Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22 octobre 2006

Tous pour un

Accord avec le sujet de la proposition principale; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord.

«"Confiant_ et compétent_ quand il_ gère__ un programme sans surprise, Harper et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens et leur boussole politique quand l'idéologie entre en collision avec le consensus général."» (Manon Cornellier citant James Travers, du Toronto Star.)

Monsieur Harper et ses conseillers perdent tous leurs moyens dans certaines circonstances, selon le journaliste du Toronto Star; dans d'autres circonstances, c'est-à-dire lorsqu'ils gèrent un programme sans surprise, ils se montrent confiants et compétents. La conjonction de coordination qui unit Harper et les quelques conseillers en qui il a confiance fait des deux sujets un tout indissociable : le pronom sujet de la proposition subordonnée (quand il gère un programme sans surprise) ne peut pas représenter un de ces sujets à l'exclusion de l'autre; les adjectifs confiant et compétent, épithètes détachées, se rapportent aux deux sujets coordonnés, et doivent se mettre au pluriel.

Pour que la première partie de la phrase s'applique uniquement à monsieur Harper, il faudrait la structurer de façon plus claire :

Harper est compétent et plein d'assurance quand il gère un programme sans surprise; cependant, lui et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens...

Harper est compétent et sûr de lui quand il gère un programme sans surprise; cependant, le premier ministre et les quelques conseillers en qui il a confiance perdent tous leurs moyens...

Line Gingras
Québec

«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html

21 octobre 2006

L'inspiration qu'il lui inspirera

«Ne serait-ce que pour l'inspiration qu'il lui inspirera, il devrait être le premier à souhaiter aujourd'hui la bienvenue à l'Assemblée nationale au chef péquiste.» (Bernard Descôteaux.)

S'il y a un jeu de mots, je ne l'ai pas saisi.

«Ces prochains mois, lui et son collègu_, ministre des Finance_, auront tout intérêt à repenser cette stratégie.»

Cette phrase n'a donc pas été relue?

Line Gingras
Québec

«Dernier droit» : http://www.ledevoir.com/2006/10/17/120601.html

20 octobre 2006

Exiger à quelqu'un

Exiger à, exiger de; exiger à ou de; exiger quelque chose à quelqu'un; exiger quelque chose de quelqu'un; grammaire française; syntaxe du français.

«... arrêtez d'exiger des "miracles" aux églises.» (Denis Beaudin, responsable du Mouvement Sauvons nos Églises.)

Le verbe exiger construit son complément second au moyen de la préposition de : on exige quelque chose de quelqu'un :

Celui qui exige beaucoup de lui-même se sent naturellement porté à beaucoup exiger d'autrui. (Gide, dans le Petit Robert.)

Exiger peut toutefois, dans bien des cas, être remplacé par réclamer, dont le complément second s'introduit souvent par la préposition à :

Elle réclame une indemnité à la compagnie. (Petit Robert.)

Dans la phrase qui nous occupe, on aurait pu écrire à mon avis :

... arrêtez de réclamer des «miracles» aux églises.
... arrêtez de demander des «miracles» aux églises.
... arrêtez d'exiger des «miracles» des églises.

La dernière formulation me paraît cependant moins heureuse, pour des raisons d'euphonie.

Line Gingras
Québec

«Lettres : Les églises frissonnent déjà» : http://www.ledevoir.com/2006/10/16/120507.html

19 octobre 2006

Une baisse draconienne

Draconien, draconienne; une baisse draconienne; usage.

«"Je ne pense pas que c'était le temps de faire ça parce que les entreprises souffrent actuellement" en raison de leurs exportations en dollars américains, qui ont connu une baisse draconienne, a-t-il* fait remarquer.» (Antoine Robitaille.)

Draconien se dit de ce qui est «d'une sévérité excessive, d'une rigueur extrême» (Trésor de la langue française informatisé). D'après ce que je vois dans les treize ouvrages consultés, cet adjectif s'applique à des mesures, des règlements, des lois, des réformes :

Les mesures n'étaient pas draconiennes et l'on semblait avoir beaucoup sacrifié au désir de ne pas inquiéter l'opinion publique. (Camus, dans le Lexis.)

Le journal est bridé, muselé par des lois draconiennes... (Goncourt, dans le Trésor.)

Si draconien soit-il, un règlement trouve toujours des accommodements. (Bazin, dans le Trésor.)

On peut donc parler, comme le propose le Colpron, de réductions draconiennes de crédits, mais il faut comprendre qu'il s'agit là de mesures budgétaires. La baisse draconienne des exportations dont il est question dans la phrase à l'étude me semble de nature différente : ce n'est pas une baisse que les entreprises ont décidée, planifiée, mais une baisse que l'on constate. L'idée de sévérité, de rigueur ne s'applique pas ici.

Il aurait mieux valu dire, à mon avis, que les exportations ont connu une baisse considérable, ou très importante.

Line Gingras
Québec

* François Legault, critique péquiste en matière de finances.

«Bouchard s'invite à la rentrée parlementaire» : http://www.ledevoir.com/2006/10/18/120712.html

18 octobre 2006

Accommoder les besoins

Accommoder les besoins; calque de l'anglais; archaïsme.

«... ceux qui, tel le candidat à la direction du PLC, Michael Ignatieff, "désirent un changement véritable au sein de la fédération canadienne [pour] accommoder les besoins particuliers du Québec".» (Antoine Robitaille citant Philippe Paquette, président du groupe Uni.ca.)

D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, accommoder s'emploie comme verbe transitif, dans la langue moderne, au sens de «préparer (des aliments) pour la consommation» (Petit Robert) :

Accommoder une salade. (Lexis.)

Le Trésor de la langue française informatisé donne pour vieillie son utilisation au sens de «traiter quelqu'un avantageusement» :

... si vous avez quelque chose de prêt, je crois que mon éditeur serait coulant et vous accommoderait. (Hugo.)

Des ouvrages canadiens - le Multidictionnaire, le Dagenais et le Colpron - signalent toutefois comme anglicisme un emploi pour le moins très voisin, au sens de «rendre service», «aider», «satisfaire»; plutôt que Je voudrais bien vous accommoder, on recommande de dire : Je voudrais bien vous rendre service ou vous être utile ou vous être agréable.

Il est certain qu'en anglais, to accommodate someone, to accommodate their needs sont des tours très vivants, que l'on évite de traduire de façon littérale. Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu écrire :

... [pour] répondre aux besoins particuliers du Québec.

Line Gingras
Québec

«Des fédéralistes prédisent qu'ils vont perdre le prochain référendum» : http://www.ledevoir.com/2006/09/28/119251.html
«Le Canada anglais refuse de comprendre» : http://www.uni.ca/editorials/englishcanada_f.php

17 octobre 2006

Quelque chose qu'ils n'ont pas faite

Quelque chose; locution; genre de quelque chose; grammaire française; orthographe d'accord.

«... "il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas faite : livrer la marchandise".» (Manon Cornellier citant Don Martin, chroniqueur du National Post.)

Il arrive que l'on doive considérer quelque chose comme deux mots distincts - un substantif féminin précédé d'un adjectif indéfini. D'après ce que je vois dans le Hanse-Blampain, ou bien l'expression est suivie immédiatement d'un adjectif épithète (qui pourrait toutefois être accompagné d'un adverbe), ou bien elle est placée devant une proposition relative dont le verbe est au subjonctif; dans ce dernier cas, le tour marque la concession («quelle que soit la chose que») :

Il y a toujours quelque chose urgente à faire.
Quelque chose que je lui aie dite, il s'obstine.

En général, cependant, quelque chose forme un tout, que j'appellerais avec Hanse et Blampain une locution pronominale indéfinie; l'expression est alors du masculin singulier, et c'est donc au masculin singulier que doit se mettre l'adjectif ou le participe qui s'y rapporte :

Quelque chose de gris, qu'on peut à peine appeler le jour, montait dans les vitres. (Bernanos, dans le Lexis.)

Quelque chose de beau, de bon, d'ennuyeux, d'urgent, d'étonnant, d'impressionnant, de bienveillant, de malheureux.

Il se rappelle quelque chose que j'ai dit. (Hanse-Blampain.)

Quelque chose me paraît obscur dans son explication. (Lexis.)

Dans la phrase à l'étude, il aurait fallu écrire :

... il doit maintenant faire quelque chose que les libéraux n'ont pas fait...

Line Gingras
Québec

«Revue de presse - Une bouffée d'air frais?» : http://www.ledevoir.com/2006/10/14/120436.html

16 octobre 2006

Polémiste et polémique

Un ton polémiste; un ton polémique; usage; paronymes.

«S'il est vrai que le ton est volontairement polémiste, le texte n'en est pas moins exempt "d'idées nauséabondes", contrairement à ce qu'affirme la Ligue des droits de l'homme.» (Serge Truffaut.)

Il faut se garder de confondre polémiste et polémique : si polémique peut être nom féminin ou adjectif, polémiste s'emploie toujours comme nom, d'après le Petit Robert (2007), le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé :

Cette journaliste est une redoutable polémiste. (Petit Robert.)

Jamais Barrès ni Péguy n'eussent admis d'être pris, même dans leurs écrits polémiques, pour de simples polémistes. (Benda, dans le Trésor.)

L'Encyclopédie le jette [Diderot] dans un travail de polémiste. (Cocteau, dans le Trésor.)

Article, attitude, critique, écrit, écrivain, langage, style, ton polémique. (Trésor.)

Line Gingras
Québec

«L'abject» : http://www.ledevoir.com/2006/10/16/120504.html