05 novembre 2008
Elle s'était faite piégée
- Il a finalement fallu que Marc-Antoine Audette explique à Mme Palin qu'elle s'était faite piégée... (Paul Journet, dans La Presse.)
On ne dirait pas il s'est fait haï, il s'est fait pris, il s'est fait eu, mais il s'est fait haïr, il s'est fait prendre, il s'est fait avoir. De même : il s'est fait piéger.
Par ailleurs, comme je l'ai expliqué déjà, le participe passé fait reste toujours invariable lorsqu'il précède immédiatement un infinitif :
... elle s'était fait piéger.
On écrirait toutefois :
Devant ses supérieurs, elle s'est faite soudainement mielleuse.
Line Gingras
Québec
« Les Justiciers masqués piègent Sarah Palin » : http://www.cyberpresse.ca/international/etats-unis/200811/01/01-35211-les-justiciers-masques-piegent-sarah-palin.php
01:35 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
04 novembre 2008
L'économie en générale
En générale ou en général; possible et l'indicatif ou le subjonctif; voit ou voie; grammaire française; orthographe.
- On pense évidement à la façon d'ordonner les marchés financiers et l'économie en générale après la spectaculaire débâcle des derniers mois. (Éric Desrosiers.)
Il ne s'agit pas ici de l'adjectif général, qui s'accorderait avec économie, mais de la locution invariable en général – qui s'oppose à en particulier, et non pas à en particulière... Évidemment.
* * * * *
- Une volumineuse étude de l'OCDE rappelait justement récemment que de pareilles inégalités...
Dans la mesure du possible, on évite de mettre deux adverbes en -ment l'un à côté de l'autre :
Une volumineuse étude de l'OCDE rappelait justement, il y a peu, que de pareilles inégalités...
* * * * *
- Il reste toujours possible [...] que ce soit finalement encore un républicain qui se voit confier les clés de la Maison-Blanche.
Possible appelle le subjonctif :
Il reste toujours possible que ce soit un républicain qui finisse premier.
Il reste toujours possible que ce soit un républicain qui soit élu.
Il reste toujours possible que ce soit un républicain qui se fasse confier les clés de la Maison-Blanche.
Il reste toujours possible [...] que ce soit finalement encore un républicain qui se voie confier les clés de la Maison-Blanche.
Voit : présent de l'indicatif.
Voie : présent du subjonctif.
(Consulter au besoin le Bescherelle.)
Line Gingras
Québec
« Perspectives - Barack, John, Joe... et les autres » : http://www.ledevoir.com/2008/11/03/213851.html
04:29 Publié dans Cultiver le doute, On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, orthographe, journalisme
03 novembre 2008
Toutefois...
- Toutefois, en France, c'est une autre histoire. La Nouvelle-France y est absente de tous les livres destinés aux écoliers. Toutefois, avec le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, bien des Français découvrent l'histoire qu'ils partagent avec l'Amérique. (Martine Letarte.)
Toutefois, en France, c'est une autre histoire. La Nouvelle-France y est absente de tous les livres destinés aux écoliers. Avec le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, cependant, bien des Français découvrent l'histoire qu'ils partagent avec l'Amérique.
Line Gingras
Québec
« Vu de Paris – Le 400e de Québec suscite l'intérêt en France » : http://www.ledevoir.com/2008/09/27/207749.html
06:06 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, journalisme, presse, médias
02 novembre 2008
Une puce obstinément française
Ensemble vocal André Martin; EVAM; Les jours s'en vont..., je demeure; chant choral; chansons a cappella; concert à l'église Notre-Dame-des-Victoires, Québec.
Ah! l'agaçante puce :
Quand mes yeux je pense livrer au sommeil,
Elle vient me piquer, me démange, et me point, et me garde de dormir.
Jean-Antoine de Baïf, à qui sont attribuées les paroles de cette chanson de Claude Le Jeune (Une puce), vivait au XVIe siècle; il s'exprimait en français, à l'évidence, même si nous avons parfois un tantinet de misère à comprendre certains des mots et des tournures qu'il emploie.
Par « nous », je veux dire la vingtaine de choristes composant cet automne l'Ensemble vocal André Martin, qui donnera dans trois semaines un concert où sera à l'honneur la chanson française a cappella, de Ronsard à Félix Leclerc.
Que fait donc au juste cette puce qui « me pique, me démange, et me point »? N'est-ce pas « pointe » qu'il faudrait lire? nous sommes-nous demandé un soir de répétition. Pointe, présent de l'indicatif du verbe pointer?
J'ouvre mon dictionnaire d'ancien français – où je trouve des arguments convaincants, oui, mais en faveur du verbe poindre. Sens 1 : piquer; sens 3 : éperonner; sens 8 : faire souffrir, incommoder.
Ainsi, les cruelles puces du temps jadis sont demeurées telles aujourd'hui : obsédantes ritournelles de nos amours elles nous tourmentent, sans répit. Mieux vaut en rire...
Peu importe le siècle auquel nous appartenons, francophones d'Europe ou d'Amérique, nous vivons d'eau et de lumière; de tendresse, de jeux et de folie; de joies et d'espoir; et quelquefois de regrets atrocement doux. Cette âme qui demeure, et que révèlent nos chansons, s'incarne dans notre langue commune.
Qu'ils s'appellent Charles d'Orléans, Pierre de Ronsard, Clément Marot, Guillaume Apollinaire, Félix Leclerc ou Sylvain Lelièvre, nos poètes disent qui nous sommes, notre façon d'être au monde; ils ont la voix de notre cœur. Si vous êtes à Québec le dimanche 23 novembre, venez les entendre.
Line Gingras
Les jours s'en vont..., je demeure
Chansons françaises, de Ronsard à Félix Leclerc
Ensemble vocal André Martin
Avec la participation de Richard Joubert (commentaires) et d'Alfred Marin (viole de gambe)
Église Notre-Dame-des-Victoires (Place Royale, Québec)
Dimanche 23 novembre 2008, 14 h
Entrée : 15 $
04:30 Publié dans Chant choral, Le billet du dimanche | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, chant choral, chanson française, québec
01 novembre 2008
Il
- S'il y a une constante dans l'autonomisme de M. Dumont, c'est plutôt dans son refus catégorique d'expliquer comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où il opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes. (Michel David.)
Cette phrase est confuse à la première lecture. Le premier il, impersonnel (s'il y a), ne pose pas de problème; mais si les deuxième et troisième désignent Mario Dumont, le quatrième (il opposerait) représente le gouvernement fédéral. Ce changement d'antécédent n'est pas souhaitable.
J'écrirais plutôt :
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où celui-ci opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où M. Harper opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où Ottawa opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
... comment il forcerait le gouvernement fédéral à négocier et ce qu'il ferait dans l'hypothèse hautement probable où l'on opposerait une fin de non-recevoir catégorique à ses demandes.
Line Gingras
Québec
« Mario et sa rossinante » : http://www.ledevoir.com/2008/10/25/212506.html
03:33 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse