y voisine Benjo
« Parallèlement, des entrepreneurs locaux redonnent vie à la rue Saint-Joseph, qui vient de perdre sa dernière section de toiture. Aujourd'hui, Hugo Boss y voisine Benjo, un magasin de jouets... » (Carolyne Parent.)
Marie-Éva de Villers signale que voisiner, au sens d'« être à côté de », introduit son complément au moyen de la préposition avec :
Les rosiers voisinent avec les pivoines dans mon jardin.
Cet avis correspond à ce que je trouve dans le Petit Robert :
Je voisinais à table avec quatre agents. (Céline.)
L'onyx et l'améthyste voisinaient avec le saphir et le diamant. (Daniel-Rops.)
Le Trésor de la langue française informatisé reçoit également cet emploi :
Des jeunes gens qui parlaient haut y voisinaient avec des filles, aux lèvres et aux joues peintes, aux voix éraillées... (Bourget.)
Sur la table, des cartes étaient alignées, et voisinaient avec une boîte de marrons glacés. (Arland.)
Il signale en outre la construction avec complément d'objet direct, qu'il donne cependant pour rare :
L'Olympe, grâce à moi, voisinait de nouveau la terre. (Gide.)
Je recommanderais donc d'écrire :
Aujourd'hui, Hugo Boss y voisine avec Benjo...
Line Gingras
Québec
« Québec - Le Saint-Roch Nouvo » : http://www.ledevoir.com/2007/12/29/170223.html
(Note : La partie revitalisée du quartier Saint-Roch a été baptisée « Nouvo Saint-Roch ».)
23:55 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
02 janvier 2008
Qui peut être millionaire?
« Trois chiens millionaires » (Titre d'un article de l'agence Associated Press.)
En anglais, il suffit d'un « n » pour être millionnaire; en français, il en faut deux :
Trois chiens millionnaires.
Line Gingras
Québec
« En bref - Trois chiens millionaires [sic] » : http://www.ledevoir.com/2007/12/31/170413.html
23:55 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, anglicisme, orthographe, journalisme
01 janvier 2008
Même, adjectif indéfini - Même déboires...
« ... chaque fois qu'elle se réveille : même petite vie, même déboires, même petites défaites, même indignité, même portefeuille quasiment vide, même maudite mauvaise passe. » (Patrick Lagacé, dans La Presse.)
Lorsqu'il est placé devant le nom et qu'il veut dire « semblable » ou « pareil », même est adjectif indéfini et donc variable, qu'il soit précédé ou non d'un déterminant. Les exemples qui suivent sont tirés du Hanse-Blampain :
Les mêmes quartiers avec leurs mêmes rues malpropres.
Mêmes causes et mêmes effets.
Ils avaient même espoir et mêmes illusions.
Il fallait donc écrire :
... mêmes déboires, mêmes petites défaites...
Line Gingras
Québec
« Nicole est collée à la page 59 » : http://www.cyberpresse.ca/article/20071222/CPOPINIONS05/7...
23:55 Publié dans Cultiver le doute | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
31 décembre 2007
Dans tous les milieux le lieu
« Je ne sais pas si c'est parce que le Québec a aimé l'exercice de défoulement que leur a proposé la commission Bouchard-Taylor, mais les soupers de famille, depuis le début du temps des Fêtes, sont devenus dans tous les milieux le lieu choisi d'analyses intéressantes de l'état général du Québec. » (Lise Payette.)
Je suggérerais, dans le premier cas :
Je ne sais pas si c'est parce que le Québec a aimé l'exercice de défoulement que lui a proposé...
Je ne sais pas si c'est parce que les Québécois ont aimé l'exercice de défoulement que leur a proposé...
Et dans le second :
... sont devenus dans tous les milieux l'occasion choisie pour se livrer à des analyses intéressantes...
... sont devenus dans tous les milieux le moment choisi pour se livrer à des analyses intéressantes...
Line Gingras
Québec
« Zone de turbulences en vue » : http://www.ledevoir.com/2007/12/28/170120.html
23:55 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, journalisme, presse