05 novembre 2006
Intriguant ou intrigant?
«Cela n'avait rien de surprenant de son vivant [il est question de Pierre Elliott Trudeau], lors du choix de John Turner ou de Jean Chrétien par exemple, mais six ans après son décès, cela devient intriguant.» (Michel Vastel.)
L'adjectif intrigant est admis comme québécisme, dans le Multidictionnaire, au sens de «mystérieux, bizarre». Marie-Éva de Villers signale qu'il faut le distinguer du participe présent intriguant :
Les employés intriguant pour être promus sont souvent déçus.
Line Gingras
Québec
«La "Trudeaustalgia"...» : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
02:15 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, blog de journaliste
04 novembre 2006
Attendons avant de s'alarmer
«Faut-il s'inquiéter de nouveaux délais et de coûts qui pourraient grimper en flèche? Attendons avant de s'alarmer.» (Bernard Descôteaux.)
Selon Grevisse (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 631 c, remarque 3 et paragraphe 746, remarque), l'emploi du pronom réfléchi de la troisième personne (se) devant un gérondif ou un infinitif, alors que le sujet implicite est de la première ou de la deuxième personne, relève surtout de la langue populaire, où il est assez fréquent :
Nous étions toujours à se disputer.
Il y a des journées où nous faisons un quart de lieue et en se donnant un mal de chien. (Flaubert.)
Colin émet un avis semblable, tandis que Girodet donne cette construction pour fautive. Il me paraîtrait souhaitable, dans un éditorial, d'adopter une langue soutenue :
Attendons avant de nous alarmer.
Line Gingras
Québec
«Encore le CHUM» : http://www.ledevoir.com/2006/11/04/122157.html
03:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
03 novembre 2006
Lui tint à peu près ce language
«Face aux gaffes de Michael Ignatieff et de John Kerry, on comprend presque pourquoi les politiciens se réfugient dans la langue de bois, le seul language connu sur terre qui permette à quelqu'un de ne rien dire tout en ayant l'air intelligent.» (Lise Ravary.)
On écrit language en anglais, mais langage en français.
Line Gingras
Québec
«Toute vérité n'est pas bonne à dire» : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
01:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, anglicisme, blog de journaliste
02 novembre 2006
Sans trop d'encombres
«Conséquemment, une modification a été apportée au mécanisme d'aide qui avait permis au Portugal ou à l'Irlande d'entrer dans l'Union sans trop d'encombres.» (Serge Truffaut.)
D'après ce que j'ai vu dans les onze ouvrages consultés, le nom encombre (de genre masculin, précise le Trésor de la langue française informatisé) ne se rencontre plus guère que dans la locution adverbiale sans encombre, où il est toujours au singulier :
Il venait de subir sans encombre son dernier examen. (Flaubert, dans le Petit Robert.)
J'atteignis sans encombre le plus haut étage du château. (France, dans le Lexis.)
Je suis très content que tout le monde soit rentré sans encombre. (Giono, dans le Colin.)
Le Trésor signale que la locution peut s'utiliser avec un adjectif :
Je suis arrivé ici hier au soir, sans autre encombre que d'avoir perdu mes clefs. (Mérimée.)
Cet emploi me semble proche de celui que l'on faisait du substantif dans la langue classique, et que l'on trouve, selon le Trésor, chez quelques auteurs du dix-neuvième et même du vingtième siècle :
Nous marchâmes [...] à travers les encombres de toutes sortes... (Fabre.)
La réunion s'acheva sans trop d'encombre. (Gide.)
Le tour sans trop d'encombre(s) ne me paraît donc pas à recommander, mais pas vraiment à condamner non plus. Dans la phrase à l'étude, on aurait pu le remplacer par sans trop de difficulté(s).
Line Gingras
Québec
«Fragile Hongrie» : http://www.ledevoir.com/2006/10/26/121303.html
04:43 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
01 novembre 2006
Plus en détails
«On espère pouvoir vous en parler plus en détails avec l'auteur à ce moment-là.» (Michel Bélair.)
La locution adverbiale en détail figure dans sept des onze ouvrages que j'ai consultés :
Expliquez-moi cela en détail. (Lexis.)
... et ce nous est, dès lors, un devoir impérieux de parler d'elle le plus au long et le plus en détail possible. (Verlaine, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je ne l'ai vue nulle part avec un s; le Colin et le Thomas précisent d'ailleurs qu'elle s'écrit toujours au singulier.
Line Gingras
Québec
«Théâtre - Wajdi est en ville!» : http://www.ledevoir.com/2006/10/31/121694.html
03:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
31 octobre 2006
Tribunaux d'applications et sujet fantôme
«... il ne devrait pas sortir avant 2021 à moins de bénéficier d’une suspension de peine prévue par la loi Kouchner et qui lui ont à ce jour toutes été refusées par les tribunaux d’applications des peines.» (S.A., de nouvelobs.com.)
Les tribunaux d'application des peines s'occupent, j'imagine, de l'application des peines; il paraît donc logique de laisser application au singulier. Une recherche Google confirme cet usage.
* * * * *
De toute évidence, le pronom relatif qui, sujet de ont été refusées, devrait avoir un antécédent pluriel; d'un autre côté, on ne peut sans doute pas bénéficier de plusieurs suspensions de peine à la fois. Je proposerais :
... il ne devrait pas sortir avant 2021, à moins de bénéficier d’une suspension de peine prévue par la loi Kouchner; à ce jour, toutes ses demandes ont été refusées par les tribunaux d’application des peines.
Line Gingras
Québec
«Le premier blog d'un détenu français» : http://permanent.nouvelobs.com/societe/20060220.OBS7300.h...
21:54 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
30 octobre 2006
«C'est... que» et l'attribut du complément d'objet direct
«Mais quand on y réfléchit bien, c'est entouré_ de leurs enfants et de leurs petits-enfants qu'on souhaiterait aussi voir les vieillards qui aujourd'hui n'ont plus qu'un animal de compagnie (quand cela leur est permis) pour causer de la vie et de ses angoisses.» (Denise Bombardier.)
La présence du tour c'est... que, servant à une mise en relief, ne doit pas nous tromper : l'adjectif entouré est attribut du complément d'objet direct. On souhaiterait voir les vieillards entourés de leurs enfants...
Vous n'êtes pas convaincu? Imaginons la même construction, mais avec des adjectifs dont la prononciation ferait sentir l'accord :
Cependant, c'est heureuses et bien portantes qu'on souhaiterait voir ces femmes qui ont tant travaillé pour élever leur famille.
Sans la mise en relief, par ailleurs parfaitement correcte, la phrase à l'étude se lirait comme suit :
Mais quand on y réfléchit bien, on souhaiterait aussi voir entourés de leurs enfants et de leurs petits-enfants les vieillards qui aujourd'hui n'ont plus...
Line Gingras
Québec
«Jeunes et seuls» : http://www.ledevoir.com/2006/10/28/121504.html
23:55 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe


