09 novembre 2006
Reprocher quelqu'un quelque chose
«Ce que M. Bouchard aurait davantage raison de reprocher M. Parizeau, c'est d'avoir autant tardé à lui céder les commandes en 1995.» (Michel David.)
On dit en anglais to reproach someone (for something); en français, toutefois, on reproche quelque chose à quelqu'un :
Pendant quatre ans, les combattants de «14» reprochèrent à ceux de 40 d'avoir perdu la guerre. (Sartre, dans le Petit Robert.)
... on ne doit pas battre un enfant, ni lui reprocher son père, qu'il n'a pas choisi. (France, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je reproche à Manet son élégance... (Green, dans le Trésor.)
Line Gingras
Québec
«Faits pour se détester» : http://www.ledevoir.com/2006/10/24/121175.html?338
03:00 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, anglicisme
08 novembre 2006
Un minorité en Amérique du nord
«Peut-on être contre la concertation des communautés francophones du Canada pour assurer la survie du français en Amérique du nord?» (Bernard Descôteaux.)
«... à titre de seul État francophone d'Amérique du nord.»
«... assumer sa responsabilité en tant que seul État francophone en Amérique du nord...»
Selon Marie-Éva de Villers, les points cardinaux «s'écrivent avec une majuscule initiale lorsqu'ils servent à désigner spécifiquement un lieu géographique» : l'Amérique du Nord.
Le guide du rédacteur et Le français au bureau confirment cet usage et donnent les exemples suivants : l'Afrique du Sud, l'Europe de l'Est, l'Europe de l'Ouest, l'Amérique du Nord.
* * * * *
«... les minorités francophones des autres provinces seront dès lors considérés comme des "canards boiteux", sans avenir.»
Sans doute les minorités comprennent-elles des hommes aussi bien que des femmes; il reste que minorité est un nom féminin, et que l'adjectif ou le participe passé qui s'y rapporte doit donc s'accorder au féminin :
... les minorités francophones des autres provinces seront dès lors considérées...
Line Gingras
Québec
«Une francophonie solidaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/08/122359.html
04:43 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe
07 novembre 2006
Les éléments d'une énumération
«Si le document est adopté, QS [Québec solidaire] prendra les engagement_ suivants lors de la prochaine campagne électorale :
- embauche...;
- augmentation progressive...;
- hausse graduellement des prestations d'aide sociale...;
- financement d'un chantier...;
- rendrait les médicaments gratuits pour les prestataires d'aide sociale;
- réduction progressive...;
- modification de la Charte...» (Antoine Robitaille.)
Tous les éléments de cette énumération, sauf un, ont pour noyau un substantif; il serait possible, et souhaitable, d'obtenir une présentation uniforme :
... gratuité des médicaments pour les prestataires d'aide sociale...
Je constate aussi que deux éléments ont pour noyau un substantif modifié par un adjectif - augmentation progressive, réduction progressive -, alors qu'un autre élément est centré sur un substantif modifié par un adverbe : hausse graduellement des prestations... En règle générale, cependant, l'adverbe ne modifie pas un nom, mais plutôt un verbe, un adjectif ou un autre adverbe; il faudrait donc écrire : ... hausse graduelle des prestations...
Line Gingras
Québec
«Nationalisations et taxes au programme de Québec solidaire» : http://www.ledevoir.com/2006/11/07/122316.html
04:45 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, syntaxe, journalisme, presse
06 novembre 2006
Craindre que + indicatif ou subjonctif?
«Et on craint que beaucoup d’électeurs qui s’identifient à la droite religieuse n’iront pas voter cette année, en partie à cause de sandales à caractère sexuel impliquant des républicains.» (Michel C. Auger.)
D'après le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, craindre que doit être suivi du subjonctif :
Et on craint que beaucoup d'électeurs [...] n'aillent pas voter cette année...
* * * * *
Ces «sandales» à caractère sexuel, c'est réservé aux piédérastes?
Line Gingras
Québec
«La dernière campagne de George W. Bush» : http://www.cyberpresse.ca/article/20061105/CPBLOGUES07/61...
01:35 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, coquilles, blog de journaliste
05 novembre 2006
Intriguant ou intrigant?
«Cela n'avait rien de surprenant de son vivant [il est question de Pierre Elliott Trudeau], lors du choix de John Turner ou de Jean Chrétien par exemple, mais six ans après son décès, cela devient intriguant.» (Michel Vastel.)
L'adjectif intrigant est admis comme québécisme, dans le Multidictionnaire, au sens de «mystérieux, bizarre». Marie-Éva de Villers signale qu'il faut le distinguer du participe présent intriguant :
Les employés intriguant pour être promus sont souvent déçus.
Line Gingras
Québec
«La "Trudeaustalgia"...» : http://forums.lactualite.com/advansis/?mod=for&act=di...
02:15 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, orthographe, blog de journaliste
04 novembre 2006
Attendons avant de s'alarmer
«Faut-il s'inquiéter de nouveaux délais et de coûts qui pourraient grimper en flèche? Attendons avant de s'alarmer.» (Bernard Descôteaux.)
Selon Grevisse (Le bon usage, douzième édition, paragraphe 631 c, remarque 3 et paragraphe 746, remarque), l'emploi du pronom réfléchi de la troisième personne (se) devant un gérondif ou un infinitif, alors que le sujet implicite est de la première ou de la deuxième personne, relève surtout de la langue populaire, où il est assez fréquent :
Nous étions toujours à se disputer.
Il y a des journées où nous faisons un quart de lieue et en se donnant un mal de chien. (Flaubert.)
Colin émet un avis semblable, tandis que Girodet donne cette construction pour fautive. Il me paraîtrait souhaitable, dans un éditorial, d'adopter une langue soutenue :
Attendons avant de nous alarmer.
Line Gingras
Québec
«Encore le CHUM» : http://www.ledevoir.com/2006/11/04/122157.html
03:13 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, grammaire, syntaxe, journalisme
03 novembre 2006
Lui tint à peu près ce language
«Face aux gaffes de Michael Ignatieff et de John Kerry, on comprend presque pourquoi les politiciens se réfugient dans la langue de bois, le seul language connu sur terre qui permette à quelqu'un de ne rien dire tout en ayant l'air intelligent.» (Lise Ravary.)
On écrit language en anglais, mais langage en français.
Line Gingras
Québec
«Toute vérité n'est pas bonne à dire» : http://forums.chatelaine.qc.ca/advansis/?mod=for&act=...
01:40 Publié dans On ne se relit jamais trop | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, anglicisme, blog de journaliste
02 novembre 2006
Sans trop d'encombres
«Conséquemment, une modification a été apportée au mécanisme d'aide qui avait permis au Portugal ou à l'Irlande d'entrer dans l'Union sans trop d'encombres.» (Serge Truffaut.)
D'après ce que j'ai vu dans les onze ouvrages consultés, le nom encombre (de genre masculin, précise le Trésor de la langue française informatisé) ne se rencontre plus guère que dans la locution adverbiale sans encombre, où il est toujours au singulier :
Il venait de subir sans encombre son dernier examen. (Flaubert, dans le Petit Robert.)
J'atteignis sans encombre le plus haut étage du château. (France, dans le Lexis.)
Je suis très content que tout le monde soit rentré sans encombre. (Giono, dans le Colin.)
Le Trésor signale que la locution peut s'utiliser avec un adjectif :
Je suis arrivé ici hier au soir, sans autre encombre que d'avoir perdu mes clefs. (Mérimée.)
Cet emploi me semble proche de celui que l'on faisait du substantif dans la langue classique, et que l'on trouve, selon le Trésor, chez quelques auteurs du dix-neuvième et même du vingtième siècle :
Nous marchâmes [...] à travers les encombres de toutes sortes... (Fabre.)
La réunion s'acheva sans trop d'encombre. (Gide.)
Le tour sans trop d'encombre(s) ne me paraît donc pas à recommander, mais pas vraiment à condamner non plus. Dans la phrase à l'étude, on aurait pu le remplacer par sans trop de difficulté(s).
Line Gingras
Québec
«Fragile Hongrie» : http://www.ledevoir.com/2006/10/26/121303.html
04:43 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse
01 novembre 2006
Plus en détails
«On espère pouvoir vous en parler plus en détails avec l'auteur à ce moment-là.» (Michel Bélair.)
La locution adverbiale en détail figure dans sept des onze ouvrages que j'ai consultés :
Expliquez-moi cela en détail. (Lexis.)
... et ce nous est, dès lors, un devoir impérieux de parler d'elle le plus au long et le plus en détail possible. (Verlaine, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
Je ne l'ai vue nulle part avec un s; le Colin et le Thomas précisent d'ailleurs qu'elle s'écrit toujours au singulier.
Line Gingras
Québec
«Théâtre - Wajdi est en ville!» : http://www.ledevoir.com/2006/10/31/121694.html
03:02 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : langue française, orthographe, journalisme, presse