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24 décembre 2006

Le pluriel de grand-mère

Grand-mères ou grands-mères; grand-mère au pluriel; grammaire française; orthographe.

« La jeune femme a décidé de passer les fêtes de Noël auprès de sa famille après la mort récente de ses deux grand-mères, précise le journal. » (Agence France-Presse.)

« Pourquoi un père Noël lorsqu'on a quatre grands-pères, quatre grands-mères et leurs lignées respectives, ce qu'on pourrait qualifier de pactole familial. » (Denise Bombardier.)

Le Trésor de la langue française informatisé, à l'instar du Dictionnaire de l'Académie (j'ai vu la version informatisée de la neuvième édition), reçoit seulement le pluriel grand-mères :

Des histoires de grand-mères. (Académie.)

Je n'ai trouvé là que deux ou trois vieilles grand-mères. (Littré, dans le Trésor.)

C'est la plus fraîche des grand-mamans, encore blonde et déjà grassette. (Amiel, dans le Trésor.)

Le Multidictionnaire admet à la fois grands-mères et grand-mères.

Hanse et Blampain font observer qu'il serait logique d'écrire des grands-mères, « puisqu'on écrit : des grands-pères et que l'apostrophe est supprimée dans grand-mère ». Ils ajoutent : « On peut certes écrire des grand-mères, mais nous conseillons nettement des grands-mères, des grands-places, des grands-messes. »

Le Lexis et le Petit Robert font tous deux varier l'adjectif au pluriel :

Du temps de nos grands-mères.

J'opterais personnellement pour la graphie grands-mères

Line Gingras
Québec

« L'amie de cœur du prince Wiilliam [sic] décline une invitation royale » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPINSOLITE/612...

« Nostalgie » : http://www.ledevoir.com/2006/12/23/125778.html

23 décembre 2006

Suprêmatie

Suprêmatie ou suprématie; orthographe.

« Leur volonté de consacrer l’absolue suprêmatie de la culture américaine. » (Pierre Assouline.)

D'après le Petit Robert, le Lexis et le Multidictionnaire, on écrit suprême, et cependant suprématie :

Il détestait l'état d'esprit qui place l'homme sous la suprématie de l'infirmité féminine. (Montherlant.)

Line Gingras
Québec

« Wanted : "Blitcons" » : http://passouline.blog.lemonde.fr/2006/12/14/wanted-blitc...

22 décembre 2006

Plier bagages ou plier bagage?

Plier bagage ou plier bagages; orthographe.

« Mais voilà, si les Américains plient bagages... » (Serge Truffaut.)

Plier bagage est une locution figurée qui signifie « partir », selon le Petit Robert et le Multidictionnaire :

Les touristes plient bagage. (Petit Robert.)

D'après le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, il s'ajoute une idée de hâte, de fuite même. Les cinq ouvrages que j'ai consultés - à l'article « bagage » - consignent l'expression au singulier; le Trésor donne cependant, sans explications, un exemple où bagage est au pluriel :

Je prierai notre hôte de plier bagages et de déguerpir! (Bernstein.)

Ce dictionnaire signale aussi l'emploi de l'expression, dans la langue familière, au sens de « mourir » :

Je ne vais pas tarder à plier bagage. Faites-moi donc la grâce de me laisser mourir ici en paix. (Morand.)

On ne commettrait certes pas une faute grave en utilisant le pluriel. Mais je vous conseillerais quand même de suivre l'avis de Marie-Éva de Villers : « Dans cette expression, le nom s'écrit au singulier. »

Line Gingras
Québec

« La mise en garde » : http://www.ledevoir.com/2006/12/15/124961.html

21 décembre 2006

De bonne augure

De bon augure ou de bonne augure; masculin ou féminin; genre du nom augure.

« "... une augmentation des dépenses durant cette période est de bonne augure pour les commerçants", estime David Ades, premier vice-président de Solutions Moneris. » (PC.)

Marie-Éva de Villers attire l'attention sur le genre masculin du nom augure :

Ces résultats sont de bon augure, de mauvais augure. (Multidictionnaire.)

Un heureux augure. (Hanse et Blampain.)

Oiseau de bon, de mauvais augure. (Petit Robert.)

Le suintement rouge du ciel à l'horizon lui parut d'un si funèbre augure qu'il referma la croisée. (Barrès, dans le Petit Robert.)

Line Gingras
Québec

« En bref - Tchik-a-tchik » : http://www.ledevoir.com/2006/12/20/125452.html

20 décembre 2006

Un acre ou une acre?

Acre, masculin ou féminin; genre du nom acre.

« Hier, le premier ministre Stephen Harper a poursuivi l'œuvre correctrice entreprise par un précédent gouvernement conservateur en rétrocédant 11 000 acres de terres expropriés en 1969 par Pierre Elliott Trudeau dans le but de construire l'aéroport de Mirabel. » (Jean-Robert Sansfaçon.)

« Pour le maire de Mirabel, M. Hubert Meilleur, qui souhaitait récupérer 2000 des 11 000 acres rétrocédés pour agrandir son parc industriel... »

« Le gouvernement de Brian Mulroney avait rétrocédé, en 1985, 80 000 des 97 000 acres expropriés lors de la construction de l'aéroport de Mirabel, en 1969. » (Alec Castonguay.)

Le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire et le Trésor de la langue française informatisé donnent tous quatre le mot acre, désignant une mesure agraire, pour un nom féminin :

Mesure de superficie. Au Pays de Caux, on distingue : la « grande acre » [...] et la « petite acre »... (Mensire, dans le Trésor.)

Le Trésor cite également, il est vrai, un exemple de Mérimée où il semble que le substantif soit considéré comme masculin :

... six mille acres avaient été enclos de palissades, selon l'usage américain...

Aucune explication n'est fournie; peut-être un sujet masculin se trouve-t-il dans le bout de phrase qui nous manque. Quoi qu'il en soit, Dagenais fait observer que l'on doit « prendre garde que le mot acre est féminin » :

Un terrain d'une acre et demie.

Line Gingras
Québec

« 37 ans plus tard » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125325.html

« Mirabel : Harper rétrocède 11 000 acres de terre » : http://www.ledevoir.com/2006/12/19/125377.html

19 décembre 2006

Imposer son veto

Imposer son veto; opposer son veto; paronymes.

« En imposant son veto à une résolution libano-égyptienne... » (Christian Rioux.)

Quelques paragraphes plus bas :

« Selon Stephen Harper, si le Canada a opposé son veto... »

Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française que veto est un mot latin introduit en français en 1718. Selon le Multidictionnaire, il signifie « je m'oppose ». On le trouve dans l'expression mettre son veto à quelque chose (souvent une loi, une décision) :

Habitué à ce que mon père ne mît son veto à aucun de mes actes. (Radiguet, dans le Colin.)

On le rencontre aussi, mais cela semble beaucoup plus rare, dans mettre son veto sur, frapper de son veto :

Enjolras, malgré les murmures, mit son veto sur les quinze bouteilles, et afin que personne n'y touchât et qu'elles fussent comme sacrées, il les fit placer sous la table où gisait le père Mabeuf. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Vous pouvez donc l'inviter, j'autorise, mais je frappe de mon veto tous les autres noms que vous me proposez. (Proust, dans le Trésor.)

Le tour opposer son veto a déjà été condamné parce que pléonastique. Il est cependant devenu très courant; le Petit Robert, le Lexis et le Trésor l'admettent, au moins dans la langue familière. Même Colin et Girodet le tiennent pour correct :

Afin de donner sans retard aux peuples menacés un moyen d'opposer leur veto radical à la politique périlleuse des gouvernements. (Martin du Gard, dans le Lexis.)

Aux États-Unis [...] le Président peut opposer son veto à une loi adoptée par le Congrès... (Avril-Gicquel, dans le Trésor.)

Aucun des onze ouvrages consultés - à l'article « veto » - ne reçoit imposer son veto.

Line Gingras
Québec

« Sommet de la Francophonie - Harper provoque un coup de théâtre » : http://www.ledevoir.com/2006/09/30/119492.html

18 décembre 2006

Urger quelqu'un à...

Urger, verbe transitif ou intransitif; to urge someone to; grammaire française; syntaxe du français; calque.

« Elle aussi urge le premier ministre Harper à agir. » (Hugo de Grandpré.)

Selon le Petit Robert, le Lexis, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain et le Trésor de la langue française informatisé, urger, qui appartient au registre familier, est un verbe intransitif - il n'a donc jamais de complément d'objet direct. Le Trésor précise qu'il ne se rencontre qu'à la troisième personne, à la forme impersonnelle :

Ça urge! Appelez les pompiers! (Multidictionnaire.)

Rien n'urgeait. (Hanse-Blampain.)

Ce n'urge point avant samedi. (Jarry, dans le Petit Robert.)

C'est pas le moment de parler comme ça, ça urge l'histoire de la gosse. (Queneau.)

Mon vieux Jean [...] il urge (non, voyons!) il est urgent que je rompe avec Isabelle. (Larbaud.)

Dans la phrase à l'étude, nous avons affaire de toute évidence au calque de l'anglais to urge someone to do something; l'idée peut se rendre par engager, exhorter, inciter, encourager quelqu'un à faire quelque chose. (Voir le Meertens pour d'autres équivalents.)

Line Gingras
Québec

« Maher Arar "toujours dangereux" » : http://www.cyberpresse.ca/article/20061216/CPACTUALITES/6...